I left France in 1988 after being victim of Masonic Judaic-Communist France and my own treacherous wife who sold my Windsor Hotel business and pocketed all the money!
Protected by the Corrupt Law Courts and lawyers, she would do the same some 7 years later in the United Kingdom of Jacob!
French Pr. Roger Garaudy, one of the greatest minds and Freedom Fighters of the XXth Century!
Protected by the Corrupt Law Courts and lawyers, she would do the same some 7 years later in the United Kingdom of Jacob!
French Pr. Roger Garaudy, one of the greatest minds and Freedom Fighters of the XXth Century!
J'aime la mort du même amour que la vie. Parce qu'elles ne font qu'un. La mort - j'entends la mort naturel...
La loi Fabius-Gayssot, loi raciste. Avant de discuter du texte de loi censé protéger sur le plan de la presse les victimes du crimecon...
"Faire un avec le tout" (Roger Garaudy)
"Vous devez être conscients que la paix n'est pas seulement l'absence de guerre mais un effort constant pour maintenir l'h...
I wasted my life trying at great personal cost and to my family to take the Message to Humans of this Earth, and they surely must have understood, but they never ACTED upon the Message (except talking or gossiping!) although I gave them many solutions to PRACTICALLY STOP the Zionists, Freemasons, and Illuminati that rule over us - and within hours, and which would have started a WORLDWIDE REVOLUTION by TOTAL BOYCOTT! Pr. Roger Garaudy suggested the same weapon!
COTTIER (Georges) , Chrétiens et Marxistes. Dialogue avec Roger Garaudy , Paris, Mame, 1967 par Henri Desroche . Archives de soci...
Hopeless Humanity with their Powerless God or Gods allowing RACISTS, ZIONISTS, AND SATANISTS to attack us in "Justice" for criticizing JUDEO-ZIONIST CRIMINALITY AND ISRAEL that STOLEN PALESTINIAN LAND - and to systematically call us RACISTS, HATERS and ANTISEMITES!!!
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LES AUTRES Moissons . Tapisserie. Jean Picart le Doux. 1944 Atelier Pinton, Felletin Les veilleurs ont un seul monde, qui leu... -
A la suite du passage au parti d'extrême-droite Rassemblement National de Marine Le Pen d'un élu de la Région AURA adhérent du Part...
Limpide dans la Noirceur du Siecle - Roger Garaudy - Le film en version complète
https://www.dailymotion.com/video/x18s221
Roger Garaudy s'explique, dans des documents d'archives et par quelques pages inspirées.
9 intellectuels engagés témoignent, dans le rude contexte de l'abolition de la liberté d'expression en France par la loi Fabius-Gayssot: Isabelle Coutant-Peyre, Ginette Skandrani, Isabel Pisano, Israel Shamir, Ali Menjour, Rachid Ben ait Issa, Michel Lelong, J-C Manifacier, Alain de Benoist.
Avec la participation de Moïse Rocher, Iris Lozère et Salvador Cap, le film montre la continuité des idéaux révolutionnaires, depuis 1792 jusqu'à notre époque.
Un hommage au penseur et au combattant
"Toujours à contre-nuit,
comme un pont de lumière
entre l'Europe et l'Orient."
"Fi Sabil al-Hak..." "Pour la vérité glorieuse..."
https://muhammad-ali-ben-marcus.blogspot.com/2019/08/lvo-2017-smain-bedrouni-fakhreddin.html
PR ROGER GARAUDY,
PHILOSOPHER, AUTHOR, FREEDOM FIGHTER, ONE OF FREE FRANCE GREATEST INTELLECTUALS AND HUMANISTS (REAL) AND UNIVERSALISTS (NOT GLOBALISTS!) OF MODERN TIMES.
May he rest in peace!
PR ROGER GARAUDY WINNER OF MUAMMAR AL GHADDAFI HUMAN RIGHTS PRIZE
S’il est un thème qui est au cœur du message transmis par les Prophètes (…), c’est bien celui de la justice : Dieu aime les justes. Il veut que soit établie ici-bas la justice. Il appelle les croyants à être attentifs à la liberté et au bonheur de chacun, en particulier de ceux et celles qui risquent d’être les plus oubliés, les plus rejetés, les plus écrasés par les épreuves de la vie ou par la méchanceté des hommes. Les Ecritures ne cessent de dénoncer ceux qui, tout en prétendant être de bons croyants, assidus au culte, écrasent le faible, et se détournent de l’innocent persécuté.
Cette insistance, constamment mise dans les Livres saints sur le lien qui existe - qui doit exister - entre foi en Dieu et recherche de la justice, constitue, j’en suis convaincu, le critère décisif de ce qui peut et doit être un véritable dialogue inter-religieux.
Ce dialogue (…) sera sans doute une des réalités majeures du XXIe siècle, compte tenu des relations qui existent désormais entre les continents et aussi des réveils spirituels qui, sous des formes diverses, apparaissent un peu partout dans le monde.
Il serait catastrophique qu’au nom de la « tolérance » on en vienne à accepter un vague « mondialisme religieux », fait de sentimentalisme plus ou moins « mystique », sans références doctrinales ni repères historiques. Mais il serait grave aussi que, sous prétexte de fidélité à leur foi et à leur communauté, des croyants en viennent à mépriser et dénigrer la tradition spirituelle des autres, sans même la connaître. Cela est arrivé souvent, dans les siècles passés, ce qui peut se comprendre en des temps où les relations entre les peuples et les cultures étaient bien différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui. Mais cela arrive encore à notre époque, ce qui est beaucoup moins excusable, car, si on le veut, on peut désormais s’informer sérieusement sur les grandes civilisations de l’humanité.
Autant que le syncrétisme réducteur, le prosélytisme - agressif ou sournois - est contraire au véritable esprit des Prophètes bibliques, de l’Evangile et du Coran, si du moins on ne se contente pas d’en faire une lecture superficielle. (…)
Deux exigences ici s’imposent, nullement contradictoires à mes yeux : approfondir sa propre fidélité et respecter celle de l’autre. (…) S’efforçant d’écouter avant de parler, cherchant à comprendre avant de juger, le croyant parviendra à situer sa propre foi en Dieu par rapport à celle des autres croyants. Il pourra voir alors où se trouvent les véritables divergences doctrinales entre Christianisme, Judaïsme et Islam, ainsi qu’entre ces trois monothéismes et les traditions spirituelles d’Afrique et d’Asie. Il découvrira aussi les convergences spirituelles et éthiques qui unissent, si profondément, tous ceux qui croient que Dieu est notre Créateur et qu’Il a parlé aux hommes par les Prophètes. Cette découverte conduira les croyants à chercher ensemble comment mieux répondre à l’appel de Dieu, et donc comment promouvoir ici-bas la justice, condition de la paix, non seulement au profit de leurs coreligionnaires, mais pour tout homme et pour tous les hommes, croyants ou non.
Pour le chrétien, le juif, le musulman, cet engagement dans « les affaires de ce monde » n’est pas facultatif. La foi qui n’agit pas n’est pas une foi sincère. Certes, le risque existe que l’engagement dans la cité conduise à faire de la religion une idéologie et à se servir abusivement du Nom de Dieu pour tenter de justifier l’injustifiable. L’histoire des peuples, mais aussi l’actualité en témoignent. Alors, les options politiques, les conditionnements culturels, les préjugés sociaux estompent et vont parfois jusqu’à détruire toute dimension d’intériorité, de prière personnelle, de rencontre avec Dieu. Cette tentation est redoutable. Mais il existe un autre péril : celui d’un « mysticisme désincarné », indifférent aux réalités de ce monde et aux drames de la vie. Pour ne prendre qu’un exemple, est-il sérieux et acceptable que des chrétiens, des juifs et des musulmans se réunissent en vue de « prier pour la paix à Jérusalem », s’ils restent silencieux - et donc complices de l’injustice - devant la façon dont est traité, depuis tant d’années, le peuple palestinien ?
Affronter les événements, informer en vérité, dénoncer les impostures, rappeler sans cesse qu’il ne sert à rien de parler de paix si l’on ne cherche pas à établir la justice, chercher enfin, au-delà des conflits, les voies de la réconciliation, telles sont les tâches que doivent s’efforcer d’accomplir ensemble tous les hommes de bonne volonté : « ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas », comme disait le poète. Mais « ceux qui croient au ciel » savent bien que, s’il doit venir « en ce monde », le Royaume de Dieu n’est pas « de ce monde ». Ils savent aussi que le plus dur combat, celui que menèrent les saints et les saintes, dans toutes les traditions religieuses, c’est le « combat spirituel », le « grand djihad », purification du cœur jamais achevée. Ce combat, le croyant est appelé à le vivre au plus profond de lui-même, pour être vraiment « libre », dans la lumière de Dieu.
Père Michel Lelong, "La vérité rend libre", Ed. F.-X. de Guibert, Paris, 1999.
[Texte proposé par Ahmed)
Lire aussi un texte du Père Lelong, qui fut un ami de Roger Garaudy, texte publié par la revue "A contre-nuit": http://rogergaraudy.blogspot.fr/2012/10/pour-un-dialogue-des-civilisations-par.html
Et également l'appel signé par le père Lelong et le pasteur Mathiot avec Roger Garaudy le 17 juin 1982 dans le journal "Le Monde": http://rogergaraudy.blogspot.fr/2012/06/un-article-du-monde-et-le-proces-qui.html
Je suis heureux que vous repreniez la mission de Christophe, qui est de relier entre elles les grandes forces de vie, saines et sincères. Et cette union n'est nulle part plus souhaitable qu'entre les forces religieuses de foi et d'amour agissant, et les forces de foi et d'action sociale. Romain Rolland, prix Nobel de Littérature 1915 , Lettre à Roger Garaudy, 1939
9 février 2017
Dieu aime les justes (Père Michel Lelong)
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Cette insistance, constamment mise dans les Livres saints sur le lien qui existe - qui doit exister - entre foi en Dieu et recherche de la justice, constitue, j’en suis convaincu, le critère décisif de ce qui peut et doit être un véritable dialogue inter-religieux.
Ce dialogue (…) sera sans doute une des réalités majeures du XXIe siècle, compte tenu des relations qui existent désormais entre les continents et aussi des réveils spirituels qui, sous des formes diverses, apparaissent un peu partout dans le monde.
Il serait catastrophique qu’au nom de la « tolérance » on en vienne à accepter un vague « mondialisme religieux », fait de sentimentalisme plus ou moins « mystique », sans références doctrinales ni repères historiques. Mais il serait grave aussi que, sous prétexte de fidélité à leur foi et à leur communauté, des croyants en viennent à mépriser et dénigrer la tradition spirituelle des autres, sans même la connaître. Cela est arrivé souvent, dans les siècles passés, ce qui peut se comprendre en des temps où les relations entre les peuples et les cultures étaient bien différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui. Mais cela arrive encore à notre époque, ce qui est beaucoup moins excusable, car, si on le veut, on peut désormais s’informer sérieusement sur les grandes civilisations de l’humanité.
Autant que le syncrétisme réducteur, le prosélytisme - agressif ou sournois - est contraire au véritable esprit des Prophètes bibliques, de l’Evangile et du Coran, si du moins on ne se contente pas d’en faire une lecture superficielle. (…)
Deux exigences ici s’imposent, nullement contradictoires à mes yeux : approfondir sa propre fidélité et respecter celle de l’autre. (…) S’efforçant d’écouter avant de parler, cherchant à comprendre avant de juger, le croyant parviendra à situer sa propre foi en Dieu par rapport à celle des autres croyants. Il pourra voir alors où se trouvent les véritables divergences doctrinales entre Christianisme, Judaïsme et Islam, ainsi qu’entre ces trois monothéismes et les traditions spirituelles d’Afrique et d’Asie. Il découvrira aussi les convergences spirituelles et éthiques qui unissent, si profondément, tous ceux qui croient que Dieu est notre Créateur et qu’Il a parlé aux hommes par les Prophètes. Cette découverte conduira les croyants à chercher ensemble comment mieux répondre à l’appel de Dieu, et donc comment promouvoir ici-bas la justice, condition de la paix, non seulement au profit de leurs coreligionnaires, mais pour tout homme et pour tous les hommes, croyants ou non.
Pour le chrétien, le juif, le musulman, cet engagement dans « les affaires de ce monde » n’est pas facultatif. La foi qui n’agit pas n’est pas une foi sincère. Certes, le risque existe que l’engagement dans la cité conduise à faire de la religion une idéologie et à se servir abusivement du Nom de Dieu pour tenter de justifier l’injustifiable. L’histoire des peuples, mais aussi l’actualité en témoignent. Alors, les options politiques, les conditionnements culturels, les préjugés sociaux estompent et vont parfois jusqu’à détruire toute dimension d’intériorité, de prière personnelle, de rencontre avec Dieu. Cette tentation est redoutable. Mais il existe un autre péril : celui d’un « mysticisme désincarné », indifférent aux réalités de ce monde et aux drames de la vie. Pour ne prendre qu’un exemple, est-il sérieux et acceptable que des chrétiens, des juifs et des musulmans se réunissent en vue de « prier pour la paix à Jérusalem », s’ils restent silencieux - et donc complices de l’injustice - devant la façon dont est traité, depuis tant d’années, le peuple palestinien ?
Affronter les événements, informer en vérité, dénoncer les impostures, rappeler sans cesse qu’il ne sert à rien de parler de paix si l’on ne cherche pas à établir la justice, chercher enfin, au-delà des conflits, les voies de la réconciliation, telles sont les tâches que doivent s’efforcer d’accomplir ensemble tous les hommes de bonne volonté : « ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas », comme disait le poète. Mais « ceux qui croient au ciel » savent bien que, s’il doit venir « en ce monde », le Royaume de Dieu n’est pas « de ce monde ». Ils savent aussi que le plus dur combat, celui que menèrent les saints et les saintes, dans toutes les traditions religieuses, c’est le « combat spirituel », le « grand djihad », purification du cœur jamais achevée. Ce combat, le croyant est appelé à le vivre au plus profond de lui-même, pour être vraiment « libre », dans la lumière de Dieu.
Père Michel Lelong, "La vérité rend libre", Ed. F.-X. de Guibert, Paris, 1999.
[Texte proposé par Ahmed)
Lire aussi un texte du Père Lelong, qui fut un ami de Roger Garaudy, texte publié par la revue "A contre-nuit": http://rogergaraudy.blogspot.fr/2012/10/pour-un-dialogue-des-civilisations-par.html
Et également l'appel signé par le père Lelong et le pasteur Mathiot avec Roger Garaudy le 17 juin 1982 dans le journal "Le Monde": http://rogergaraudy.blogspot.fr/2012/06/un-article-du-monde-et-le-proces-qui.html
HE PASSED ON IN JUNE 2012 AT 98.
Roger Garaudy, a communist and darling of French intellectual society until he denied that the Nazis used gas chambers to kill Jews during World War II, has died aged 98, officials said Friday.
Garaudy was fined 120,000 francs (18,000 dollars) by a Paris court in 1998 for his anti-Zionist work "The Founding Myths of Israeli Politics".
The court found that his account had distorted the wartime deaths of an estimated six million Jews.
He died on Wednesday in the Paris suburb of Chennevieres, local officials said.
Garaudy, who converted to Protestantism, Catholicism and finally Islam, joined the French resistance and was held in Algeria as a prisoner of war of France's collaborationist Vichy regime.
He joined the French Communist Party after the war, was elected to the French parliament and became a member of the Senate.
But he was expelled from the Communist Party in 1970 after he criticised the 1968 Soviet invasion of Czechoslovakia, although he had defended the Soviet intervention in Hungary 12 years earlier.
A big man with glasses as thick as his southern French accent, Garaudy was for years seen as someone who symbolised the "dialogue of civilisations."
"My greatest pride is to have remained faithful to my dream as a 20 year old, the unity of the three religions, Christianity, Judaism and Islam," he said.
The author of around 70 books, Garaudy described himself as a Don Quixote fighting the windmills of capitalism.
Within the Communist Party hierarchy he was known as "the Cardinal" both for his sense of authority and his attraction towards the Church.
He was for years the darling of the French media and intellectual milieu for his philosophical work and his political courage.
But that ended with his conversion to Islam in 1982 and subsequent criticism of Zionism, which turned him into a pariah.
In 2002, he won the then Libyan leader Moamer Kadhafi's human rights prize.
Source: AFP
Le même texte en fichier texte (word) à http://rogergaraudy.blogspot.fr/2013/07/larticle-du-monde-de-1982-et-le.html
Published on 15 Jun 2012
Roger Garaudy est mort ce mercredi 13 juin à 8h 30 à son domicile de Chennevières. Un hommage lui sera rendu lundi 18 juin à 15h au crématorium de Champigny-sur-Marne.
J'aime la mort du même amour que la vie. Parce qu'elles ne font qu'un. La mort - j'entends la mort naturelle, après une longue vie de travail et d'amour - n'est pas une limite, une négation de la vie. Elle donne, au contraire, à la vie sa signification la plus haute. Ma propre mort est un rappel constant que mon projet n'est pas un projet individuel. Je ne suis un homme que si je participe à un projet qui me dépasse...
Ce contre quoi nous avons à lutter, c'est contre la mort prématurée d'êtres jeunes, pleins de possibles. cela, pour une large part, dépend de nos luttes pour un ordre social sans guerre, sans misère, et pour une organisation humaine de la société. Mais la mort d'un vieillard, ma propre mort, au terme de ma tâche d'homme, n'est nullement une malédiction. cette mort n'est que l'horizon dernier de la vieillesse : au fur et à mesure que je vieillis, l'éventail de mes possibles se referme, le champ de mes projets se rétrécit, je participe de moins en moins à la création. Ma mort est, dans ce mouvement, un passage à la limite...
Tout ce que j'ai pu créer, par mon travail, ma pensée, mon amour, s'est inscrit et pour toujours dans la création continuée de l'homme par l'homme. A partir du moment où cette participation à la création est brisée j'ai cessé d'être un vivant, même si une technique médicale absurdement devenue une fin en soi me maintient pour un temps encore dans un état végétatif.
Roger Garaudy Parole d'homme, Editeur Robert Laffont, 1975
http://www.egaliteetreconciliation.fr
http://partilibre.blogspot.fr/
J'aime la mort du même amour que la vie. Parce qu'elles ne font qu'un. La mort - j'entends la mort naturelle, après une longue vie de travail et d'amour - n'est pas une limite, une négation de la vie. Elle donne, au contraire, à la vie sa signification la plus haute. Ma propre mort est un rappel constant que mon projet n'est pas un projet individuel. Je ne suis un homme que si je participe à un projet qui me dépasse...
Ce contre quoi nous avons à lutter, c'est contre la mort prématurée d'êtres jeunes, pleins de possibles. cela, pour une large part, dépend de nos luttes pour un ordre social sans guerre, sans misère, et pour une organisation humaine de la société. Mais la mort d'un vieillard, ma propre mort, au terme de ma tâche d'homme, n'est nullement une malédiction. cette mort n'est que l'horizon dernier de la vieillesse : au fur et à mesure que je vieillis, l'éventail de mes possibles se referme, le champ de mes projets se rétrécit, je participe de moins en moins à la création. Ma mort est, dans ce mouvement, un passage à la limite...
Tout ce que j'ai pu créer, par mon travail, ma pensée, mon amour, s'est inscrit et pour toujours dans la création continuée de l'homme par l'homme. A partir du moment où cette participation à la création est brisée j'ai cessé d'être un vivant, même si une technique médicale absurdement devenue une fin en soi me maintient pour un temps encore dans un état végétatif.
Roger Garaudy Parole d'homme, Editeur Robert Laffont, 1975
http://www.egaliteetreconciliation.fr
http://partilibre.blogspot.fr/
7 juin 2012
Un article du "Monde" et le procès qui s'en suivit (1982)
Le même texte en fichier texte (word) à http://rogergaraudy.blogspot.fr/2013/07/larticle-du-monde-de-1982-et-le.html
Sur le Pasteur Etienne Mathiot: voir notamment http://sem.montbeliard.pagesperso-orange.fr/publicat/bulletin/MathiotCroissantWeb.pdf
Sur le Père Michel Lelong, voir: http://peres-blancs.cef.fr/michellelong.htm13 juillet 2013
L'article du "Monde" de 1982 et le jugement de 1987
Après les massacres du Liban
le sens de l'agression israélienne
( a r t i c l e publié d a n s " L e M o n d e " d u 1 7 j u i n 1 9 8 2 ) e t c o n t r e
l e q u e l l a " L I C R A " p o r t a p l a i n t e en j u s t i c e c o n t r e l e
D i r e c t e u r d u j o u r n a l Jacques F a u v e t , e t les a u t e u r s de
l ' a r t i c l e )
La nouvelle agression d'Israël : l'invasion du Liban, n'est qu'une étape dans la
logique de la politique sioniste depuis trente-quatre ans, dont le but clairement
défini est l'expulsion ou la suppression du peuple palestinien et la création de
ce que Ben Gourion appelait le "Troisième Royaume de David", le "Grand
Israël", du Nil à l'Euphrate. Alors que l'O.L.P. n'a pas pour objectif de "jeter à la
mer" le Peuple israélien, mais de mettre fin aux usurpations de l'Etat israélien.
La sécurité d'Israël n'est qu'un prétexte ; la volonté de conquête dénoncée par
le général de Gaulle en 1967 est la réalité.
Qu'il s'agisse d'un prétexte est évident lorsque, même devant le plan de paix
fort modéré du prince Fahd, Begin déclare "Israël rejettera le plan Fahd même
si l'Arabie Séoudite reconnaissait l'existence d'Israël."
Le but : l'expansion sans fin
La réalité des visées expansionnistes est évidente lorsque le numéro deux
israélien, le général Sharon, ministre de la guerre, proclame, en décembre
1981 : "Dans les années qui viennent la sphère des intérêts stratégiques d'Israël
ne s'étend pas seulement aux pays arabes de la Méditerranée, mais à tout le
Proche-Orient et elle doit s'étendre à l'Iran, au Pakistan, au Golfe, à l'Afrique et
à la Turquie.»
La logique du sionisme est la guerre permanente. S'il atteignait pleinement son
objectif : amener en Palestine tous les "Juifs" du monde (douze millions), il
vouerait Israël à une lutte permanente pour "l'espace vital". Le sionisme
réaliserait le rêve des pires antisémites, de Drumont à Hitler : enfermer tous les
"Juifs*' dans un ghetto mondial. L'antisémitisme et le sionisme son ainsi frères
jumeaux : même définition raciste du "Juif, même objectif de ghetto, et même
inévitable résultat : par cette volonté de rupture avec les nations et la politique
d'expansion et d'annexion qu'implique un prétendu "retour", soulever
finalement la haine de l'opinion mondiale.
Cette politique sioniste de l'Etat d'Israël a conduit déjà à la spoliation de la
terre des Palestiniens, à la destruction de centaines de villages, à l'expulsion par
la terreur, à la répression de centaines de milliers de Palestiniens d'un territoire
qui comptait, au début du siècle, 500 000 Palestiniens, dont 25 000 israélites, et
à chasser de Jérusalem la plupart de ses chrétiens. Ben Gourion, dans sa
préface à 1' "Histoire de la Haganah", publiée par l'organisation sioniste
mondiale, écrit : "Dans notre pays, il n'y a de place que pour des Juifs. Nous
dirons aux Arabes : Poussez-vous, et, s'ils résistent, nous les pousserons par la
force." Le 18 juillet 1948, au comte Bernadotte, venu demander de laisser
rentrer les Palestiniens dans leurs pays, Ben Gourion répondait : "Nous devons
tout faire pour qu'ils ne reviennent jamais." Pour avoir tenté de faire prévaloir
la justice contre ce racisme, le comte Bernadotte, à la veille de déposer son
plan de médiation, fut assassiné par les terroristes israéliens à Jérusalem, le 17
septembre 1948.
Les moyens : le terrorisme d'Etat
Les objectifs du sionisme furent invariablement poursuivis par les dirigeants
israéliens avec les moyens du terrorisme.
I - Massacres : depuis Deir Yassin, l'Oradour Palestinien, commandé par Begin,
chef de l'Irgoun, ou 254 personnes, femmes, enfants, vieillards, furent
massacrés pour contraindre, par la terreur, les populations palestiniennes à
l'exil, jusqu'aux enfants de Cisjordanie, jetant des pierres aux troupes
d'occupation, et froidement abattus par balles à bout portant, en avril 1982.
II - Assassinat des dirigeants de la résistance palestinienne à l'étranger par les
services du Mossad (Service secret israélien) ordonné par Golda Meir en 1972.
Ainsi fut abattu parmi tant d'autres le représentant de l'O.L.P. : Waël Zouaiter à
Rome, le 16 octobre 1972. Golda Meir déclarait alors à la Knesset : "Tout ce que
je puis dire c'est que les balles ont vraiment atteint leur cible." La cour d'assises
de Rome, dans son verdict de novembre 1981, conclut : "Ce crime est le fait
d'une politique préméditée... conduite... par une organisation appartenant à
l'Etat d'Israël." Ce n'est qu'un cas suivi de tant d'autres.
Begin peut se vanter d'être au monde l'un des terroristes qui a tué le plus
d'êtres humains depuis le temps ou il faisait sauter l'état-major anglais à l'Hôtel
du Roi David, à Jérusalem, le 22 juillet 1946, faisant 200 tués et blessés, depuis
son massacre de Deir Yassin le 9 avril 1948 jusqu'à ses attentats, le 2 juin 1980,
contre les maires de Cisjordanie : Karin Khalaf, maire de Ramallah, et Basan
Chakaa, maire de Naplouse, qui dut être amputé des deux jambes, et les
fusillades d'enfants de Cisjordanie en avril 1982. Il est vrai que, de Ben Gourion
en 1954 à Golda Meir en 1972 et à Shimon Pères, chef de "l'opposition
travailliste" se solidarisant avec l'invasion de Liban en 1982, la même politique
de force est mise en oeuvre par tous les dirigeants israéliens.
L'on peut mesurer la valeur du prétexte "représailles contre le terrorisme"
invoqué pour justifier l'invasion du Liban, alors que l'agression était
minutieusement préparée depuis des mois.
Dans l'attentat contre l'ambassadeur d'Israël en Angleterre, non seulement :
aucune preuve ne permet d'attribuer le crime à l'O.L.P., mais celui qui le
revendique, Abou Nidal, est celui-là même qui projetait d'assassiner Yasser
Arafat.
Ajoutons à ceci un terrorisme à l'égard des "Juifs" eux-mêmes. Les dirigeants
israéliens n'ont pas hésité, en 1950, à multiplier les attentats en Irak contre les
juifs, et même à lancer une grenade dans la synagogue Shem-Tov à Bagdad,
tuant trois personnes et en blessant des dizaines pour convaincre les "Juifs"
qu'en danger en Irak ils devaient émigrer en Israël, comme en témoigne le
quotidien israélien Yedi'oth A h a r o n o t h du 8 novembre 1977.
III - Guerres préventives. Qu'il s'agisse de la "guerre des six jours" où, à la
manière des fascistes japonais, détruisant à Pearl Harbour la flotte américaine
sans déclaration de guerre, l'armée israélienne, sans déclaration de guerre,
détruisit au sol l'aviation égyptienne, au bombardement, en plaine paix, de la
centrale expérimentale irakienne de Tamouz, ou des bombardements de
Beyrouth et de l'invasion du Liban.
IV - Annexion enfin de Jérusalem et du Golan syrien, comme Hitler annexait les
Sudètes. Les Européens acceptent le fait accompli. A Munich cela a conduit à
l'invasion de la France comme Camp David à l'annexion de Jérusalem et du
Golan et à l'invasion du Liban. Les dirigeants de l'Europe occidentale, dans leur
servilité à l'égard de Reagan, à l'exception de la Grèce et de l'Autriche, se font
complices de ce nouveau crime contre la paix.
Le financement d'Israël
Car Israël ne pourrait se livrer à aucune agression sans l'appui inconditionnel et
illimité des Etats-Unis. Dès les premières années de sa création, Israël a eu pour
moins de deux millions d'habitants, selon l'aveu même du sioniste Sapir (The
Israël E c o n o m i s t , de septembre 1967) plus de la moitié de ce qu'ont reçu deux
cents millions d'Européens au titre du plan Marshall : 7 milliards de dollars,
c'est-à-dire, à cette époque, plus que le revenu national de l'ensemble des pays
arabes limitrophes (Egypte, Jordanie, Liban et Syrie). Dans les années qui
suivirent, l'Etat d'Israël a eu, pour trois millions d'habitants, plus d'aide
financière que trois cents millions d'habitants du tiers-monde. La seule
assistance américaine actuelle se monte à 3 milliards de dollars, dont les deux
tiers affectés à l'armement (sans parler des collectes mondiales du réseau
sioniste, c'est-à-dire plus de 1 milliard de dollars par an pour la seule
organisation américaine). L'assistance extérieure dépasse le revenu national
israélien.
Ce déferlement d'aide financière extérieure explique le prétendu "miracle
israélien" faisant "fleurir les déserts". Ceci d'ailleurs est pure propagande car
l'Etat d'Israël n'est nullement arrivé dans un désert. La Palestine, lorsqu'elle
était peuplée de cinq cent mille Palestiniens, dont vingt-cinq mille israélites
seulement, était largement exportatrice, surtout de fruits.
Cette assistance financière et militaire gigantesque explique aussi les
prétendues "prouesses militaires" d'Israël, gorgé des armements les plus
sophistiqués des Etats-Unis, qui ont ainsi un mercenaire exceptionnel pour
dominer le Proche-Orient, du Nil au Golfe pétrolier et à l'Euphrate, et du
Caucase aux Dardanelles. L'on ne saurait imaginer plus parfaite concordance
entre les visées dominatrices des Etats-Unis et l'expansion israélienne, qui
constituent un bloc unique.
La même profusion financière explique l'extraordinaire hégémonie du lobby
sioniste sur l'ensemble des médias dans le monde, de la presse à la télévision,
du cinéma à l'édition. Le général de Gaulle, en 1969 déjà, dénonçait cette
"influence excessive".
Cette maîtrise de l'information et de la propagande israélienne et sioniste à
l'échelle mondiale assure un redoutable conditionnement de l'opinion jusqu'à
faire accepter l'inacceptable : Israël viole une résolution de l'O.N.U., le veto
américain paralyse toute velléité de sanction contre l'agresseur.
L'argument de l'holocauste
L'on exploite ainsi sans vergogne la mauvaise conscience des Européens à qui
l'on fait croire, selon la plus pure tradition colonialiste, que l'on doit expier
indéfiniment les crimes d'Hitler aux dépens des Arabes. Nahum Goldman,
l'ancien dirigeant du mouvement sioniste, et président-fondateur du Congrès
juif mondial, dans son message de Nouvel An 1982 à la communauté juive,
mettait sagement en garde Israël : "Invoquer l'Holocauste pour excuser les
bombardements du Liban, comme le fait M. Begin, est une profanation du mot
et une banalisation de la réalité de cet holocauste, qui ne saurait en aucun cas
justifier des actions politiquement et moralement indéfendables."
L'argument historico-biblique
Le deuxième argument consiste à revendiquer, au mépris des droits de
l'homme, un "droit divin" de propriété sur la Palestine au nom des thèmes
bibliques de l'Alliance, de la Terre Promise, et du Peuple Elu. Moshe Dayan
disait clairement en août 1967 : "Si l'on possède le livre de la Bible et si l'on se
considère comme étant le peuple de la Bible, on devrait posséder également
les terres bibliques." Dans cette perspective s'inscrivent aujourd'hui les
agressions et les annexions successives de Menahem Begin.
La mythologie sioniste réduit ainsi la vision biblique à une religion tribale,
étroitement nationaliste et chauvine, au service de la politique d'agression
d'Israël.
Il est significatif que les sionistes ne se réfèrent pas au grandiose prophétisme
d'Amos, d'Ezéchiel, ou d'Isaïe, ouvrant la voie à l'universalisme, mais aux seuls
textes prônant la conquête de Canaan et l'extermination sacrée.
Il serait étrange de prendre à la lettre les textes concernant la promesse et de
ne pas retenir tous les autres, y compris ceux qui en découlent, sur les moyens
d'accomplir la promesse, fût-ce par la spoliation et le massacre. Cette logique
est implacable.
Les dirigeants sionistes israéliens en ont parfaitement conscience :
l'appropriation de la Terre Promise se légitime par tous les moyens. Dans cet
esprit sont dressés, dès l'école, les jeunes israéliens. Lorsque le psychologue
Tamarin, de l'Université de Tel-Aviv, fit circuler dans les écoles 1.066
formulaires rappelant l'extermination des populations de Megiddo et de
Jéricho racontée dans la Bible au Livre de Josué, de 66 à 95 % des écoliers et
écolières, suivant les établissements, répondirent que Josué avait bien fait
d'exterminer tous les habitants, ajoutant qu'il était bon d'agir avec les Arabes
comme Josué avec les Cananéens. Pour avoir ainsi démasqué le visage de sa
société, le professeur Tamarin fut chassé de son poste à l'Université.
Le racisme
Toujours selon la même logique, si l'on veut prendre à la lettre, comme
authentiques et impératifs, les textes de la promesse, il n'y a aucune raison de
ne pas accepter avec eux les stipulations concernant la pureté de la race du
"peuple élu", bénéficiaire de la promesse de la terre et de la bénédiction de la
descendance, c'est-à-dire celles d'Esdras et de Néhémie disant : "Lorsqu'ils
eurent entendu cette loi, ils séparèrent d'Israël tout homme de sang mélangé."
Le législateur nazi des lois de sang de Nuremberg écrivait dans son préambule :
"Le modèle qui s'est tenu devant mes yeux tout au long de la rédaction de ces
décrets est celui des lois d'Esdras et de Néhémie, les premières lois jamais
édictées pour la protection de la pureté raciale."
Haïm Cohen, qui fut juge à la Cour suprême d'Israël, constate : "L'amère ironie
du sort a voulu que les mêmes thèses biologiques et racistes propagées par les
nazis et qui ont inspiré les infamantes lois de Nuremberg, servent de base à la
définition de la Judaïcité au sein de l'Etat d'Israël." (voir Joseph Badi :
F u n d a m e n t a l Laws of the State of Israël. N. York, i960, P. 156). Est en effet
considéré comme Juif, à Tel Aviv comme à Nuremberg, quiconque est né d'une
mère Juive.
La postérité d'Abraham est ainsi définie, d'une manière raciste, non par la
communauté de la foi, mais par la continuité du sang.
Comment des chrétiens peuvent-ils accepter sous prétexte de reconnaître la
validité de la promesse, la logique sanglante de ses conséquences ? Comment
peuvent-ils isoler la promesse tribale de la terre à des nomades en voie de
sédentarisation (promesse et alliance que l'on retrouve, à la même étape de
leur histoire, chez tous les peuples et tous les dieux du Moyen-Orient,
Sumériens ou Hittites) de l'ensemble biblique plus vaste où la promesse
s'accomplit, non plus sous une forme tribale et nationaliste, mais universaliste :
la "terre sainte", c'est le monde entier où se joue le mystère du salut, et où il
n'y a plus des élus et des exclus, "il n'y a plus ni Grecs, ni Juifs."
Nous savons assez , et plus encore depuis Hitler, ce que coûtent à l'humanité
les prétentions d'un "peuple élu". En 1972, Vorster le premier ministre sudafricain,
célèbre par le racisme sauvage de l'apartheid, proclame lui aussi, dans
l'esprit du plus archaïque colonialisme : "N'oublions pas que nous sommes le
peuple de Dieu, investi d'une mission."
L'argumentation pseudo-biblique est d'autant plus inacceptable que la plupart
des Israéliens et des sionistes qui en abusent ne sont pas des croyants. La
"Terre de la promesse" est donc pour eux un slogan de propagande chauvine
et non un acte de foi.
Ceci nous donne un critère infaillible pour ne pas confondre, à la manière des
antisémites, sous le nom de "Juif, le judaïsme, le sionisme et l'Etat d'Israël.
Si nous écartons l'absurdité biologique et historique de la notion de race, il
devient clair qu'un Juif est un homme qui a foi dans l'une des plus hautes et
des plus respectables religions, alors qu'un sioniste est un nationaliste
aujourd'hui solidaire des agressions de l'Etat d'Israël. Notre condamnation du
sionisme est inséparable de notre lutte contre l'antisémitisme.
Nous ne pouvons donc céder au chantage et au terrorisme intellectuel d'un
groupe de pression tout-puissant en Occident, traitant d'antisémite et
d'héritier des nazis quiconque n'accepte pas la politique d'Israël.
A des chrétiens trompés par cette manipulation idéologique, il importe de
redire et de souligner que, précisément parce que le problème de la Palestine
n'est pas un problème théologique mais un problème politique, il est
nécessaire de dénoncer l'imposture de ce travestissement religieux d'un
problème politique et d'une politique colonialiste et raciste d'appui aux
revendications territoriales de l'Etat d'Israël au nom de la mythologie sioniste.
Que faire ?
De ce résumé très sommaire d'un dossier écrasant, et jusqu'ici étouffé au
niveau des médias de masse par le réseau sioniste, l'on peut esquisser les
conclusions suivantes :
1° Juridiquement, l'Etat d'Israël n'a été admis comme membre de l'O.N.U. qu'à
deux conditions : respecter les frontières fixées en 1949 et respecter le statut
de Jérusalem. Ces deux clauses n'ont cessé d'être violées. Israël n'a donc pas sa
place dans une organisation internationale dont il méprise et viole
systématiquement les décisions depuis un quart de siècle.
2° Nous ne demandons pas de poursuivre l'escalade de la violence et de la
guerre dont Israël donne l'exemple . L'objectif ne sera atteint ni par des
représailles, ni par des guerres de revanche mais par un boycott vigoureux : ne
rien acheter ni vendre à Israël jusqu'à ce que les dirigeants israéliens
reconnaissant l'O.L.P. comme interlocuteur pour créer un Etat palestinien
totalement indépendant qui pourrait vivre en coexistence fraternelle avec des
Israéliens débarrassés de la malédiction sioniste.
Le général de Gaulle donna un remarquable exemple lorsque, après avoir mis
en garde Israël contre une éventuelle agression, le 2 juin 1967, la France ne se
contenta pas de protester contre la guerre de six jours mais mit l'embargo sur
tout matériel destiné à Israël.
Les gouvernements socialistes grec et autrichien ont suivi la même voie.
Qu'attend le gouvernement français pour en faire autant ?
Exiger que l'Etat d'Israël accepte enfin de se conformer aux décisions des
Nations unies et que les Etats-Unis cessent d'opposer leur veto aux décisions
de la communauté internationale.
Roger Garaudy,
Le Père Michel Lelong,
Le pasteur Etienne Mathiot.
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Arrêt ( i n e x t e n s o ) d e l a C o u r d e C a s s a t i o n c o n f i r m a n t les
j u g e m e n t s d u T r i b u n a l d e G r a n d e I n s t a n c e e t d e l a C o u r d ' A p p e l,
e t c o n d a m n a n t l a " L I C R A " , a t t e n d u "q u ' i l s ' a g i t de l a
c r i t i q u e l i c i t e de l a p o l i t i q u e q u i s e r a i t pratiquée p a r u n
E t a t , de l'idéologie q u i l ' i n s p i r e , e t n o n de p r o v o c a t i o n
r a c i a l e " .
N°84-90.888 C.S 4Novembre 1987
M. BERTHIAU conseiller doyen faisant fonction de président,
REPUBLIQUE FRANÇAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE, en son audience publique,
tenue au Palais de Justice, à PARIS, le quatre novembre mil neuf cent quatre
vingt sept, a rendu l'arrêt suivant :
Sur le rapport de M. le conseiller DARDEL, les observations de Me CHOUCROY,
de la société civile professionnelle Philippe et Claire WAQUET et de Me
FOUSSARD, avocats en la Cour, et les conclusions de M. l'avocat général
CLERGET;
Statuant sur le pourvoi formé par :
• LA LIGUE INTERNATIONALE CONTRE LE RACISME ET
L'ANTISEMITISME (LICRA), partie civile,
contre un arrêt de la cour d'appel de PARIS, llème chambre, en date du 11
janvier 1984 qui, dans des poursuites contre Jacques FAUVET, Roger
GARAUDY, Michel LELONG et Etienne MATHIOT pour provocation à la
discrimination, à la haine ou à la violence envers un groupe de personnes à
raison de leur appartenance à une ethnie, une nation, à une race ou a une
religion déterminée ainsi que pour diffamation envers un groupe de personnes
à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une
race ou une religion déterminée, statuant sur les seuls intérêts civils, a débouté
la partie civile de sa demande ;
Vu les mémoires produits ;
Sur le premier moyen de cassation, pris de la violation de l'article 24 alinéa 5 de
la loi du 29 juillet 1881 modifié par la loi du 1er juillet 1972, de l'article 573 du
Code de procédure pénale, défaut de motifs, manque de base légale ;
"en ce que l'arrêt attaqué a dit que les passages dénoncés dans sa citation par la
Liera ne contenaient pas les éléments d'une infraction punissable ouvrant droit
à réparation pour la partie civile ;
"au motif, d'une part, que le premier passage reproché, en rapport avec le
financement d'Israël, est le suivant :
"La même profusion financière explique l'extraordinaire hégémonie du lobby
sioniste sur l'ensemble des médias du monde, de la presse à la télévision, du
cinéma à l'édition. Le Général de Gaulle en 1969 déjà, dénonçait cette
"influence excessive". Cette maîtrise de l'information et de la propagande
isrsélienne et sioniste à l'échelle mondiale assure un redoutable
conditionnement de l'opinion jusqu'à faire accepter l'inacceptable" ;
"que ce texte vise expressément «le lobby sioniste» et la «propagande
isrsélienne et sioniste» dont il dénonce la puissance et les dangers, que «la
même profusion financière» est relative à l'aide financière en provenance des
Etats-Unis évoquée par les phrases qui précèdent et que la Cour ne peut y voir
la provocation à la discrimination, à la haine, à la violence envers un groupe de
personnes, à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une
nation, une race ou une religion déterminée ;
"alors que, d'une part, il résulte des termes mêmes du passage reproché, une
mise en cause de la nation israélienne ; que, dès lors, en se bornant à écarter la
constitution du délit de provocation à la discrimination, à la haine ou à la
violence envers une nation, la cour d'appel n'a pas légalement justifié sa
décision ;
"alors, d'autre part, que, dans ses conclusions prises devant la Cour, la Liera
avait soutenu que la redondance constituée par la formule «propagande
israélienne et sioniste», faisant un amalgame entre l'Etat d'Isrsël et le sionisme
international, conduisait à une critique de tous les juifs, ceux de la diaspora
comme provocation à l'antisémitisme ; qu'en ne répondant pas à ce chef
péremptoire des conclusions de la Liera, la cour d'appel a entaché sa décision
d'un grave défaut de motifs ;
"alors qu'enfin, la Liera faisait également valoir, dans ses conclusions d'appel
délaissées, que la critique de l'antisionisme, telle que manifestée dans l'article
incriminé, conduisait nécessairement à l'antisémitisme, qu'en ne répondant pas
davantage à ce chef des conclusions de la partie civile ; que la Cour a encore
entaché sa décision d'un défaut de motifs ;
"au motif, d'autre part, que le deuxième écrit incriminé et le troisième qui suit
immédiatement, figurant sous le titre «le racisme» sont ainsi conçus : "nous
savons assez, et plus encore depuis Hitler, ce que coûtent à l'humanité les
prétentions d'un peuple élu". En 1972, Vorster, le premier ministre sud-africain,
célèbre par le racisme sauvage de l'apartheid, proclamait, lui aussi, dans l'esprit
du plus archaïque colonialisme" n'oublions pas que nous sommes "le peuple
de Dieu investi d'une mission" ; le sens de ces propos si déplaisants
qu'apparaissent le rappel d'Hitler et la comparaison avec l'idéologie de Vorster
ne doit pas être dénaturé ; qu'il se "réfèrent clairement dans leur contexte,
d'une part, à l'un des fondements de 1 'Etat juif, proclame dès sa création en
1948 : le retour du peuple juif, exilé de la Terre Sainte, dans le pays de ses
ancêtres et, d'autre part, aux résultats, par ailleurs dénoncés, de la politique de
cet Etat, aux conséquences dangereuses qu'elle continue de comporter, selon
les auteurs du texte ; qu'il s'agit, là aussi, de la critique licite de la politique
qui serait pratiquée par cet Etat, de l'idéologie qui l'inspire et non de
provocation raciale ;
"alors que le texte incriminé contenait dans un passage précédent un appel à la
conscience chrétienne en tant que telle ; que, dès lors, en s'abstenant de
retenir la connotation religieuse de la notion de "peuple élu", telle que
contenue dans l'article incriminé, la cour d'appel n'a pas donné de base légale
à sa décision ;
Attendu que, à raison d'un article publié dans le numéro du 17 juin 1982 du
journal "Le Monde", la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme
a fait citer Jacques Fauvet, directeur de la publication de ce quotidien, Roger
Garaudy, Michel Lelong et Etienne Mathiot, auteurs de l'article, devant le
tribunal correctionnel sous la prévention d'infraction à l'article 24, alinéa 5, de
la loi du 29 juillet 1881, à raison du passage ci-après de l'article précité : "La
même profusion financière explique l'extraordinaire hégémonie du lobby
sioniste sur l'ensemble des médias dans le monde, de la presse à la télévision,
du cinéma à l'édition. Le général de Gaulle, en 1969, déjà, dénonçait cette
influence excessive. Cette maîtrise de l'information et de la propagande
israélienne et sioniste à l'échelle mondiale assure un redoutable
conditionnement de l'opinion jusqu'à faire accepter l'inacceptable" ;
Attendu que la partie civile retenait aussi, sous la même prévention, à la charge
de Fauvet, Garaudy, Lelong et Mathiot, le passage ci-après : "Nous savons assez,
et plus encore depuis Hitler, ce que coûtent à l'humanité les prétentions d'un
"peuple élu". En 1972, Vorster, le premier ministre sud-africain, célèbre par le
racisme sauvage de l'apartheid, proclamait lui aussi, dans l'esprit du plus
archaïque colonialisme : "N'oublions pas que nous sommes le peuple de Dieu,
investi d'une mission" ;
Attendu que, pour dire que le premier de ces passages ne caractérisait pas le
délit poursuivi, la cour d'appel énonce notamment "que ce texte vise
expressément "le lobby sioniste" et la "propagande israélienne et sioniste" dont
il dénonce la puissance et les dangers" et en déduit "que la Cour ne peut y voir
des provocations à la discrimination, la haine ou la violence envers un groupe
de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie,
une nation, une race ou une religion déterminée" ; que, pour dire que le
second de ces passages ne caractérisait pas davantage le délit prévu par l'article
24, alinéa 5, de la loi du 29 juillet 1881, la cour d'appel énonce que les propos
qu'il contient "se réfèrent clairement, dans leur contexte, d'une part à l'un des
fondements de l'Etat juif d'Israël, proclamé dès sa création en 1948 : le retour
du peuple juif, exilé de la terre sainte dans le pays de ses ancêtres et, d'autre
part, aux résultats, par ailleurs dénoncés, de la politique de cet Etat, aux
conséquences dangereuses qu'elle continue de comporter selon les auteurs du
texte", et en déduit "qu'il s'agit là aussi de la critique licite de la
politique qui serait pratiquée par un Etat, de l'idéologie qui l'inspire
et non de provocation raciale" ;
Attendu qu'en l'état de ces motifs que ne contredit pas l'analyse du texte
reproché et qui font apparaître que ce texte revenait, quelque hostile que fut la
tonalité de certains de ses termes, d'une part à faire la critique de l'influence
qu'il attribuait aux moyens d'information d'un Etat et d'un mouvement
politique et, d'autre part, à dénoncer, de façon polémique, les ambitions qu'il
prétait au même Etat, la cour d'appel, qui a répondu aux chefs péremptoires
des conclusions de la partie civile, n'a pas, en décidant comme elle l'a fait,
encouru les griefs énoncés au moyen lequel doit être écarté ;
Sur le second moyen de cassation, pris de la violation des articles 32 alinéa 2 de
la loi du 29 juillet 1881, 573 du Code de procédure pénale, défaut de motifs,
manque de base légale,
"en ce que l'arrêt attaqué a décidé que lea passages dénoncés dans sa citation
par la Liera ne contenaient pas les éléments d'une infraction punissable ouvrant
droit à réparation pour la partie civile ;
"aux motifs que le passage susvisé est poursuivi par la Liera pour diffamation
raciale : "Est en effet considéré comme juif, à Tel Aviv ou à Nuremberg,
quiconque est né d'une mère juive. La postérité d'Abraham est ainsi définie,
d'une manière raciste, non par la communauté de la foi, mais par la continuité
du sang" ; que l'opinion émise par les signataires ne concerne que la définition
restrictive de la judaïcité retenue par la législation israélienne, le rappel critique
de celle-ci ne comporte aucune allégation ou imputation à l'égard d'un groupe
de personnes visé par l'article 32 alinéa 2 de la loi du 29 juillet 1881 ne saurait
constituer le délit de diffamation raciale ;
"alors qu'en statuant ainsi, la cour d'appel n'a pas repondu aux conclusions de
la partie civile faisant valoir que le droit israélien avait adopté la législation juive
traditionnelle et que, dès lors, celle-ci se trouvait en cause dans l'article
incriminé ; qu'ainsi, en ne retenant pas le délit de diffamation raciale, la cour
d'appel n'a pas également justifié sa décision ;"
Attendu que, par l'exploit susvisé, la Liera a poursuivi les mêmes prévenus du
chef de diffamation à caractère ethnique, national, racial ou religieux,
reprochant à ces prévenus, sous ladite qualification, le passage suivant : "Est, en
effet, considéré comme juif à Tel Aviv comme à Nuremberg, quiconque est né
d'une mère juive. La postérité d'Abraham est ainsi définie, d'une manière
raciste, non par la communauté de la foi, mais par la continuité du sang" ;
Attendu qu'à juste titre, la cour d'appel a constaté que ce passage, quelle que
fût l'appréciation qu'il portait sur la règle qu'il prétendait décrire, n'imputait
pas à un groupe de personnes un fait qui portât atteinte à son honneur ou à sa
considération ; que, dès lors, abstraction faite de tous autres motife, l'arrêt
attaqué a décidé à bon droit que cet écrit, seul retenu par la citation comme
constitutif du délit prévu par l'alinéa 2 de l'article 32 de la loi du 29 juillet 1881,
ne caractérisait pas ladite infraction
D'où il suit que le moyen doit être écarté ;
Et attendu que l'arrêt est régulier en la forme ;
REJETTE le pourvoi
Condamne la demanderesse aux dépens ;
Ainsi jugé et prononcé par la Cour de Cassation, chambre criminelle, en son
audience publique, les jour, mois et an que dessus ;
Où étaient présents : M. Berthiau conseiller doyen faisant fonctions de
président en remplacement du président empêché, M. Dardel conseiller
rapporteur, MM. Zambeaux, Dumont conseiller de la chambre, M. Louise
conseiller référendaire appelé à compléter la chambre, Mme Guirimand
conseillers référendaires, M. Clerget avocat général, Mme Gautier greffier de
chambre ;
En foi de quoi le présent arrêt a été signé par le président, le rapporteur et le
greffier de chambre .
Alain Soral : entretien de juin 2012
- Publié le : dimanche 1er juillet
- Auteur(s) :
- Mots-clés : communautés; Extrême Gauche; Franc-maçonnerie; Front National; Immigration; international; Mélenchon; Judaïsme; Marine Le Pen; philosophie; politique; Sionisme
- Commentaires : 1068
- (dernier : 1er août 17:07 par Courage007)
Partie 1 : Bilan des législatives ; l’erreur de Marine Le Pen ; Commentaire des commentaires ; la pensée de Rousseau ; la pensée de Nietzsche ; le philo-sémitisme de Nietzsche ; L’antisémite du mois.
Partie 2 : Le/la con(ne) du mois ; qui est Thierry Ardisson ? ; les Retournés : les nouveaux kapos ; Yann Moix ; Caroline Fourest en Israël ; manifestations racistes en Israël ; Mélenchon KO à Hénin-Beaumont ; appel aux Soraliens du Front de Gauche.
Partie 3 : Définition du Macho ; nouvelle loi sur le harcèlement sexuel ; meurtre des gendarmettes de Collobrières ; Sur la violence directe et la violence indirecte ; Beigbeder fait tourner Joey Starr ; la vengeance collective du bourgeois sur le prédateur isolé ; manifestations au Québec : un salut à nos camarades résistants.
Partie 4 : Damas : où commencera la troisième mondiale ? ; les islamo-sionistes (conscients ou non) ; Algérie, prochaine cible de l’empire ; Tariq Ramadan ; l’Algérie ; The Dictator ; Sacha Baron Cohen et Dieudonné ; les clichés au cinéma ; le juif négatif ; Hollande et le drapeau hollandais.
Partie 5 : Dieudonné à Strasbourg : 99% contre 1%, agression de Villeurbanne, l’antisémitisme en France, un nouveau procès pour Soral ; Madonna et satanisme ; Michel Onfray défend Jean Soler ; le judaïsme selon Jean Soler ; l’équipe de France n’a pas visité Auschwitz ; conseils si vous êtes coincés dans une chambre à gaz.
Partie 6 : Hommage à Téofilo Stevenson ; Thierry Roland/Roger Garaudy : deux versions de la France ; révisionnisme/négationnisme ; De l’orthodoxie à la nouvelle religion juive ; lettre d’un juif non talmudo-sioniste ; suggestions de lecture.
Transcription de l’entretien
- Partie 1
- Partie 2
- Partie 3
- Partie 4
- Partie 5
- Partie 6
PREMIERE PARTIE
« On est parti là, alors ? Donc, il n’y a pas de gag aujourd’hui. »
Alors, on va parler du bilan des législatives pour ce qui nous intéresse, c’est-à-dire à mon avis, le seul parti d’opposition qui existe, qui est le Front national. Et en fait, malgré une énorme poussée en termes de nombre de votants, le résultat est quand même très, très faiblard, et montre bien comment le système de ce qu’on appelle la démocratie représentative verrouille totalement la démocratie. Puisqu’il y a deux élus.Et puis surtout là, je vais revenir sur ma divergence, d’une certaine manière, avec Marine Le Pen, c’est qu’en fait, il y a deux élus en régions Sud, sur la ligne qui n’est pas intéressante du Front, qui est la ligne ethnique en gros, qui est le vote petit-bourgeois, le vote retraité anti-immigrés, globalement. Alors que ce qui aurait été intéressant, et je pense que c’était ce qui faisait le plus peur au système, c’est que Marine se fasse élire dans le Nord, sur une ligne sociale, comme candidate, sur le plan de la gauche sociale, à gauche de la gauche. Et là, elle a échoué.
Alors elle a échoué parce que tout le système, effectivement, était contre ça. C’est-à-dire que – je l’ai déjà expliqué la dernière fois et c’était d’ailleurs la mission du maçon Mélenchon, Mélenchon la truelle – c’est qu’en fait, le système bipartite gauche-droite.
Et on verra bien, par l’élimination de Bayrou et par d’ailleurs, l’utilisation de Mélenchon et de son maintien dans la marge d’une espèce d’impuissance, que tout le combat du système aujourd’hui, c’est de maintenir le bipartisme gauche-droite. C’est fondamental. Et dans cette vision là, ils veulent bien qu’il y ait une gauche de la gauche et une droite de la droite qui servent de forces d’appoint et d’auxiliaires. C’est-à-dire l’extrême gauche pour le PS et ce qu’ils appellent l’extrême droite pour l’UMP. Ça, ça leur va. Ce qui veut dire que l’élection à la limite de Collard dont on reparlera – je ne parlerai pas de Marion Maréchal, c’est encore un petit peu différent –, mais enfin l’élection de Collard, ce n’est pas gênant. Parce que c’est un candidat « à droite de la droite » avec des alliances, extrême droite-droite. Ça, ce n’est pas gênant pour le système.
Ce qui était gênant pour le système, c’était le vote Marine Le Pen sur une terre ouvrière qui bat un candidat socialiste en étant plus à gauche que lui sur la question sociale. Ça, c’est ce dont le système ne veut pas, parce que ça met en l’air tout le baratin antifasciste qui avait d’abord été monté par les staliniens pendant la guerre mais qui après a été récupéré par les trotskystes et qui veut que ce qu’il appelle l’« extrême droite », systématiquement, soit la « droite que la droite », c’est-à-dire plus patronale que le patronat, plus libérale que les libéraux. Ce qui était évidemment faux, puisque ce qu’eux-mêmes appellent l’« extrême droite », qui est souvent en fait du nationalisme révolutionnaire, de la troisième voie, sont systématiquement des mouvements sociaux qui, quelque part, ont continué l’analyse de Marx sur comment être le plus à gauche possible sur le plan social en fonction du processus mondialiste financier, etc.
Donc effectivement, pour que l’antifascisme reste une arme de destruction massive du système, comme l’antiracisme, il ne faut absolument pas qu’un candidat du Front national soit élu en terre ouvrière en étant élu par les ouvriers parce que candidat plus à gauche, sur le plan social, que le candidat de gauche officiel. Ça c’était ce dont le système ne voulait pas.
Et il a gagné, en faisant l’union sacrée contre Marine Le Pen avec le rôle qu’a servi Mélenchon la truelle – on peut y aller. Et c’est assez triste parce que, moi, j’aurais préféré évidemment un seul élu au Parlement mais dans le Nord social et qui aurait été Marine Le Pen, que deux élus dans le Sud ethnique. Donc, de ce point de vue-là, c’est un échec.
Et là où je vais lui faire une petite critique, c’est qu’elle a été battue pour 112 voix ou 117 voix. Ce qui est très, très peu. Or je sais, par mes informations, qu’elle a été battue parce que comme on le dit « les Arabes sont allés voter » au deuxième tour, contre elle, alors que normalement, ils restaient chez eux, notamment les vieux, etc. Ce qui veut dire que là, elle a payé, ce qui est à la fois triste mais moral, elle a payé pour sa ligne, totalement grossière, sur l’islam.
C’est-à-dire que son positionnement antimondialiste est totalement cohérent et subtil. Mais sa position anti-islam est une position finalement « droitarde » qui fait de l’amalgame. Notamment sur l’affaire Merah, elle a très mal réagi. Et je pense qu’elle a inutilement et bêtement humilié des gens qui font partie de ce que j’appelle la « droite des valeurs » qui sont les musulmans patriotes, les musulmans du quotidien, et que quelque part, elle vient d’être sanctionnée, parce que ces 112 voix qui lui ont manqué, ces 112 voix qui ont été contre elle, c’est-à-dire qui ont été du côté du candidat socialiste, c’est les voix des musulmans qui se sont déplacés spécialement pour voter contre elle. C’est tragique parce que si elle avait eu un positionnement sur l’islam comme le mien, qui est un positionnement sans concession et sans démagogie, de tendre la main aux musulmans du quotidien, au nom de la droite des valeurs, sur les valeurs du Front national : respect de la famille, du patriarcat, de la hiérarchie, de la transcendance, opposition au monde mammonique, etc., etc., elle aurait été élue. Là, elle a été battue, alors qu’elle pouvait surmonter le Merluchon la truelle, elle pouvait surmonter l’« union sacrée » contre elle. Et ce qui l’a fait chuter, en dernière instance, pour 112 ou 117 voix, c’est le vote musulman. Elle a bêtement insulté les musulmans en manquant de finesse dans son positionnement. Il n’est pas question d’être baboucholâtre, mais simplement d’être honnête et moral.
Elle a très mal joué sur l’affaire Merah. L’affaire Merah ne montre pas du doigt le problème musulman en France. Il montre en France le problème de la délinquance et de la complaisance envers la délinquance qui vient d’un vison américano-trotskyste des choses. Et elle vient surtout de la manipulation des services, au service du sionisme, car l’affaire Merah est une « opération », quoi qu’on en dise, est un montage, est une manipulation, quel que soit le rôle qu’il ait joué.
Marine Le Pen a très mal réagi sur cette question. Elle a eu une position qui n’est pas digne d’un chef d’État sur l’islam et les musulmans en leur déclarant la guerre assez globalement, même si certains prétendent le contraire, le message n’est jamais bien passé. Et ça lui a couté le fait de ne pas rentrer à la Chambre et de ne pas être élue justement en terre ouvrière sur sa ligne sociale. Ce qui est assez dramatique.
Et surtout, ce qui est très triste, c’est que, finalement, elle a fait le sale boulot, elle a fait le gros boulot – car elle a fait un énorme travail – pour faire entrer à la Chambre des députés un avocat mondain franc-maçon lifté, sur une ligne finalement petite bourgeoise, rentière, retraitée, plus ou moins anti-maghrébine, c’est-à-dire Front du Sud, qui est finalement – Le Pen père l’a bien remarqué d’ailleurs – assez catastrophique, parce que Collard n’a même pas sa carte du Front national.
Donc, Marine, finalement, a été punie par là où elle a péché, et c’est le seul endroit où elle avait péché – c’est son manque de précision sur son opposition à un certain islamisme et à certains musulmans qui sont, je le dis moi, des mauvais musulmans, et qu’elle a amalgamé. Et finalement, le système l’a baisée, parce que le système est très fort, puisque finalement, tout son travail a constitué à faire élire un franc-maçon droitard, avocat mondain assez louche, qui a un parcours assez louche, et qui ne pose aucun problème au système, en réalité, on va s’en rendre compte très, très vite.
Donc finalement, peut-être la seule satisfaction de ces législatives, c’est l’élection de Marion Maréchal-Le Pen dont je dirai simplement, pour en dire du bien, qu’elle relaie, elle, sur son blog, tous les mois, ma vidéo du moi. C’est un petit signe. Ce qui veut dire que mes vidéos du mois sont maintenant relayées par un élu de la nation, ce qui est quand même un bon signe. Et je l’en remercie.
Commentaire sur les commentaires du Commentaire des commentaires
Alain Soral – Oui, alors, je lis un peu les commentaires, bon en général, très sympathiques. Et puis il y a toujours des trucs qui reviennent, des trucs qui ne passent pas.Alors je crois que les deux sujets, c’était sur Rousseau, quand j’avais bien expliqué la dernière fois qu’il n’y a pas de « bon sauvage » chez Rousseau. Dans la pensée de Rousseau, ça n’a pas de sens, l’idée du bon sauvage. Enfin, c’est une mauvaise interprétation. Il y a peut-être une phrase de Rousseau qui prête un peu le flanc. Donc je vais repréciser cette question, notamment pour des amis royalistes parce que c’est toujours embêtant de voir que Rousseau est très brutalement attaqué comme un penseur des Lumières, ce qui veut dire penseur libéral, puisque « les Lumières », c’est le libéralisme à la française. C’est la transposition française du mouvement libéral anglais, d’une certaine manière. Et on se rend bien compte grâce d’ailleurs au travail de Marion Sigaut, notre camarade [Turgot ou l’avènement du libéralisme : la fin de l’Ancien-Régime, egaliteetreconciliation.fr], qu’en fait, les Lumières ont amené en France le libéralisme, et que c’est ce qui a détruit la monarchie.
Ce n’est pas l’absolutisme royal qui a été mis à bas parce qu’il était justement absolutiste, puisque ça n’existait pas. C’est qu’en fait, à travers les Lumières et les Encyclopédistes, ça a été finalement le triomphe de la pensée libérale, et surtout du libéralisme social. On le voit avec la Loi Le Chapelier, etc. Et c’est ça qui est systématiquement occulté.
Et Rousseau n’est pas dans ce complot, je dirais. Il est très au-dessus de ça. Il est comme je l’ai dit, comme Nietzsche. C’est un penseur complexe, ambivalent, qui excède toujours les catégories gauche-droite, progressiste-réactionnaire, etc. Donc je vais revenir là-dessus, premier sujet.
Et le deuxième sujet, c’était sur le philosémitisme. Alors chaque fois que je dis qu’il n’y a pas de philosémites avant 1945, on me sort toujours. Alors la dernière fois sur Tolstoï, on a encore insisté. Alors je vais repréciser encore. Et là on m’a dit sur Nietzsche : Nietzsche philosémite ! Alors je vais bien creuser le sujet parce que c’est assez amusant. C’est un truc à double détente, le philosémitisme de Nietzsche.
« Rousseau était avant tout un penseur des Lumières. »
Un royaliste acharné
Donc, « Le bon sauvage de Rousseau » (suite et fin) :
« Il n’y a pas de bon sauvage chez Rousseau. Ça ne veut pas dire que l’homme est naturellement bon. Simplement que le mal qui est une valeur morale n’existe pas à l’état de nature. Le lion ne fait pas de mal à la gazelle, il la mange. La question du bien et du mal naît donc avec l’homme civilisé, c’est-à-dire quand celui-ci s’élève par l’histoire au dessus des instincts pour devenir un être collectif soumis à la question morale. Là, seulement, naît la question du bien et du mal, à la sortir de l’innocence. Avant, à l’état de nature, cette question n’a pas de sens. Ce qui veut dire que la question du bien comme du mal sont à chercher, non dans la nature de l’homme ni bon ni mauvais, ou potentiellement les deux, mais dans la société qui oriente ces potentialités par ses valeurs. Et que c’est là qu’il faut mener le combat. »
Bref, c’est une question philosophique sérieuse. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’en fait, Rousseau a inauguré ce qu’on appelle la pensée de l’histoire. Avant, il y a la pensée religieuse, c’est-à-dire l’idée du péché originel, par exemple. L’homme est marqué par le péché originel. C’est la croyance des catholiques. Et de l’autre côté, il y a la pensée qui est celle de Voltaire, la pensée antireligieuse qui dit : il y a une nature humaine, donc l’homme est un animal ; alors c’est de savoir, après, s’il est bon ou mauvais, etc.Et Rousseau introduit une troisième façon de penser qui est la façon de penser moderne révolutionnaire et qui n’est ni la pensée Dieu ni la pensée Nature, mais qui est la pensée Histoire comme processus où c’est l’homme, quelque part, qui se fait lui-même, comme être collectif, être moral, être social. Et cette explication, je l’ai donnée la dernière fois en lisant De l’état civil. C’est pour ça que Rousseau est le très grand penseur de la modernité, puisqu’il introduit la pensée historique, c’est-à-dire ni pensée religieuse ni pensée naturelle. Et tous les penseurs lui doivent quelque chose, ceux qui sont passés derrière lui : Kant, Marx, mais même le Nietzsche de la Généalogie de la morale et évidemment, La Raison dans l’Histoire, Hegel. C’est-à-dire que toutes les pensées après Rousseau sont historicistes. Et c’est lui qui a inventé ça dans ce génial bouquin dont j’oublie à chaque fois le titre qui est :
ERTV – Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes.
Alain Soral – Voilà, le Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes. La pensée comme processus historique et l’homme comme processus historique en cours, toujours en cours.
Donc de dire l’homme est-il bon ou mauvais ? C’est dans sa nature. On peut tout faire dire à la nature. Et l’homme est celui justement qui est un animal social et culturel. Et ce qui veut dire que le combat du bien et du mal est à mener dans la société. C’est le combat des valeurs. Et l’excuse de la nature ou même l’excuse de la religion, péché originel ou animalité de l’homme, est une approche très, très médiocre et très, très faiblarde pour aborder la question du bien et du mal.
Donc, je vais finir là-dessus. Ce qui veut dire que la philosophie est une question très sérieuse et que Rousseau est un très grand philosophe, qui inaugure l’ère moderne de la philosophie, et qui amène à tous les grands penseurs d’après lui. Et qui fait que Voltaire est un petit penseur libéral.
Et sinon, il y a la religion. Mais on n’est pas dans le concept. C’est-à-dire le péché originel et l’homme à l’image de Dieu, etc., etc. C’est autre chose. Et Rousseau, donc, n’est ni un penseur religieux ni un penseur de la Nature. C’est un penseur de l’historicité totale. C’est pour ça qu’il est prékantien, prémarxiste, préhégélien, prénietzschéen. Et que c’est le maître de tous les penseurs. Et il n’est pas réductible, surtout pas, à un penseur libéral, à un penseur des Lumières, à un Encyclopédiste. Les Encyclopédistes le détestaient, faut pas oublier.
« Nietzsche aussi était philosémite ! »
Je cherche les philosémites d’avant 1945
Nietzsche est un penseur subtil. Il s’oppose beaucoup à la brutalité de la pensée prussienne émergente et effectivement à l’antisémitisme prussien. Nietzsche est un penseur – exactement d’ailleurs comme Rousseau – est un penseur ambivalent. Ce n’est pas un penseur à système. C’est un penseur qui voit et qui anticipe la contradiction des systèmes dominants à venir et des systèmes des autres. Mais lui-même ne produit pas de système. Ce qui veut dire qu’il y a un Nietzsche de gauche et un Nietzsche de droite. Il n’est pas lui-même cohérent. Il est cohérent dans les critiques qu’il fait des incohérences des autres. Mais lui-même ne produit pas de système. Il y a le Nietzsche de gauche de Michel Onfray, et il y a le Nietzsche de droite des nazis. Tous les deux existent. Il y a aucun problème. Il y a un Nietzsche racialiste, et puis il y a un Nietzsche de gauche qui est plus… Je vais laisser ça à Onfray, c’est plus son truc.Mais le Nietzsche de gauche existe. Le Nietzsche de droite existe. Et à chaque fois dire : Nietzsche n’est pas de droite parce qu’il y a un Nietzsche de gauche, ou : Nietzsche n’est pas de gauche parce qu’il y a un Nietzsche de droite. Il y a les deux. Nietzsche est un penseur critique. Ce n’est pas un penseur à système. C’est un penseur d’intuitions, ce n’est pas un penseur vraiment de concepts. C’est un penseur d’aphorismes. C’est un atypique. Et surtout avec un style très impressionnant, avec un pied presque dans la poésie. Il est dans la tradition presque des philosophes artistes. Mais ce n’est pas un penseur à système. C’est pour ça d’ailleurs que les penseurs qui aiment les philosophes à système parfois le méprisent. Ceux qui aiment Marx et Hegel ne savent pas trop où mettre Nietzsche. Mais bon, je veux clore là-dessus.
Maintenant, sur le philosémitisme de Nietzsche. Donc Nietzsche était antiprussien, profrançais, ce qui veut bien dire quelque chose. Et même à la fin de sa vie, par fâcherie envers Wagner dont il était un grand admirateur, Wagner qui est un antisémite carabiné. On verra, puisque maintenant on va faire « les antisémites du mois », c’est un génie de la musique, effectivement de l’art total – c’est lui qui a inventé l’art total et l’œuvre la plus longue de l’histoire de la création artistique, il faut le savoir [cf. La Tétralogie] – et un antisémite carabiné.
C’est-à-dire : antisémitisme égale abruti, imbécile, crétin, etc. Très difficile à vendre quand on a une vraie culture. Ça j’y reviendrai régulièrement.
Et donc à un moment donné, Nietzsche qui était l’ami de Wagner, se fâchant avec lui, prend partie, à la fin de sa vie, avant de devenir fou, pour Bizet et la légèreté française, c’est-à-dire pour Carmen contre le Parsifal de Wagner. Donc, il y a aussi une dimension humaine de colère, etc.
Maintenant je vais revenir à. Effectivement Nietzsche est un grand admirateur des juifs. Il l’a écrit plusieurs fois. Mais pourquoi les admire-t-il ?
Pour leurs capacités de haine et leur constance dans leur volonté de domination. Première chose. Deuxièmement, pour le fait qu’ils ont vaincu en tant que peuples de prêtres le Romains, c’est-à-dire des guerriers, par la manipulation sémantique et l’apologie du faible, et qu’ils ont été des corrupteurs. Il admire leurs capacités à avoir fait triompher ce qu’il appelle le « mal », par rapport à sa pensée du surhomme. C’est-à-dire les êtres faibles qui arrivent, par la dialectique, à imposer les valeurs qui détruisent le monde du bien de la virilité et de la force.
Virilité : très important, on y reviendra tout à l’heure.
Donc il aime, il est « philosémite » que pour des mauvaises raisons par rapport aux valeurs obligatoires universelles de 1945. Le mot qui revient systématiquement chez Nietzsche quand il parle des juifs, c’est leur « inextinguible capacité de haine ». Il les identifie bien comme le peuple de la haine.
Et pour ceux qui ne me croient pas, il suffit d’aller dans cet excellent bouquin de Blanrue qu’on va rééditer, Le monde contre soi. Anthologie des propos contre les juifs, le judaïsme et le sionisme. Et vous avez, sur Nietzsche, vous avez trois pages de citations qui montrent effectivement qu’il admire les juifs pour leur « inextinguible capacité de haine ». Il parle même de :
« C’est grâce à la faculté qu’ils ont de mépriser l’homme. C’est Rome contre le Judée, la Judée contre Rome. Il n’y eut point jusqu’à ce jour d’événements plus considérables que cette lutte, cette mise en question, ce conflit mortel. Rome sentait dans le juif quelque chose comme le contre-nature par excellence, un monstre placé à son propre antipode. À Rome, on considérait le juif comme un être convaincu de haine contre le genre humain ».
Vous voyez ! Donc pour les crétins – parce que c’est les commentaires des commentaires – qui continuent à me dire : « Vous vous trompez, Nietzsche était philosémite comme Tolstoï était philosémite. »Évidemment, ce ne sont pas des antisémites carabinés. Les antisémites carabinés sont rarissimes en réalité. Même Adolf Hitler est très subtil dans ses propos sur les juifs, quand on veut bien le lire.
Mais Nietzsche aimait et respectait les juifs pour des raisons aujourd’hui totalement antisémites, comme peuple à la haine inextinguible et dont la force a été la destruction du monde du bien, qui est le monde de Rome, et dont la capacité inouïe et remarquable est sa capacité à mépriser l’homme. Donc pour ceux qui veulent continuer à m’emmerder sur les philosémites d’avant-guerre, je vais continuer à les remettre à leur place, systématiquement. Je pense qu’on peut d’ailleurs enchaîner, je crois, sur [l’antisémite du mois].
L’antisémite du mois (retrouvez-les tous !)
Alain Soral – Oui, alors l’antisémite du mois. D’ailleurs, il y en a tellement, que comme je ne suis pas sûr de vivre encore très longtemps, je ne tiendrai pas. Donc je vais en faire plusieurs par moi. Donc là, j’ai fait Nietzsche, le « philosémite antisémite ». Qu’est-ce qu’on avait d’autre ?ERTV – Dostoïevski.
Alain Soral – Alors là, oui, je vais aborder Dostoïevski, génie de la littérature, Russe ; on ne peut pas dire que ce soit un abruti et un crétin. Alors je vais vous lire une phrase de Dostoïevski que j’ai prise dans cet excellent bouquin de notre ami Félix Niesche qui s’appelle Ex-France que nous éditons et qui parle de tas de choses. Ce sont des petits textes, des texticules. Mais c’est excellent. Et là, j’y ai trouvé justement une citation de Dostoïevski :
« Il me vient parfois en tête une fantaisie. Que se passerait-il en Russie, si au lieu de trois millions de Juifs qui s’y trouvent, il y avait trois millions de Russes et quatre-vingts millions de Juifs ? Que seraient-ils devenus chez eux, ces Russes, et comment auraient-ils été traités ? Les auraient-ils mis sur le même pied qu’eux-mêmes ? Leur auraient-ils permis de prier librement ? N’en auraient-ils pas fait tout simplement des esclaves ? Ou bien pire encore, ne leur auraient-ils pas tout simplement arraché la peau ? Ne les auraient-ils pas massacrés jusqu’à la destruction complète comme ils l’ont fait avec les autres peuples de l’Antiquité aux temps de leur histoire ancienne ? Le youpin, sa banque, dirige maintenant tout : l’Europe, l’instruction, la civilisation et le socialisme. Quand toute la richesse de l’Europe disparaîtra, restera la banque du juif et sur l’anarchie s’élèvera l’Antéchrist. »
Alors maintenant on peut me dire : bon ben, Dostoïevski, c’est un Russe, c’est un allumé !Alors là, je vais enfoncer encore le clou. Parce que, comme ça, je pense que les commentaires après vont se clamer, commentaires intelligents. Je vais vous prendre un français inattaquable, socialiste, et socialiste du socialisme représentatif à la française, même pas un socialiste révolutionnaire, un Proudhon, etc. : Jean Jaurès. Jean Jaurès, hein ! Alors, je vais vous lire un extrait d’un discours de Jean Jaurès dans un meeting socialiste de juin 1898, tout ça est tracé, au Tivoli-Vaux Hall, consacré au Congrès de Stuttgart. Jean Jaurès :
« Nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n’est pas par la fièvre du prophétisme, nous savons bien qu’elle manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corruption et d’extorsion. »
« Dans les villes, ce qui exaspère le gros de la population française contre les Juifs, c’est que, par l’usure, par l’infatigable activité commerciale, et par l’abus des influences politiques, ils accaparent peu à peu la fortune, le commerce, les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance publique. »
Jean Jaurès, éditorial politique de La Dépêche, Journal de la Démocratie, mercredi 1er mai 1895, numéro 9751, intitulé « La question juive en Algérie ».
Donc maintenant si quelqu’un veut encore me défier sur les philosémites d’avant-guerre, j’en ai comme ça jusqu’à la fin des temps, des citations. Maintenant, je pense qu’on peut changer de sujet.Voir aussi :
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Bande-annonce de Métastases, le nouveau film de Dieudonné !
Voici donc la bande annonce du film « Métastases » qui sera diffusé au théâtre de la main d’or à partir du 13 septembre !
Vous pouvez commencer à réserver vos places sur :
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Le film sera disponible pour les abonnés, fin 2012.
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WESTERN TERRORISM
Roger Garaudy et le terrorisme occidental
6 septembre 2010
M. P. Depuis la parution de votre ouvrage Les Mythes fondateurs de la politique israélienne , votre popularité, Roger Garaudy, ne s'est pas démentie. L'un de vos principaux défenseurs était l'abbé Pierre, et le livre a eu une énorme diffusion, tant en France qu'à l'étranger, particulièrement dans le monde musulman. Le procès qui vous a été intenté a certes effrayé les libraires en France, et les journalistes salariés, mais a auréolé de mystère et d'héroïsme l'écrivain qui a donné lieu à l'acharnement sioniste. Dix ans se sont écoulés, maintenant, depuis le scandale international causé par Les Mythes fondateurs de la politique israélienne . Apporteriez-vous aujourd'hui des modifications à vous analyses de 1995 ?
R. G. Pas du tout, je n'ai jamais séparé le domaine de la religion et celui de la politique, et c'est l'articulation pervertie de ces dimensions que je développais dans ce livre. Mon livre sur l'Etat d'Israël faisait partie d'une trilogie de critique de la distorsion pratiquée par les institutions des trois grandes religions monothéistes : catholique, islamique et juive. Les deux premiers volumes ont été bien acceptés et discutés dans un cadre de respect réciproque, tandis que le troisième a irrité le lobby sioniste, mais a été soutenu par des membres éminents des trois religions. Malheureusement, la guerre d'extermination que subissent actuellement encore les Palestiniens a confirmé la validité de mes analyses. D'autre part, les campagnes de désinformation, à l'échelle mondiale, font partie de l'arsenal américano-israélien. Heureusement il y a des gens comme Norman Finkelstein ou Israel Shamir qui ont repris le flambeau de la dénonciation des bases inadmissibles de l'Etat israélien.
Lors de la conférence de Téhéran pour envisager un examen critique de l'histoire officielle de la Deuxième Guerre mondiale, il a beaucoup été fait allusion au travail pionnier que vous avez réalisé dans votre ouvrage de déconstruction de la propagande israélienne. Quel est votre bilan sur cette conférence ?
J'attends toujours des comptes rendus sur les communications présentées à la conférence, la presse n'en a pas donné, à ma connaissance. Je partage bien entendu l'opinion du président Ahmadinejad ; puisque les Alliés ont conclu qu'Hitler avait exterminé et génocidé six millions de juifs, ils auraient dû offrir un refuge aux survivants rescapés quelque part en Europe ou aux Etats-Unis, en aucun cas créer une tumeur coloniale au Proche Orient, en prenant pour prétexte la bien réelle souffrance des juifs européens. Il faut continuer à miner l'empire du mensonge. J'ai d'ailleurs publié un autre livre centré sur les mythes fondateurs, ceux des Etats-Unis, « avant-garde de la décadence » (éditions Vent du large, 1997); dans celui-ci aussi, je montre comment une doctrine politique funeste, celle de l'impérialisme US, prétend se justifier avec des arguments censément religieux, c'est-à-dire en fait rattachés à des dogmes qui naissent de la lecture littérale de la Bible. Dans mon livre Le Terrorisme Occidental , qui est mon testament spirituel, mon objectif reste le même : montrer l'imbrication entre le religieux et le politique, lutter contre l'hégémonie basée sur l'usurpation et la falsification.
Les tentatives pour étouffer vos idées en France, ce pays qui était jadis envié dans le monde entier pour sa tolérance et son audace en matière de liberté de pensée, augmentent en fait la curiosité pour vos raisonnements. Quel serait l'apport spécifique de ce volume, Le Terrorisme occidental , auquel vous avez mis le point final juste après le 11 septembre 2001 (livre paru aux éditions al Qalam, 220 rue Saint-Jacques, 75005) ?
Je crois que mon horizon a continué à s'élargir. En 1979 j'avais publié Appel aux Vivants , et Avons-nous besoin de Dieu ; cela tenait d'une tentative de conversion des lecteurs de culture chrétienne à une foi véritablement active et agissante dans les problèmes contemporains. J'ai en outre publié plusieurs volumes sur l'islam, rappelant son histoire et ses valeurs. Dans ce nouveau livre, j'approfondis la question des religions non monothéistes, avec leurs richesses propres, et je montre qu'elles apportent des dimensions qui manquent dans nos trois grands monothéismes.
Quel rapport avec le terrorisme occidental ?
Je dis que l'Occident est un accident, dans l'histoire spirituelle du monde, et ses bases théologiques viciées produisent des dégâts immenses. Les Etats-Unis et Israël ont multiplié les opérations ponctuelles de terrorisme d'Etat ; au-delà des objectifs visés spécifiquement, comme le 11 septembre pour faire passer dans l'opinion les guerres contre l'Afghanistan et l'Irak, il s'agit de terroriser le monde entier, de tétaniser la réflexion. Ainsi apparaît le sens du 11 septembre : ce n'est pas l'expression d'un affrontement entre l'islam et le christianisme, ni entre l'Orient et l'Occident. C'est pourtant à cela, selon le scénario d'Huntington, que les conspirateurs prétendaient réduire le XXI e siècle. C'est dans l'éclatement des contradictions internes de l'occident capitaliste et colonisateur, en quête de méthodes capables d'assurer sa survie, qu'il faut chercher le sens profond du 11 septembre 2001.
Vous aviez publié vos mémoires en 1989, sous le titre Mon Tour du siècle en solitaire , qui expliquaient les expériences personnelles vous ayant amené à la découverte du devoir de rattacher vos combats inspirés par le marxisme avec une spiritualité enracinée dans les traditions de chaque peuple. Est-ce que ce livre est aussi basé sur des expériences personnelles ?
Ici je pars de mon expérience personnelle, mais je fais le parcours à l'envers, si je puis dire, à partir de ma situation actuelle, caractérisée par un degré d'incompréhension provisoire dans mon propre pays. Voici comment je résume mes découvertes décisives : « ma situation me donne le vertige : n'est-ce pas folie que de prétendre avoir raison contre tout le monde ? Dans cette froideur mortelle du vide et de la solitude [dans le contexte français, à partir de mon exclusion du parti Communiste français en 1973], j'ai enfin rencontré le monde réel, c'est-à-dire universel, alors que j'avais été confiné jusque-là dans une culture exclusivement occidentale. Ce colonialisme culturel dont j'étais, depuis l'école, pénétré, m'inspira une colère qui ne m'a plus quitté ».
Vous dites que vous restez à la fois chrétien et marxiste; parmi les philosophes européens du XXème siècle, y a-t-il d'autres personnalités dont vous vous sentiez proche? Quels seraient, dans le passé, dans la philosophie classique allemande, les philosophes avec lesquels vous fraternisez ?
Mon maître Gaston Bachelard était au-dessus de tous les autres. Dans ses méditations parallèles sur la théorie de la connaissance et sur la création poétique il a contribué de façon décisive à la philosophie de l'acte contre les philosophies de l'être. Déjà Emmanuel Kant combattait les philosophies de l'être, qui, malheureusement, malgré sa critique radicale, sont devenues des cauchemars dans le vide pour Sartre et Heidegger. Mais Bachelard a en outre ébauché une philosophie non cartésienne à partir de l'étude l'histoire des sciences, dont il fait un vaste poème de la création continue ; il appréhende cette vérité également à travers les arts, le rêve éveillé, la création poétique.
Votre livre porte donc sur l'esthétique, ce rameau d'or de la philosophie, ce domaine merveilleux où vous aviez tellement fait, dans les années 1970, pour empêcher les communistes de sombrer dans l'académisme policier ? Votre plaidoyer Pour un Réalisme sans rivages de 1964 avait libéré la réflexion de tous les révolutionnaires avides de création, mais soupçonnés par les commissaires politiques de la mesquinerie politicarde de gauche de faire le jeu de l'ennemi de classe, à l'époque ! Diriez-vous maintenant, avec d'autres, que la libre création artistique est devenue le lieu de la religiosité moderne authentique ?
Pas exactement, et certainement pas pour ce que propose le marché de l'art contemporain, totalement perverti. L'art a toujours été le chemin le plus court pour rapprocher les hommes, mais il ne doit pas donner lieu à une idolâtrie, se substituer à l'exigence de création sur tous les plans, qui va bien au-delà de telle ou telle réalisation classée comme artistique. Dans mon cas, la réflexion sur les arts non-occidentaux, qui ne prétendent jamais refléter ou commenter le monde, mais se projeter comme captation d'énergie et invention mythologique, a toujours été rattachée à la réflexion sur la pensée scientifique, depuis le début du XXème siècle, depuis la relativité et les quanta jusqu'à la biologie génétique ou l'astrophysique ; j'ai toujours rêvé de prolonger le parcours de Bachelard jusqu'au point où les deux types d'aventure spirituelle se rejoignent, pour voir dans l'invention scientifique un cas particulier de la création poétique, celui qui peut être soumis à la vérification expérimentale.
L'un des moments de votre biographie qui a le plus irrité vos confrères, si je puis dire, a été votre conversion à l'islam, après votre expulsion des rangs du Parti communiste français en 1973. En Occident on ne comprend pas, par exemple, pourquoi l'islam traditionnel a refusé la représentation dans les arts plastiques ; et cet ascétisme visuel musulman semble tellement contradictoire avec votre appétit de représentation, ce que vous appelez le réalisme.
Le puritanisme n'est pas une dimension décisive de l'islam, c'est une de ses tendances locales à certaines époques, et en matière artistique, le monde musulman déborde d'imagination pour faire comprendre les structures dynamiques de l'univers, ce qui est éblouissant dans l'architecture inspirée par l'islam. Il faut encore combattre la vision biaisée de la spiritualité musulmane, parfois relayée en Occident par les musulmans eux-mêmes. L'islam ne prétend pas être une religion nouvelle, il n'est pas né avec la prédication du Prophète. Allah n'est pas un dieu régional, qui appartiendrait aux Arabes. Allah veut dire « le dieu », et les chrétiens de langue arabe invoquent Allah. « Islam » implique que l'on s'abandonne volontairement et librement à Dieu seul ; cette attitude est le dénominateur commun de toutes les religions, depuis le premier homme auquel «Dieu a insufflé son esprit » (Coran XV, 29). Le Coran dit ceci : « Mohammed n'est qu'un prophète : d'autres prophètes ont vécu avant lui » (III, 114) ; et Mohammed lui-même ajoutait : « Je ne suis pas un innovateur parmi les prophètes » (XLVI, 9).
Vous expliquiez dans votre Tour du siècle en solitaire , que vous vous êtes affilié à l'islam parce que c'est « la religion dominante parmi les dominés », et parce que, en tant que communiste qui aviez été déporté au Sahara algérien, en 1941, vous aviez eu l'occasion de ressentir dans votre chair la grandeur de la civilisation arabe. Considérez-vous que l'islam est une religion qui a moins vieilli et qui est moins pervertie que d'autres ?
L'islam souffre de phénomènes de décadence comme toutes les religions qui ont atteint le stade de l'institutionnalisation dans un contexte qui n'existe plus. Le propre de l'islam, c'est une dimension philosophique qui est moins perceptible dans d'autres religions, c'est une vision dynamique du monde. Dans le Coran, ce dynamisme découle de l'incessante action créatrice de Dieu. Il est appelé « créateur par excellence », « celui qui ne cesse de créer » (XXXV, 81), « celui qui est présent dans toute chose nouvelle » (LV , 29). Cette création continue maintient l'existence de toutes les choses (II, 255). A la différence de ce qui est dit dans la Genèse , Il ne se repose jamais, « Il commence la création et la recommence » (X, 4). C'est pourquoi l'islam a un potentiel extraordinaire pour comprendre et guider le monde moderne ; la sharia coranique nous donne les principes directeurs pour la recherche des moyens d'une modernité différente de la modernité à l'occidentale. Les juristes du passé ont donné l'exemple de cette recherche, en faisant l'effort nécessaire ( itjihad ) pour résoudre les problèmes de leur temps ; chacun de nous est personnellement responsable de l'observation de cet esprit. Il faut tout d'abord passer d'une société fondée sur le profit, le monothéisme du marché, à une société fondée sur de véritables valeurs.
Mais la sharia n'est-elle pas justement le cadre pétrifié du légalisme maniaque qui caractérise les sociétés musulmanes les plus enkystées ?
Le terme sharia n'apparaît qu'une fois dans le Coran (45, 18) et il y a trois autres versets où figurent des termes de même racine ; le verbe shara'a (42, 13) et le substantif shir'a (5, 48). Ceci permet une définition précise : il s'agit d'une voie, et on nous précise que « en matière de religion Mohammed vous a ouvert une voie (le verbe shara'a est utilisé) qui avait été recommandée à Noé, la voie même que nous avions révélée, que nous avons recommandée à Abraham, à Moïse, à Jésus : suivez-la et ne faites pas de celle-ci un objet de division ». Il est donc évident que cette voie est commune à tous les peuples, auxquels Dieu a envoyé ses prophètes (à Tous les peuples, et dans la langue propre à CHACUN d'eux). Mais il se trouve que les codes juridiques concernant le vol et le châtiment approprié, le statut de la femme, le mariage ou l'héritage sont différents, selon la Torah juive, les Evangiles chrétiens ou le Coran. La sharia, loi divine pour aller vers Dieu, ne saurait donc inclure ces législations ( fiqh ), qui diffèrent selon l'époque et la société dans lesquelles un prophète a été envoyé par Dieu. Dieu dit dans le Coran (13, 38) : « à chaque époque correspond un livre », et aussi : « il n'y a pas une communauté dans laquelle ne soit pas apparu un prophète pour la mettre en garde et la guider » (35, 24 et 16, 36).
D'ailleurs, vous avez créé une fondation « Pour le dialogue des cultures » à Cordoue, en Espagne, et vous y avez inauguré une bibliothèque qui offre les trésors du soufisme, en version papier et en version numérique, où s'est tenu un colloque international sur Ibn Arabi, et où se multiplient conférences et expositions. Vous êtes en fait un continuateur de la tradition mystique de Al Andalus, cet âge d'or où l'Andalousie et le Maghreb étaient les facettes complémentaires d'une même civilisation des deux côtés de la Méditerranée. Cette tradition mystique s'est perpétuée dans les lettres espagnoles, de saint Jean de la Croix , jusqu'à Maria Zambrano, Juan Goytisolo, Antonio Gala… Mais vous luttez aussi contre l'intégrisme musulman ?
Bien sûr ; il faut encore et toujours combattre la prétention d'« appliquer la sharia divine » telle que définie dans le Coran, en la confondant avec le fiqh , ses applications humaines et variables selon les contextes ; certains juristes ont fait des interprétations des commandements qui ont été biaisées par les injonctions du pouvoir, c'est là la maladie principale de l'islam. L'islam a tout à fait raison de rejeter la décadence de l'occident et l'hypocrisie sous-jacente à l'idolâtrie des « droits » ; il faut rejeter le néocolonialisme et la collaboration avec le monothéisme du marché que prétendent imposer les Etats-Unis et ses vassaux occidentaux à travers les diktats du FMI. La loi divine, la sharia , est ce qui unit entre eux les hommes de foi ; or prétendre imposer aux hommes du XXI e siècle une législation du VII e siècle et qui valait pour l'Arabie, est une œuvre de division qui donne une image fausse et repoussante du Coran, c'est un crime comme l'islam. Le littéralisme est un symptôme de paresse intellectuelle.
La France vient de se passionner pour des affaires concernant la liberté d'expression. Le procès de Charlie Hebdo a été l'occasion pour la classe politique de réaffirmer qu'on a le droit de donner une vision caricaturale de l'islam, sans être accusé d'encourager l'islamophobie ; au même moment, toute critique de l'Etat d'Israël, ou la moindre charge humoristique sur des gens qui se réclament du judaïsme, vous vaut en France, et ceci plus que dans n'importe quel autre pays au monde, un procès pour incitation à la haine. Qu'en pensez-vous ?
La diabolisation de l'islam est une catastrophe, mais j'ai une grande confiance dans la sagesse des musulmans. Je continue à distinguer la religion juive – qui comporte des éléments respectables, et qui a donné leurs valeurs universelles à de hautes personnalités dont certaines ont été mes amis, comme Bernard Lecache, fondateur de la LICRA – , de la critique de la politique israélienne : c'est cette politique et les déclarations délirantes de ceux qui la soutiennent, qui fabriquent l'antisémitisme, incontestablement. Et j'ai d'ailleurs gagné un procès contre la LICRA en 1982 !
Dans quel pays voyez-vous des signes solides de résistance à la globalisation USienne ?
La Russie et le monde musulman sont « condamnés à être des alliés stratégiques », comme l'a dit le président de la Douma et secrétaire du parti communiste russe, « à partir du moment où ils ont également intérêt à éviter l'hégémonie états-unienne. Ce rapprochement concerne aussi la Chine , pour les mêmes raisons. Le problème aujourd'hui est de savoir si la Russie parviendra, au plan intérieur à se débarrasser de la maffia américano-sioniste qui en faisant main basse sur son économie au profit des spéculateurs, veut l'intégrer dans l'américanisation générale du monde. Il faut, une fois débarrassée de cette pieuvre, que la Russie rétablisse des liens fédéraux et fraternels, avec la Biélorussie et l'Ukraine, et les républiques de l'Asie centrale. De la sorte, la Russie renouera avec son rôle traditionnel dans la restauration de l'unité symphonique du monde, contre les hégémonies, contre la scission du monde entre nord et sud, contre l'arasement des identités et des cultures.
Percevez-vous en Amérique latine, le continent rebelle en ce moment, qui a retrouvé un élan bolivarien dans l'affrontement avec les Etats-Unis, une force spirituelle particulière ?
Bien sûr, car depuis les années 1960, l'Amérique latine est à l'avant-garde de la rénovation de la pensée chrétienne, qui a été entreprise par Jean XXIII. L'encyclique « Gaudem et spes » reste le texte prophétique de l'époque. Jean Paul II a voulu ramener l'Eglise catholique dans les rails de l'expansionnisme européen, c'est réaffirmé dans le Catéchisme officiel de 1992. Cela laissait les mains libres à la CIA pour infiltrer les églises, avoir l'œil sur les chrétiens critiques, les militants populaires et les leaders progressistes. Le journal de l'agent secret Philip Agee, Dix ans à la CIA l'a confirmé, de même que le tribunal Russel, réuni à Rome en janvier 1976, avec son rapport sur « la pénétration impérialiste dans les églises de l'Amérique latine ». Nelson Rockefeller, envoyé par Nixon pour observer le sous-continent le disait : « Les changements structurels dans la communication et l'éducation font de l'Eglise une force de changement décisive, et de changement révolutionnaire s'il le faut. » l'Amérique latine a donné des martyrs, Camilo Torres le Colombien, les dominicains torturés frère Betto et Tito de Alencar, au Salvador Mgr Romero et les six jésuites assassinés dans leur dortoir ; elle a donné aussi d'excellents théologiens, dont Ignacio Ellacuria, jésuite salvadorien assassiné, Leonardo Boff, Jon Sobrino, Hugo Asmann, Juan Luis Segundo, Rubén Alves, et le père de la théologie de la libération, Gustavo Gutiérrez ; mon grand ami l'évêque de Recife dom Helder Camara a donné un formidable élan à beaucoup d'autres. Comme l'écrit Enrique Dussel, la théologie de la libération est « un moment réflexif de la prophétie, qui naît de la réalité humaine, sociale, historique, destinée à penser, à partir d'une vision d'ensemble du monde, des rapports d'injustice exercés depuis le centre en direction de la périphérie des peuples pauvres. » Et les pauvres sont le lieu théologique par excellence d'où l'on peut comprendre la révélation divine qui a été faite aux hommes, et pour appréhender le sens du salut critique.
Dans votre livre figure aussi une forte condamnation du Vatican. Peut-on affirmer que vous rejetez toutes les religions sous leur forme institutionnelle ? Les religions africaines, en pleine renaissance, sont absolument décentralisées…
Au contraire, il ne s'agit pas de rejeter les religions qui se servent du mot « Dieu » dans son sens traditionnel, c'est-à-dire avec ses attributs de pouvoir et d'extériorité, mais de considérer chacune avec respect ; de voir dans leurs croyances propres et leurs rituels une expression symbolique de la recherche du divin, du salut des êtres humains, de tous les êtres humains, de leur accès à la plénitude par participation dans une totalité vivante, créatrice incessamment, dont chacun, à son échelle, est responsable. Aucune religion ne doit avoir la prétention de monopoliser l'absolu. Elles ne sont pas rivales mais complémentaires ; Il faut ajouter aux apports des théologies de la libération en Amérique du Sud et du Centre, à la renaissance de l'islam dans la mesure où il retrouve son universalisme matinal, la prise de conscience des valeurs traditionnelles de l'Afrique, qui agonise depuis des siècles par l'effet redondant de l'esclavage, du pillage colonial, de la spéculation de capitalistes étrangers.
Vous n'êtes pas seul dans votre tentative pour harmoniser une politique de justice sociale étendue au monde entier avec les valeurs les plus universelles, dont les religions veulent être les conservatoires. La sensibilité écologique, née dans le climat de ferveur spirituelle allemande des années 1930, a souvent cette tonalité exaltée, panthéiste. Pensez-vous aussi que sur ce terrain l'Occident a perdu l'initiative de l'imagination, comme semble l'indiquer la teneur des grandes conférences mondiales pour la préservation de l'écosystème ?
Il faut commencer par reconnaître la riche unité entre la nature, l'humain et le divin. C'est à partir de ce que j'appelle la « civilisation des tropiques » que peut naître un monde nouveau, plus que de toute autre source ; nous n'avons le choix qu'entre le suicide planétaire, si nous continuons à obéir aux lois actuelles de la domination américaine, et une authentique résurrection. L'entreprise conjointe de la Chine et de l'Iran, de construire un pont euro-asiatique, est fondamentale, et ils associent déjà à leurs projets l'Amérique latine et l'Afrique.
Face à ce que vous appelez le « suicide planétaire », comment la « civilisation des tropiques » peut-elle rayonner ?
Il faut lire les Brésiliens, Gilberto Freyre le fondateur, avec son livre L'Homme, la culture et les tropiques , et lire Bautista Vidal, qui parle du « défi amazonien », puis Sergio de Salvo Brito, qui a prouvé qu'il est possible de fonder une civilisation mondiale basée sur des ressources énergétiques renouvelables, ce qui n'est pas en réalité un problème de technologie, mais de géopolitique. Voilà la civilisation alternative à l'actuelle anti-civilisation basée sur la croissance, qui n'est que la croissance des profits, ce qui entraîne pillage des ressources énergétiques, et distorsion actuelle de la politique internationale autour du pétrole. Toutes les guerres des Etats-Unis sont inspirées par la volonté de contrôler toutes les sources possibles du pétrole. La [première] guerre du Golfe a permis de prendre le contrôle de la production pétrolière de l'Irak, et, sous prétexte de « protéger l'Arabie saoudite », d'en faire un Etat vassal. Les embargos contre l'Iran et la Lybie visent aussi le pétrole. Les interventions destructrices en Europe, depuis la Bosnie jusqu'au Kosovo, avaient pour but le contrôle de l'Europe orientale, pour ensuite faire main basse sur les pétroles de Bakou et de la mer Caspienne, avec des bases aériennes chaque fois plus proches. Israël sert à exercer une tutelle sur la Turquie et l'Egypte, le pays qui reçoit les subventions les plus élevées des Etats-Unis, après Israël ! Les effets secondaires du détournement des ressources énergétiques mondiales conduisent au clivage du monde, tant que le pétrole continue à se négocier en dollars, qui servent à financer un illusoire « développement » à l'occidentale, basé sur la corruption des classes dirigeantes.
Des raisons d'espérer, devant le « naufrage du vaisseau Terre » qui se prépare ?
En choisissant de faire reposer leur prospérité sur des sources d'énergie non renouvelables, les maîtres (provisoires) du monde ont condamné eux-mêmes leur domination à être éphémère. Le pétrole peut leur accorder encore une vingtaine d'années mais guère plus, même si de nouveaux gisements exploitables étaient découverts, et à condition de continuer à exclure les deux tiers du monde de la consommation orgiaque que pratiquent les sept pays les plus riches au monde. Trois mesures peuvent être décisives : d'abord, que les dirigeants des pays producteurs de pétrole vendent celui-ci en monnaie locale, de façon à générer des phénomènes en chaîne qui pulvérisent l'hégémonie du dollar ; ensuite, que l'Assemblée générale de l'ONU oblige les Etats-Unis à payer sa propre dette, qui est la plus monstrueuse au monde, et enfin, il faut taxer de façon drastique la spéculation financière. Tout cela est possible si apparaissent de nouveaux centres de pouvoir qui s'appuient sur les peuples. Car cinq siècles de colonisation et un demi-siècle de dégâts causés par le FMI n'ont pas détruit, dans le cœur des multitudes, le sentiment de la dignité, de la communauté, et du don de soi-même, dont la victoire de Gandhi, malgré son martyre final, reste, encore et toujours, l'exemple éblouissant.
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Hommage à Roger Garaudy
Tribune Libre - Boudaoud Hammou |
La faillite multidimensionnelle à la quelle est arrivé le monde exige qu’une réflexion profonde soit enclenchée, elle servirait à nous permettre de prendre conscience de nos actes et se rendre compte que la marche à l’abîme s’accélère, c’est le message que le philosophe Roger Garaudy a voulu transmettre avec insistance dans son ouvrage Appel aux vivants (1).
« Je ne reconnais pas l’imam à son turban, le prêtre à sa croix, le rabbin à sa kippa » ; ce sont les mots, du dernier poème, des dernières pages, du denier ouvrage de Roger Garaudy, Le terrorisme occidental (2).
Homme de foi, philosophe et homme politique, Garaudy a laissé derrière lui un héritage intellectuel digne de ce non. Comme l’a superbement exprimé le poète arabe El Motanabi, exaltant son propre talent : « Je dors pleinement ma nuit, et derrière moi les gens se disputent sur la véracité de mes mots ».
Garaudy peut dormir sereinement dans sa dernière demeure, sa philosophie sera forcement reprise, critiquée ou développée même de manière plus exhaustive par des générations futures, car elle fut humaniste, donc universelle, non seulement par les musulmans dont ce philosophe a tenté de chambouler les schèmes de pensée en posant des questions essentielles et en combattant de manière objective l’intégrisme qui n’a fait que freiner l’élan, voire rétrécir l’étendue intellectuelle et l’esprit tolérant de l’islam ; le combat de l’auteur s’étale tout au long des cultures et des religions et, plus précisément, les religions monothéistes : Islam, Christianisme et Judaïsme. Garaudy l’exprime ouvertement dans la première page de son ouvrage, Les mythes fondateurs de la politique israélienne (3) : « Les intégrismes, générateurs de violences et de guerres, sont une maladie mortelle de notre temps ». L’auteur dénonce avec preuve l’hérésie de la politique sioniste consistant à substituer au Dieu d’Israël l’Etat d’Israël à l’aide des porte-avions américains et l’initiative de Théodore Hertzel soutenu par l’organisation sioniste mondiale. Dans son livre, Grandeur et décadence de l’islam (4), Garaudy dénonce l’épicentre de l’intégrisme musulman : l’Arabie saoudite. « J’ai désigné le Roi Fahd, complice de l’invasion américaine au Moyen Orient, comme ‘‘prostituée politique’’ qui a fait de l’islamisme une maladie de l’islam ». Deux ouvrages consacrés à l’intégrisme chrétien également ; Vers une guerre de religions (5) et Les fossoyeurs : un nouvel appel aux vivants (6), où Garaudy dénonce l’intégrisme chrétien de Saint Paul. Pour reprendre l’expression de Dominique Urevoy, développée dans son livre, Libres penseurs de l’islam classique, est-il possible de considérer Roger Garaudy tel un libre penseur moderne ?
En effet, Garaudy a remis en cause la philosophie occidentale aussi bien du point de vue de son fondement que de ses conséquences. D’abord ses fondements où l’auteur s’est permis, pour faire mienne l’expression de Raymond Aron, de faire des acrobaties intellectuelles ; il a critiqué acerbement le postulat de Faust : le primat de l’action et du travail. « C’est en agissant sans relâche que l’homme déploie toute sa grandeur, l’homme par son cerveau tout puissant devient un dieu ; l’auteur a précisé que les révolutions bourgeoises ont été faustiennes, celle de Cromwell, celle de l’indépendance américaine et celle de Robespierre. Puritains et jacobins ont eu la religion du travail, le marxisme est de ce terreau de l’Occident ». Marx, selon Garaudy, doit à la philosophie classique allemande, de Fichte, de Nietzsche ou de Hegel « ce primat de l’action comme création continuée de l’homme par l’homme ; de l’économie politique anglaise d’Adam Smith et de Ricardo qui ne voyait pas en l’homme qu’un travailleur et qu’un consommateur, il tire de Saint Simon, apôtre de la société industrielle, une vision faustienne du socialisme » (7). Garaudy déplore l’absence des fins et la domination de la logique du marché : produire, produire, l’utile, l’inutile, le nuisible même le mortel ; le scientiste et le technocrate ne posent jamais la question du pourquoi mais toujours du comment.
Le deuxième postulat est celui du primat de la raison qui peut résoudre tous les problèmes matériels et spirituels. « C’est la caractéristique du grand rationalisme, celui de Spinoza ou de Hegel, pour qui la raison résout le problème des fins – ou du petit rationalisme –, celui du positivisme d’Auguste Comte pour qui, la raison résout le problème des moyens ». Pour leur répondre, Garaudy propose la sagesse de Gandhi : « La fin et les moyens sont des termes convertibles […] La fin vaut ce que valent les moyens, les moyens sont comme la graine et la fin comme l’arbre, on récolte exactement ce qu’on sème, c’est pourquoi si nous sommes attentifs aux moyens, nous sommes sûr d’attendre les fins. » (8)
Garaudy, penseur libre, critique vis-à-vis de tout dépassement et extrémisme, a mis à l’épreuve la philosophie occidentale excessive concernant l’exaltation du soi ; il a développé une nouvelle forme de pensée, une philosophie à l’objectivité sans faille en proposant la philosophie de l’acte à la place de la philosophie de l’être. « Si j’embrasse aujourd’hui d’un regard la totalité de ma vie, écrit Roger Garaudy, ce qui en fait l’unité, dans la diversité de ces recherches, c’est ce passage de la philosophie de l’être à la philosophie de l’acte » (9). Mais, Garaudy épris par l’idée de la philosophie de l’acte, cherche à comprendre la nature de cet acte : « La recherche angoissante et passionnée de Dieu qui n’est pas un être mais un acte, l’acte de créer, l’acte qui fait être et auquel nous sommes chaque jour appelés à participer. » (10)
Garaudy pense que l’Occident qui croit avoir raison sur tout, hégémonique sur tout, a conduit l’humanité à l’impasse ; il l’exprime ainsi : « L’Occident est un accident ; il a cassé le monde en trois cessions ». La première cession s’est produite « au VIe et Ve siècles avant l’ère chrétienne. Elle se fonda en exceptionnalisme grec et en exceptionnalisme juif. Oublieux de leur emprunt à l’Asie – comme plus tard à l’Afrique et au reste du monde –, ils considéraient comme barbares tout ce qui n’appartenait pas au monde grec et ne parlait pas sa langue, créant ainsi, de cet artificiel splendide isolement, le mythe du miracle grec… La deuxième cession, devenue une négation, une destruction et surtout une domination, de tout le reste du monde, de sa foi et de ses cultures autochtones, dura 15 siècles, ceux du colonialisme des nations chrétiennes même lorsque la réforme coupa en deux l’Europe : le nord protestant et le sud catholique… La troisième cession survint au milieu du XXe siècle, lorsque, après l’épuisement et la ruine de l’Europe entière, de l’Atlantique à l’Oural, par suite de deux guerres intra-européennes, l’axe du monde bascula : les Etats-Unis d’Amérique, enrichis par l’agonie de tous les peuples. » (11)
Partant d’un principe de dialogue des civilisations et de reconnaissance des autres cultures, Garaudy écrit dans ses mémoires, Mon tour de siècle en solitaire (12) : « Je suis venu à l’islam avec la Bible sous un bras, et le Capital de Marx sous l’autre. Je suis décidé à n’abandonner aucun des deux ».
Musulman dans l’âme, pour exprimer clairement ses idées et convictions, Garaudy y allait encore plus loin pour dire que la sagesse est le chemin des croyants ; elle lui appartient où elle se trouve, il exprime une ouverture d’esprit qui n’est pas étrangère à l’essence même de l’Islam, elle fut exprimée surtout par des philosophes musulmans tels Al Kindi ou Ibn Ruchd qui dit : « De ce que quelqu’un erre ou bronche dans l’étude (des livres anciens), soit par faiblesse d’esprit, soit par vice de méthode, soit par impuissance de résister à ses passion, soit faute de trouver un maître qui dirige son intelligence dans ces études…, il ne s’ensuit pas qu’il faille interdire ce genre d’études à celui qui en est apte. Il nous faut, lorsque nous trouvons chez nos prédécesseurs des nations anciennes une théorie réfléchie de l’univers, conforme aux conditions qu’exige la démonstration, examiner ce qu’ils en ont dit, ce qu’ils ont affirmé dans leurs livres. Si ces choses correspondent à la vérité, nous les accueillerons à grande joie, et leur en serons reconnaissants. Si elles ne correspondent pas à la vérité, nous le ferons remarquer, mettons les gens en garde contre elles, tout en excusant leurs autres. » (13)
Comme l’avait exprimé Rachid Boujedra, en répondant aux questions d’Amine Zaoui sur la problématique de la modernité : « Nous étions plus moderne que maintenant ». Garaudy nous donne deux enseignements ; si on veut être moderne, il faut éviter deux choses préconise-t-il : « L’imitation de l’Occident et l’imitation du passé ». Il précise « qu’avec les hommes qui ont eu le génie de résoudre, à partir de la révélation éternelle du Coran, les problèmes de leur époque. Alors que nous ne pouvons résoudre les problèmes de la notre en nous contentant de répéter leurs formules, mais en nous inspirant de leurs méthodes. Revenir aux sources, ce n’est pas renter dans l’avenir à reculons » (14). Cette modernité implique une ouverture d’esprit que Garaudy a toujours défendue ; elle est l’essence même de toute réflexion intellectuelle acceptable car elle nous ramène à la sagesse, à l’expérience et à la méthode.
Mon expérience du marxisme, écrit Garaudy, « m’a appris que le déterminisme selon lequel l’avenir n’est que le prolongement nécessaire du passé, ne pouvait fonder qu’une doctrine conservatrice, à la manière de l’empirisme organisateur de Charles Murasse ; une révolution a plus besoin de transcendance que de déterminisme ». Mon expérience de musulman « m’a appris les exigences, ou plutôt les sacrifices qu’implique la communauté. Tout individualisme, même codifié dans des déclarations des droits de l’homme, ne conduit qu’à la jungle d’égoïsmes affrontés où chacun est le concurrent et le rival de tous ». Mon expérience de chrétien « m’a enseigné que Jésus n’est pas ce Christ tout puisant que l’on déduit de ce que l’on croit savoir que Dieu pour en faire le fils de Yahvé, Dieu des armées et de la vengeance, ou de Zeus qui brandit la foudre. Il nous a au contraire montré, par ses actes, ses paroles et sa mort, que la transcendance peut émerger de l’impuissance même et l’amour : chaque être aimé devient une théophanie, une apparition vivante du Dieu. » (15)
Pour finaliser sa pensée, Garaudy opte pour un dialogue des civilisations après les avoir rappelées, chacune avec sa particularité propre et son apport au patrimoine de l’humanité ; il rappelle les occasions perdues qui pouvaient permettre à l’homme de vivre harmonieusement en dehors de l’esprit de haine et d’indifférence. Il rappelle l’expérience de Joachim de flore (1135-1202) qui refusait la prétention de faire de Jésus le Messie attendu par les juifs, et, par conséquent de faire de ce Christ le fondateur d’une Eglise judaïsée ; il rappelle également les tentatives de Thomas More (1478-1535) qui en suivant le développement de la société anglaise dans son fameux livre L’utopie, critique acerbement le passage de cette société de la féodalité au capitalisme marchand inauguré par l’industrie de la laine. Garaudy n’a pas oublié les tentatives des théologiens de libération en Amérique Latine, réflexion intéressante afin de mettre l’Eglise catholique sur les rails. Sans oublier les penseurs de la Nahda musulmane EL Afghani, Rachid Réda, Mohamed Abdou, Mohamed Iqbal et Ben Badis, Garaudy a précisé la perspicacité de Mohamed Abdou et sa tentative de rénover et lutter contre l’imitation aveugle du passé tout en trouvant une suite logique entre la raison (aql) et la révélation (naql). La raison, écrit Abdou, « n’est pas tenue d’admettre une impossibilité logique… Mais, si dans la prophétie, il y a quelque chose qui semble contradictoire en apparence, la raison doit se dire que le sens apparent n’est pas le vrai. » (16)
Finalement, comme futurologue et visionnaire, Garaudy nous précise que l’avenir est déjà commencé. « L’avenir a commencé le 7 mai 1996 à Pékin. Ce jour là, 34 nations étaient réunies pour participer à la construction du grand pont intercontinental eurasiatique. Une nouvelle route de la soie qui, pendant 14 siècles, avait liée l’Orient à l’Occident et à l’Afrique, non seulement par des échanges commerciaux mais par la fécondation mutuelle des cultures, des sciences, des techniques, et des spiritualités. » (17)
Hammou Boudaoud
24 juin 2012
Références :
(1) Roger Garaudy. Appel aux vivants. Le Seuil, Paris 1979.
(2) Roger Garaudy. Le terrorisme occidental. Al Qalam, 2004.
(3) Roger Garaudy. Les mythes fondateurs de la politique israélienne. Al Fihrist, Beyrouth 1998.
(4) Roger Garaudy. Grandeur et décadence de l’islam. Afkar, 1996.
(5) Roger Garaudy. Vers une guerre de religions. Descelé de Brouwer, 1995.
(6) Roger Garaudy. Les fossoyeurs : un nouvel appel aux vivants. Archipel, 1992.
(7) Roger Garaudy. Pour un dialogue des civilisations. pp 33,34. Denoël, Paris 1977.
(8) Ibid. p 188.
(9) Roger Garaudy. L’avenir, mode d’emploi. p. 233. Le Vent du Large, 1998.
(10) Ibid.
(11) Ibid. pp 36,37.
(12) Roger Garaudy. Mon tour de siècle en solitaire. p. 279. Al Fihrist, Beyrouth 1999.
(13) Abou Abid Al Jabiri, « L’islamisme. Pensée politique et sécularisation en pays d’Islam » in Les dossiers de l’Etat du monde. p. 27. La Découverte, Paris 1994.
(14) Roger Garaudy. L’Islam vivant. p 42. Al Fihrist.
(15) Roger Garaudy. L’avenir, mode d’emploi. p. 183-184. Le Vent du Large, 1998.
(16) Roger Garaudy. L’Islam vivant. p 48. Al Fihrist.
(17) Roger Garaudy. L’avenir, mode d’emploi. p. 353. Le Vent du Large, 1998.
From Muhammad al Mass'ari
Today 9th June 2015 at 9:06 PM
WEEKEND EDITION JUNE 5-7, 2015
An Interview with Lia Tarachansky
The Big Lie at the Heart of the Myth of the Creation of Israel
by DOUGLAS VALENTINE
Lia Tarachansky’s heart-wrenching documentary, On the Side of the Road, reveals the Big Lie at the heart of the myth of the creation of Israel.
Tarachansky had to break through a lot of personal and social barriers to produce this often infuriating film about the Nakba, the “catastrophe” of 1948, when approximately 750,000 Palestinians (a number that has grown to 1.5 million refugees living in camps over the ensuing 67 years) were expelled from their homes and forced into squalid camps, where they are denied basic human rights.
Tarachansky’s toughest challenge was overcoming her own deeply ingrained assumptions. Born in Kiev in 1984, her youth, as she described it in a previous interview, was “a shifting, uncertain reality. While I was only learning to read, my parents split, the Chernobyl nuclear reactor blew up, and the Soviet Union collapsed. I was too young to understand what was happening when we evacuated the city and prepared for what would turn into years of economic uncertainty.”
A Zionist, her mother took Lia and her sister to Israel where, she told her children, “banana-eating monkeys sit in palm trees,” and “everyone is Jewish.”
Those were among the first myths to fizzle out. A computer engineer, Tarachansky’s mother found work changing diapers in a retirement home, while Lia went from “being the only Jew in my Soviet kindergarten to being the only Russian in my Israeli elementary school.”
“We went from the façade of ‘equality for all comrades’,” Tarachansky said, “to the façade of ‘equality for all Jews’.” As she discovered, “Israel is a striated society, even among Jews, in terms of access to economic justice and rights.”
As she grew into adolescence in the settlement of Ariel in the occupied West Bank, Tarachansky also heard rumors of non-Jews inhabiting the land. As strange as it may seem, the settlers had no contact with the Palestinians living all around them. The Arab inhabitants of Israel were stereotyped as “terrorists” intent on slaughtering Jewish settlers, to be avoided at all costs.
Unfortunately, these stereotypes resonate as indisputable truth in America, which officially backs Israel’s war of attrition against the Palestinian peoples. Witness Illinois’s recent, unanimously passed law making it illegal to invest state pension funds in organizations that support the Boycott Divest Sanction (BDS) movement.
As in America, racial, cultural, class and religious prejudices dictate unjust social norms in Israel and determine its government’s repressive policies. The result is that Jewish Israelis celebrate and legalize their ethnic superiority and moral right to discriminate against Palestinians.
Crashing the Party
Having been a Zionist settler, Lia Tarachansky empathizes with Israeli Jews. Instead of condemning them, she examines and tries to understand her personal transformation, and that of other Israelis who are seeking to escape from embedded but false assumptions. Tarachansky’s film is about people who are struggling to deal honestly with the Nakba. This capacity for critical thought and self-examination is what enables Tarachansky to show so convincingly how and why the Zionists have locked themselves in a prison of their own making.
As she explains, the film is shot from the point of view of “return.” Perhaps even a return to sanity.
The documentary begins on balmy May 15th, Independence Day, with fireworks exploding in the night sky and Eitan Bronstein from Zochrot (an NGO dedicated to exposing the truth and raising awareness about the Nakba) posting signs and handing out fliers that show an Arab holding a key to his former home.
Recoiling in horror at what she views as a mortal threat, an Israeli woman proudly proclaims, “I’m a racist.”
She says to Bronstein, “It’s a pity people like you are even alive.”
What Bronstein is doing isn’t popular. And it’s not just public opinion he is challenging. At the time the documentary begins, the Israeli government is enacting a law to repress the true history of the Nakba, and in the process, wash away Israel’s sins. The proposed law will make it illegal to mourn ‘the catastrophe” on Independence Day. It will turn what Bronstein is doing into a crime. It’s an anti-democratic, racist, and discriminatory law, but, as we learn, Dov Yermiyah was the only Jewish member of Knesset to speak against the law, which passed by a vote of 37-25. The full 48 members of the opposition at the time did not vote against this bill, most simply abstained.
Going against society is never easy, even when the society embraces immoral positions. But heroic individuals do exist, and Tarachansky’s documentary also features Tikva Honig-Parnass. Raised in a Jewish community in Palestine, Honig-Parnass fought in the 1948 war and later served as the secretary of the Unified Workers Party in the Knesset (1951-1954). Over 30 years ago she broke with Zionism and joined the Socialist organization known as Matzpen. Since then she has played an active role in the movement against the second phase of the occupation that began in 1967, as well as in the struggle for Palestinian national rights.
Tarachansky films Honig-Parnass while she visits a village she helped destroy, and records her while she speaks about her personal struggle to overcome denial. Tikva explains why she and her comrades were prepared to believe the lies they were told by their leaders in 1948. As the deputy mayor of Kedumim settlement, Shoshana Shilo, says later in the film, they were told it was an “empty land” consisting only of “Arabs and malaria.”
The cause was said to be just, but Jews were a substantial minority in Palestine prior to 1948, with most arriving in 1948 only after the purge. Moreover, the Anglo-Americans who ruled the United Nations partitioned Palestine without consulting most Palestinians, while those who were consulted, rejected the plan. Although the UN plan was not implemented, as Gary Leech explains, “the Jewish population in Palestine unilaterally announced the creation of the state of Israel on May 14, 1948.”i
“By the end of 1949,” Leech said, “Israel had destroyed more than 400 Palestinian villages, massacred thousands of civilians and forcibly displaced almost a million Palestinians, who ended up in refugee camps in neighboring Arab countries. In other words, with the Jewish people having just endured the horrors of the Holocaust, the Zionists were now carrying out, according to Pappe, the ethnic cleansing of the Palestinian people.”
“We didn’t care where they went,” a veteran who fought with the Palmach tells Tarachansky. ‘Ruhu el Gaza, Go to Gaza,’ we told them, as we expelled them.” Referring to the massacre at Burayr, a village in the south of the country, he says remorsefully, “We killed 70 people there.”
Facing the Facts
Lia Tarachansky began her own research into the Nakba after her mother remarried and the family moved to Ottawa, Canada. Lia was 16 at the time. In Canada, half a world away from settlements and Israel’s closed society, her personal transformation began. She met anti-Zionist Jewish students, read many books, including Ilan Pappe’s The Ethnic Cleansing of Palestine and, as she told Sarah Levy in a previous interview, met a Palestinian for the first time.ii
“The strongest thing for me was having a conversation with a Palestinian for the first time, when I was at school in Canada. I was standing somewhere in the university and this guy comes up to me and asks for directions. And we start talking and he says, “You have a strong accent, where are you from?” and I say, “Oh, I’m Israeli,” and he says amiably, “Oh yeah? I’m a Palestinian!”
“So he asks for directions and then he goes on his way. And as he walks away I realize that I’m holding my purse just a little bit tighter, that my whole body is kind of uptight, and it takes me a couple minutes to calm down from being terrified for my life. But then out of that brief interaction I realized: he knows I’m an Israeli, he told me he’s a Palestinian, and he didn’t try to kill me. That was revolutionary for me because, I’d been told my whole life that Palestinians are just brainless, emotional, primitive murdering anti-Semites who just want to kill Jews all the time. And here was this totally polite sensible nice guy and yet he was a Palestinian.
“I know it sounds horrible, but for me, that was something that didn’t fit with anything I had known before. So it actually began a very violent process of tackling a lot of the mythology that I thought was true about the conflict.”
While a student at the University of Guelph, Tarachansky read Stanley Cohen’s monumental book, States of Denial: Knowing about Atrocities and Suffering. As her awareness grew, she shifted her career path from medicine to journalism and eventually got a job with The Real News Network. She eagerly became its correspondent in Israel and Palestine, where her research became a part of her job. She went to archives, looked at maps, and located villages that had been abandoned and destroyed during the Nakba. She also located veterans of the 1948 expulsion, one of whom, Amnon Noiman, she interviewed over a period of four years for the documentary.
Noiman is the central character in the documentary. A droll octogenarian, he wonders if his marriage of 56 years will last. He’s smart and funny, but tormented. He grapples with his guilt as he and Tarachansky visit places where he and the Palmach (the strike force of the Hagana) massacred people and expelled them from their villages, later burning them to the ground.
“It’s been eating me up,” he says. “They ran away and we shot them… I was 19. I was a fool. That’s why I’m in such despair. Because there will always be new 19 year olds.”
When Arabs would return to prune vines their families had tended for centuries, the Zionist militias would wait in ambush and shoot them.
“Most people left on their own,” Eitan Bronstein explains, “because after a few massacres and after you shoot a few people in the head…you don’t need many for people to flee.”
“The main project since Forty-Eight,” he adds, “is to shut the door, to prevent their return. The Nakba is this central point of preventing return. And since then, we’ve prevented and denied their right of return.”
“Without understanding 1948 you simply don’t understand where you live, and we Israelis simply have no idea what the conflict we live in is all about.”
Palestinians were driven from land they’d lived on for thousands of years, so Jews could prosper. And while the film is not about Palestinians as much as it is about the self-delusions that pervert the collective Israeli consciousness, it does include the perspective of Khalil Abu Hamdeh, whose grandparents were expelled in 1948 and whose families have been living in the West Bank under the yoke of Israeli occupation ever since.
Tarachansky films Hamdeh after he gets a permit to leave the Asqar Refugee Camp where he lives, near the northern West Bank city of Nablus. The camp looks like bombed-out Belfast, with scrawny kids playing in rubble. Together they visit Qaqun, the village where his grandmother fled. Qaqun is now a national park. His grandfather’s village, near Jaffa, was razed to the ground.
“How can it be,” Tarachansky asks of one of the veterans in her film, “that three years after the Holocaust the Jewish people kill, massacre, steal, rape, and pillage what was left?”
Honig-Parnass responds: “It’s a mistake to think that a personal experience, such as losing family in the Holocaust, is motivation for a more humanitarian worldview. Quite the opposite, it’s not the personal experience but the ideology that you use to interpret it.”
The documentary ends a year after it began, with Eitan Bronstein crashing another happy Israeli Independence Day celebration. The police are irritated because he intends to distribute fliers with names of villages that were destroyed in the Nabka. The cops say his fliers are inciting materials and a disturbance to the peace.
A bystander IDF soldier watching the ruckus turns to Tarachansky’s camera and says “You’re lucky the cops are here. If we had the chance, we’d shoot you one by one.”
The cops smile.
Very Dear Roger,
You know the limits of my strength. I weaken every day, even though many think that my strength is great because my voice is still resounding and because, as soon as I have the conviction that an action or an issue creates injustice or falsehood, I recover my energies, however briefly.
Forgive me for talking so much about myself, but this is to explain to you and to all who would deem it useful to make my letter known, why, despite phone calls, I am late in expressing my convictions concerning you as a person, whom I have known for over 50 years, and concerning your actions, from the most intimate to those having great public consequences.
As a communist deputy, you were the first person with whom I had a debate, the memory of which has remained unforgettable because it was fruitful for both of us.
Your most recent book reached me while I was at the limits of my strength, attending to other pressing tasks. At 83, with all that is happening to me, I can read very little. I have only 2 hours in the morning and 2 hours in the afternoon when I can really work.
About this crushing, thousand year old unending drama surrounding Israel, you have known, for many years, my careful considerations and you know that my thoughts extend beyond the contemporary dramas.
We have had serious discussions about this subject.
It is impossible for me to speak about your new book with all the care that is required, not only because of its fundamental subject, but also because of the amazing, brilliant and scrupulous scholarship on which each argument is based, as I noticed while going through it.
I will do my best so that soon, true historians with your same passion for truth will set out to debate it with you.
The insults against you that I have seen (even in a Daily that I like most because of its customary objectivity) and that have bombarded you from all sides show the dishonesty of those who have rashly condemned you.
In this letter, I want to make public two convictions: one, in a few words, concerning your person; the other (still imperfectly expressed) concerns how my life has led me to conceptualize the succession of historical events, which I view with sadness. Such is the admirable faith (but for many centuries withdrawn to itself) of this people, my brothers, that limits itself by not hearing the call to a mission of another, nobler greatness.
Providence had allowed me, in other times (that seem so near), at the risk, voluntarily accepted, of my life, to come to the help of those I could help. Because of this, I am particularly sensitive to their pain.
About you and your life, a few words suffice. You are one of those men who will never cease to be tormented by a devouring thirst for the Absolute, until faced with Infinite Love.
I blame those who are too superficial, or too busy with many other things, that they do not know how to respect and love your research, and do not understand the manner in which (all during your life) you have tried to approximate the Absolute, approaching it from its many, perceived, fragmented dimensions, from all over the world and through the centuries, that people share (and over which they are led astray, and sometimes fight).
It is not without some painful trembling and great humility that I invoke another of my convictions concerning the Jewish portion of the human universe.
After I finished my theological studies, I pursued my own biblical studies. It came as a horrible shock when I discovered the Book of Joshua. I had already been gripped by more serious trouble when I learned of the Golden Calf's order to massacre 3000 people a short time before Moses brought the "Table of Laws," which said, "Thou shall not kill!" But with Joshua, I discovered (surely told centuries after the event) how a true Shoah took place on all existing life in the "Promised Land."
I say: "If I promise you my car, and if you come at night, kill the guard, force the door open and take the promised car, then what is left of the 'promise'?"
Doesn't violence destroy the foundation of the promise? Indeed, afterwards, the Covenant will continue to be repeated constantly with a people who (not unique, it seems, but unique as a highly constituted people) have in their conscience the notion of a Unique Eternal (indeed, not yet clearly knowing that this Essence is Love). I live this revelation with Jesus, Jesus who founded the Trinity of faith: Deus caritas est. But does not this Covenant also concern this part of the world (that can and must be called not "Promised Land," but "Holy Land," filled with crimes but also with Prophets)?
I can no longer justify promises by God (even if orders to massacre are attributed to Him -- and isn't this an offense to God?) for only this corner of the earth, for or against which so many are still dying today.
Is not the Covenant to send all of Israel to spread the faith it has received, for all of the earth?
The promised land is for every Believer (hence, for every Jew, too). I cannot swerve from this idea, of carrying to the whole earth the JOY of experiencing the true GOD.
Oh, how I would like to still be young, to work with fraternal groups for the realization of the mission received first in Israel, then in Jesus.
I do not ignore that the retreat of Israel upon itself is partly due to the strange reversal of history caused by Constantin after the Edict of Milan, and the harmful consequences that accompanied its beneficial effects.
We have heard that in the year 2000, the Pope (will it be the same Pope?) will express the intention to confess the historic mistakes that accompanied the zeal of Christian missions.
Could he underestimate the role that the words, "deicidal people," played in anti-semitism? This would be insane, for it is to all peoples, to all humans, that Jesus offered himself in ransom.
At that time, forbidden martyrs were replaced (to compensate for the decadence of the empire) by the disastrous structures of privilege: Prince-Bishops, Pope-Kings, including the most abusive confusion between the spiritual and temporal.
Roger, we are both old men, and we have to talk more about this and question people more scholarly than myself. Please, from these illegible lines that we will read together over the telephone, keep the force and loyalty of my affectionate esteem and my respect for the enormous work of your new book. To confuse it with what has been called "revisionism" is a deception and a veritable slander by unthinking people.
I embrace you and assure you that you and your family will remain present in my daily offering.
Your brother,
Abbe Pierre
May 11, 1996
Dear Abbe Pierre, Dear Roger Garaudy,
I am saddened by the flood of hatred and contempt heaped upon you. This reveals the feeling that many carry in their hearts. Remember, Abbe Pierre, a devoted man, dragged in mud, will enhance your value (in the eyes) of the one who judges and condemns.
And you, Roger Garaudy, you have a twofold luxury: in the eyes of the French, you incarnate two phobias -- communism and Islam. One would think you do it on purpose.
You have proved that you love the Jews infinitely more than those who give lessons. But here you are, you also love the Palestinians and Arabs in general, the majority of whom are Muslims, but sometimes Christians. All Palestinian or Arab brothers who, for generations, have been humiliated, colonized, dispossessed, bashed, imprisoned, starved. And you have reason to love them and to want justice and peace for them. Nobody understood (and nobody explained, either) that it is because of them that you embarked on the mad enterprise that consists in trying to explain (to the ignorant and to people who do not want to know) the consequences of the horrible extermination of Jews, or the fate of the Arabs, who had nothing to do with Polish or Russian pogroms, the Dreyfus Affair, the concentration camps, or the Nazi extermination. And yet, it is they who are dispossessed. What is contested is not the abjectness and horror of antisemitic massacres, it is their use to justify the creation and permanent expansion of the State of Israel and to cover up mad injustices. To make of "Auschwitz" a political argument to support Israel is to run the risk that this argument be contested. And when the historical reexamination of the Nazi period is refused, when the files are closed, is not that really to prevent the questioning of the legitimacy of the State of Israel and its behavior? Yet history will prevail. One day, everything will be known.
Thank goodness that it was a Jewish historian (for whom I have great respect) who wrote 30 years ago in "Les Temps Modernes" a marvelous article, "Israel, Colonial Fact?" Is he right or wrong? And if it is true that the colonization of Palestine was devised by the Zionist movement a hundred years ago, during the height of the colonialization period, is there no reason to doubt that this colonial domination will end like the others? It is better to think about it than to curse. Has not Arafat agreed to pay a heavy price for peace? And, to a certain extent, the Israeli pacifists, too? Rabin included? Are "negationists" the Nazis of today who want to revise history in order to give good reason for the Nazis of yesterday? I will never believe (after reading Abbe Pierre's declarations and R. Garaudy's book) that these brothers have converted to Nazism.
It is said that the theology of Abbe Pierre is "obsolete." I know others who are even more so, and who could do better to be more modest.
As for you, my two brothers, the struggles you are waging, at your age, to raise the consciousness of all those who need it, compel respect and contribute to hope.
Pastor Roger Parmentier
Letter of Abbe Pierre to Roger Garaudy
April 15, 1996Very Dear Roger,
You know the limits of my strength. I weaken every day, even though many think that my strength is great because my voice is still resounding and because, as soon as I have the conviction that an action or an issue creates injustice or falsehood, I recover my energies, however briefly.
Forgive me for talking so much about myself, but this is to explain to you and to all who would deem it useful to make my letter known, why, despite phone calls, I am late in expressing my convictions concerning you as a person, whom I have known for over 50 years, and concerning your actions, from the most intimate to those having great public consequences.
As a communist deputy, you were the first person with whom I had a debate, the memory of which has remained unforgettable because it was fruitful for both of us.
Your most recent book reached me while I was at the limits of my strength, attending to other pressing tasks. At 83, with all that is happening to me, I can read very little. I have only 2 hours in the morning and 2 hours in the afternoon when I can really work.
About this crushing, thousand year old unending drama surrounding Israel, you have known, for many years, my careful considerations and you know that my thoughts extend beyond the contemporary dramas.
We have had serious discussions about this subject.
It is impossible for me to speak about your new book with all the care that is required, not only because of its fundamental subject, but also because of the amazing, brilliant and scrupulous scholarship on which each argument is based, as I noticed while going through it.
I will do my best so that soon, true historians with your same passion for truth will set out to debate it with you.
The insults against you that I have seen (even in a Daily that I like most because of its customary objectivity) and that have bombarded you from all sides show the dishonesty of those who have rashly condemned you.
In this letter, I want to make public two convictions: one, in a few words, concerning your person; the other (still imperfectly expressed) concerns how my life has led me to conceptualize the succession of historical events, which I view with sadness. Such is the admirable faith (but for many centuries withdrawn to itself) of this people, my brothers, that limits itself by not hearing the call to a mission of another, nobler greatness.
Providence had allowed me, in other times (that seem so near), at the risk, voluntarily accepted, of my life, to come to the help of those I could help. Because of this, I am particularly sensitive to their pain.
About you and your life, a few words suffice. You are one of those men who will never cease to be tormented by a devouring thirst for the Absolute, until faced with Infinite Love.
I blame those who are too superficial, or too busy with many other things, that they do not know how to respect and love your research, and do not understand the manner in which (all during your life) you have tried to approximate the Absolute, approaching it from its many, perceived, fragmented dimensions, from all over the world and through the centuries, that people share (and over which they are led astray, and sometimes fight).
It is not without some painful trembling and great humility that I invoke another of my convictions concerning the Jewish portion of the human universe.
After I finished my theological studies, I pursued my own biblical studies. It came as a horrible shock when I discovered the Book of Joshua. I had already been gripped by more serious trouble when I learned of the Golden Calf's order to massacre 3000 people a short time before Moses brought the "Table of Laws," which said, "Thou shall not kill!" But with Joshua, I discovered (surely told centuries after the event) how a true Shoah took place on all existing life in the "Promised Land."
I say: "If I promise you my car, and if you come at night, kill the guard, force the door open and take the promised car, then what is left of the 'promise'?"
Doesn't violence destroy the foundation of the promise? Indeed, afterwards, the Covenant will continue to be repeated constantly with a people who (not unique, it seems, but unique as a highly constituted people) have in their conscience the notion of a Unique Eternal (indeed, not yet clearly knowing that this Essence is Love). I live this revelation with Jesus, Jesus who founded the Trinity of faith: Deus caritas est. But does not this Covenant also concern this part of the world (that can and must be called not "Promised Land," but "Holy Land," filled with crimes but also with Prophets)?
I can no longer justify promises by God (even if orders to massacre are attributed to Him -- and isn't this an offense to God?) for only this corner of the earth, for or against which so many are still dying today.
Is not the Covenant to send all of Israel to spread the faith it has received, for all of the earth?
The promised land is for every Believer (hence, for every Jew, too). I cannot swerve from this idea, of carrying to the whole earth the JOY of experiencing the true GOD.
Oh, how I would like to still be young, to work with fraternal groups for the realization of the mission received first in Israel, then in Jesus.
I do not ignore that the retreat of Israel upon itself is partly due to the strange reversal of history caused by Constantin after the Edict of Milan, and the harmful consequences that accompanied its beneficial effects.
We have heard that in the year 2000, the Pope (will it be the same Pope?) will express the intention to confess the historic mistakes that accompanied the zeal of Christian missions.
Could he underestimate the role that the words, "deicidal people," played in anti-semitism? This would be insane, for it is to all peoples, to all humans, that Jesus offered himself in ransom.
At that time, forbidden martyrs were replaced (to compensate for the decadence of the empire) by the disastrous structures of privilege: Prince-Bishops, Pope-Kings, including the most abusive confusion between the spiritual and temporal.
Roger, we are both old men, and we have to talk more about this and question people more scholarly than myself. Please, from these illegible lines that we will read together over the telephone, keep the force and loyalty of my affectionate esteem and my respect for the enormous work of your new book. To confuse it with what has been called "revisionism" is a deception and a veritable slander by unthinking people.
I embrace you and assure you that you and your family will remain present in my daily offering.
Your brother,
Abbe Pierre
Testimony of a Protestant Pastor
May 11, 1996
Dear Abbe Pierre, Dear Roger Garaudy,
I am saddened by the flood of hatred and contempt heaped upon you. This reveals the feeling that many carry in their hearts. Remember, Abbe Pierre, a devoted man, dragged in mud, will enhance your value (in the eyes) of the one who judges and condemns.
And you, Roger Garaudy, you have a twofold luxury: in the eyes of the French, you incarnate two phobias -- communism and Islam. One would think you do it on purpose.
You have proved that you love the Jews infinitely more than those who give lessons. But here you are, you also love the Palestinians and Arabs in general, the majority of whom are Muslims, but sometimes Christians. All Palestinian or Arab brothers who, for generations, have been humiliated, colonized, dispossessed, bashed, imprisoned, starved. And you have reason to love them and to want justice and peace for them. Nobody understood (and nobody explained, either) that it is because of them that you embarked on the mad enterprise that consists in trying to explain (to the ignorant and to people who do not want to know) the consequences of the horrible extermination of Jews, or the fate of the Arabs, who had nothing to do with Polish or Russian pogroms, the Dreyfus Affair, the concentration camps, or the Nazi extermination. And yet, it is they who are dispossessed. What is contested is not the abjectness and horror of antisemitic massacres, it is their use to justify the creation and permanent expansion of the State of Israel and to cover up mad injustices. To make of "Auschwitz" a political argument to support Israel is to run the risk that this argument be contested. And when the historical reexamination of the Nazi period is refused, when the files are closed, is not that really to prevent the questioning of the legitimacy of the State of Israel and its behavior? Yet history will prevail. One day, everything will be known.
Thank goodness that it was a Jewish historian (for whom I have great respect) who wrote 30 years ago in "Les Temps Modernes" a marvelous article, "Israel, Colonial Fact?" Is he right or wrong? And if it is true that the colonization of Palestine was devised by the Zionist movement a hundred years ago, during the height of the colonialization period, is there no reason to doubt that this colonial domination will end like the others? It is better to think about it than to curse. Has not Arafat agreed to pay a heavy price for peace? And, to a certain extent, the Israeli pacifists, too? Rabin included? Are "negationists" the Nazis of today who want to revise history in order to give good reason for the Nazis of yesterday? I will never believe (after reading Abbe Pierre's declarations and R. Garaudy's book) that these brothers have converted to Nazism.
It is said that the theology of Abbe Pierre is "obsolete." I know others who are even more so, and who could do better to be more modest.
As for you, my two brothers, the struggles you are waging, at your age, to raise the consciousness of all those who need it, compel respect and contribute to hope.
Pastor Roger Parmentier
25 juin 2016
Marx, Jésus et Mohammed
POURQUOI JE SUIS MUSULMAN
par Roger GARAUDY [NDLR: L'article est de 1983, Garaudy a rejoint l'islam depuis peu -en 1982. Court, clair, cet article permet de saisir l'ampleur et l'originalité de la démarche garaudienne, loin des simplifications abusives et des clichés prétentieux ou, inversement, dévalorisants]
Ceci n'est pas une confession, mais un effort pour lire, à
travers l'histoire d'une vie , la trajectoire d'un siècle.
J'ai eu vingt ans en 1933. Au moment où la grande crise
Soixante dix millions de chômeurs dans le monde industrialisé.
Des enfants sans lait, quand on abattait en Hollande des milliers
de vaches laitières. Du blé brûlé dans les locomotives quand des
hommes se battaient pour un croûton de pain dans le port de
Gênes.
1933, c'est l'année où Hitler accède au pouvoir. Le fascisme
italien est à son apogée, et Mussolini va bientôt envahir l'Ethiopie.
Trois ans plus tard, Franco, avec l'aide de Hitler et de
Nous arrivions à l'âge d'homme avec le sentiment d'être
témoins de la fin d'un monde, de vivre une apocalypse.
Jeté dans cet univers convulsif et le coeur plein d'orages, je pris deux décisions auxquelles je n'étais porté par aucune tradition:mes parents étaient, sur le plan religieux, athées, et jechoisis de devenir chrétien. Mes parents, sur le plan politique,étaient traditionnalistes, et j'adhérais, en 1933, au Parti Communiste Français.
Chrétien, dans un monde de l'absurde, pour donner un sensà ma vie. La merveilleuse méditation de Kierkegaard, sur lesacrifice d'Abraham, me greffait sur la lignée abrahamique me découvrant la folie de la sagesse des sages, qui nous avaient conduits à un tel désordre mortel, elle me faisait prendre conscience que la foi commence où finit la raison.
Marxiste, dans un monde livré à la violence, pour donner une efficacité à mon action. Les communistes étaient alors les adversaires les plus résolus du capitalisme qui nous avait menés au
chaos, et d'un nazisme qui nous imposait la terreur.
Pendant un tiers de siècle, j'ai tenté, au risque d'être écartelé,.
de tenir les deux bouts de la chaîne : le marxisme n'était pas pour
moi une idéologie ou une vision du monde, mais une méthodologie
de l'initiative historique, c'est-à-dire à la fois l'art et la
science d'analyser les contradictions majeures d'une époque et
d'une société, et, à partir de cette prise de conscience, de découvrir
le projet capable de les surmonter.
Entre la foi qui donnait un sens à la vie, et une méthode qui
donnait une efficacité à l'action, je ne voyais pas d'antagonisme,
mais, au contraire, une complémentarité.
J'ai vécu, pendant un tiers de siècle, cette volonté de dialogue
entre chrétiens et marxistes.
Je n'en ai point regret, et n'en fais point excuse.
Car les communistes que j'admirais, enfant, lorsqu'ils combattaient
seuls la guerre colonialiste au Maroc contre Abd el Krim,
j'étais fier de militer dans leurs rangs lorsque, seuls encore, ils
créaient les Brigades Internationales en Espagne contre Franco,
lorsque, seuls toujours, nous nous opposions à la capitulation de
Munich livrant à Hitler la Tchécoslovaquie.
J'étais plus assuré encore de ma vérité lorsqu'après la victoire
d'Hitler contre la France je fus arrêté, dès mon retour du front,
le 14 septembre 1940, pour avoir constitué un premier groupe de
résistance dans le Tarn, ce qui me valut 33 mois de prison et de
camp de concentration.
Nous avons participé à l'épopée de la Renaissance française
dans les premières années de la libération, et à la lutte contre la
nouvelle guerre colonialiste au Viet-Nam.
révélait une autre image d'un socialisme qui, depuis 1917, et à
Stalingrad encore, avait donné un visage à l'espérance des oppriméset des offensés.
La tentative de redressement du XX* Congrès, dévoilant les
erreurs et les crimes de Staline, avorta, comme se figea « l'aggiornamento» de l'Eglise catholique après le Concile de Vatican II.
En 1964, étant encore membre du Bureau Politique du Parti
Communiste français, j'écrivais un livre: «De Vanathème%au
dialogue, un marxiste s'adresse au concile», dont la Préface,
dans les 14 langues où il fut traduit, était écrite par l'un des
principaux théologiens expert au Concile, un jésuite allemand,
le Père Karl Rahner.
Pour la dernière fois nous appelions fraternellement au dialogue,
dans un monde en furie qui excluait l'amour.
Alors se leva pour notre jeunesse, l'espérance, vite déçue, d'un
nouveau printemps des hommes: 1968, cette année où la jeunesse
prit conscience que le modèle occidental de croissance,
celui qui consiste à produire de plus en plus, et de plus en plus
vite, n'importe quoi : utile, inutile, nuisible, voire mortel, comme
l'armement, présentait plus de danger par ses succès que par ses
échecs. Etre révolutionnaire, c'était, jusque là, faire la théorie
des crises du système. C'était désormais concevoir et vivre un
L'Occident s'en révélait incapable. Tout l'Occident, à l'Est
comme à l'Ouest, puisque les pays qui se disaient socialistes, et
les partis communistes qui les suivaient s'étaient convertis au
même modèle de croissance.
Le modèle de culture qui sous-tend ce modèle de croissance,
fut, du même mouvement, mis en cause. Il s'agissait d'une crise
de civilisation, c'est-à-dire d'une mise en question du sens même
de la vie.
De faux prophètes, depuis des années, s'efforçaient de convaincre
notre jeunesse que leur vie et notre commune histoire n'ont
pas de sens : l'un de nos plus célèbres biologistes, extrapolant
arbitrairement à toutes les dimensions de la vie les schémas
cybernétiques rendant compte de certains développements de la
vie à son niveau biologique, tentait de nous faire croire que notre
existence tout entière n'est faite que de « nécessité » et de « hasard»,
sans aucune signification proprement humaine.
sans aucune signification proprement humaine.
Le plus célèbre de nos philosophes poussa l'individualisme et,
comme il dit, le « solipsisme », jusqu'à définir la vie comme une
« passion inutile », où « l'enfer, c'est les autres ».
Un romancier s'est fait le chantre de « l'absurde » en nous
offrant la seule perspective sinistre de «concevoir Sisyphe
heureux ».
Des thèmes analogues sont indéfiniment repris: l'un décrète
(je cite) que «l'homme est une marionnette mise en scène par
les structures». Un autre proclame «la mort de l'homme», en
contre-point des étranges théologiens de « la mort de Dieu », et
du menu fretin des persuadeurs de la mort de tout.
Il est peu de civilisations dans l'histoire, sauf peut-être à
l'époque de la décadence romaine, où l'on ait ignoré de façon
aussi totale la question du sens de la vie et de la mort.
Certes le christianisme, malgré le reflux de son influence, et
la baisse de qualité de sa théologie, à l'affût de toutes les modes
idéologiques, a posé admirablement ces problèmes, mais pour
notre seule vie personnelle, intérieure. En séparant radicalement
ce qui revient à Dieu et ce qui revient à César, il ne nous a jamais
dit comment devait se comporter César.
Ce dualisme a conduit la tradition chrétienne, depuis Nicée, à
ne livrer que des combats en retraite sur tous les plans, de la
science à la politique, et, finalement, à abandonner le terrain au
positivisme : mutilés de la dimension transcendante la science
devient scientisme, la technique technocratie, la politique machiavélisme,
le socialisme se referme en humanisme clos ou en
stalinisme.
Le Prophète Mohammed refuse de séparer ainsi un domaine
de Dieu et un domaine de César: il est à la fois prophète et
homme d'Etat, époux et père, juge, homme d'affaires, et chef de
guerre.
Il ne sépare jamais la foi et la politique, ni la raison et la foi.
La rationalité ne consiste pas seulement à organiser les moyens
pour atteindre n'importe quelle fin, mais à choisir les fins.
Considérant toute chose non simplement comme un «fait»
mais comme un « signe », depuis les phénomènes de la nature
jusqu'à la parole des prophètes, la révélation coranique n'isole
pas l'analyse des liaisons des choses entre elles, qui en fait découvrir
tes lois, de la synthèse de leur rapport au tout, qui leur
donne un sens.
Ce qui caractérise la science islamique à son apogée, à l'époque
où l'Université musulmane de Cordoue était le centre de rayonnement
de la culture dans tout l'Occident, c'est son usage plénier
de la raison, dont elle ne dissocie jamais les deux usages : la
recherche des causes et la recherche des fins, l'une permettant de
passer, par induction et déduction, des faits aux lois et aux théories,
l'autre remontant de fin en fin, de fins subalternes à des fins
plus hautes, jusqu'aux fins dernières ou du moins jusqu'à la
prise de conscience des postulats, nous rendant humbles devant
le caractère toujours inachevé de cette démarche, et nous préparant
ainsi à l'accueil de la révélation.
Ce que nous appelons aujourd'hui «la science» et que nous
devrions plus modestement appeler la science occidentale, est
l'oeuvre d'une raison mutilée, qui ne pose jamais que la question
du « comment ?» et jamais celle du « pourquoi ? ». Comment
aller dans la Lune ou faire une bombe atomique ? Au lieu de se
demander : pourquoi est-il nécessaire d'aller dans la Lune ou de
faire une bombe atomique ?
Une raison qui n'a pas conscience de ses limites (de son refus
de rechercher les fins, et de son impuissance à remonter jusqu'au
bout la chaîne, jusqu'à prendre conscience de ses postulats), est
une raison infirme. La foi, c'est la raison, avec la conscience de
cette double limitation : la recherche des fins, et l'échec devant
la découverte de la fin dernière.
La foi, c'est la raison sans frontières. Consciente de sa recherche
des fins, et consciente de ses postulats. Ouverte, par sa
finalité et ses postulats, à la révélation qui l'illumine.
Parce qu'il se pose la question des fins — exclue pour l'animal
enfermé dans le cercle de ses instincts et de son destin — parce
qu'il est le seul animal à se poser la question du sens de sa vie
et de sa mort, l'homme est le seul être qui construise des tombeaux
et des temples : des tombeaux pour tenter de passer du
temps à l'éternité, des temples pour passer du fait au sens.
Deux résumés du monde.
• Les rythmes de la prière, accordés au lever et au coucher des
astres, insèrent l'homme dans l'ordre cosmique, et les gestes
de la prière récapitulent en l'homme les mouvements fondamentauxde tous les niveaux d'existence: l'homme qui prie se metdebout comme les montagnes, les moissons, et les arbres; ils'incline comme la branche du palmier, ou comme les êtresanimés se penchent vers la terre ou les eaux, et courbent, versla source de leur vie, la tête ; il se prosterne et se relève, commeles étoiles se couchent et reprennent leur vol.
La prière ne lie pas seulement l'homme avec la nature et le
cosmos, mais avec l'humanité entière : les « qiblas » de toutes les
mosquées du monde forment autour de la Ka’ba des cercles
concentriques symbolisant l'unité suprême. Et les heures de la
prière changeant avec les longitudes, en chaque moment un
front se dresse et un autre se prosterne, en une immense houle
d'adoration qui déferle sans cesse autour de la terre.
La mosquée exprime l'unité de cette fois à travers la diversité
des cultures : mosquées hypostyles d'Ibn Touloun au Caire,
jusqu'à Cordoue, en passant par Kairouan, Tlemcen, la Karaouine
et la Koutoubia ; mosquées à plan central, avec leurs
coupoles, du Dôme du Rocher de Jérusalem à la Souleïmanié
d'Istamboul, mosquées à Iwan de la Perse et de l'Asie centrale,
de la mosquée du Shah à Ispahan à celle de Bibi Khanoun à
Samarcande, toutes disent la même foi, à travers trois cultures,
celles de l'Egypte et de la Grèce, celle de Byzance, et celle de
l'Iran. .
La cathédrale chrétienne nous projette dans l'infini comme
dans un mouvement ; la mosquée nous y intègre comme dans un
cristal. Tel est l'oecuménisme de l'Islam, et sa puissance d'assimilation
dans le dialogue des cultures. Comme l'écrivait Goethe :
Si l'Islam veut dire : réponse à l'appel de Dieu, nous vivons
et nous mourons tous en Islam.
Mais me dira-t-on, où est-il réalisé cet Islam que vous idéalisez ?
Montrez-nous une société islamique ? et si je répondais : montrez-moi,
sur la carte, ou dans l'histoire, une société chrétienne, ou
une société socialiste ? La loyauté, dans le dialogue des civilisations,
exige que l'on ne compare pas son idéal à la réalité des
autres, que l'on ne compare pas un christianisme tel qu'il devrait
être à un Islam ou à un marxisme tels qu'ils sont.
Je ne confonds pas le christianisme avec Franco qui prétendait
« faire Christ - Roi », ni avec Haddad qui ose appeler « milices
chrétiennes » ses mercenaires sanglants.
Begin ne me fera jamais oublier Amos ou Job, Isaïe ou
Ezéchiel.
Pas davantage il ne m'appartient de juger aucun régime se
disant islamique.
L'Islam, comme le judaïsme ou le christianisme, sont des
idéaux régulateurs de notre vie quotidienne : un horizon vers
lequel nous nous dirigeons, et qui nous appelle, sans que jamais
nous puissions l'atteindre.
Est-ce que la répondre à l'appel de l'Islam est une solution à
tous les problèmes ? Certainement pas. Peut-être seulement nous
aide-t-elle à poser les vrais problèmes ?
Et d'abord qu'est-ce qu'être « moderne », pour répondre aux
défis de notre temps ?
Etre moderne, pour un musulman, ce n'est pas imiter l'Occident.
Le plus grand malheur de l'Islam c'est d'avoir, dans ce
qu'il croyait sa Renaissance (nahda), confondu modernisation
avec occidentalisation.
Etre fidèle, ce n'est pas non plus « retourner aux sources »,
s'enfermer dans le passé et sa répétition, entrer dans l'avenir à
reculons.
Etre vivant, pour l'Islam, c'est rester lui-même en s'ouvrant à
« l'ijtihad », c'est retrouver, dans le Coran, non la lettre qui tue,
mais l'esprit qui vivifie.
Le Coran, disait Mohamed Iqhal, porte en lui le principe de
mouvement qui rend possible cette exégèse vivante.
Le Coran nous rappelle que Dieu propose à l'homme des paraboles
qu'il nous appartient de déchiffrer. Confondre la métaphore
avec le sens, ce n'est pas être respectueux de la révélation, c'est
lui prêter nos propres limites. Un proverbe bouddhiste dit :
« quand le doigt montre la lune, l'imbécile regarde le doigt. »
La deuxième règle de l'ijtihad exige que nous nous souvenions
que le « Livre », Thora, Evangile, ou Coran, est le récit des interventions
de Dieu dans la vie des peuples. Il s'agit toujours d'une
réponse historique à un problème historique. Cette réponse est
d'inspiration divine, mais elle s'exprime dans le langage et la
coutume d'un peuple. La comprendre et la respecter, ce n'est pas
en répéter la formulation, mais mettre en oeuvre, pour la solution
des problèmes de notre époque et de nos sociétés, l'esprit qui a
inspiré le Coran et la Sunna pour la solution des problèmes d'un
autre temps et d'une autre communauté.
La troisième règle, c'est de ne pas détacher une phrase de son
contexte, et de la lire comme un article de notre code pénal ou
une loi de notre science, sans la situer dans le contexte global du
Coran et de la Sunna qui lui donne son sens et sa portée.
En un mot, comme le disait Jean Jaurès, être fidèle au foyer
des ancêtres, ce n'est pas en conserver les cendres, mais en transmettre
la flamme.
Un Islam vivant, ainsi vécu, selon ses propres principes, peut
aujourd'hui connaître, dans le monde, une expansion aussi
grande qu'à l'époque de son apogée, au VIIIe siècle, où déjà, face
à deux superpuissances affrontées et rongées par les mêmes
forces de désintégration: l'empire des Sassanides et celui de
Byzance, il a redonné à des millions d'hommes et de femmes la
conscience de leur dimension proprement humaine, c'est-à-dire
divine, transcendante, et l'âme d'une nouvelle vie collective.
Pour ma part, la vocation de toute ma vie fut de rechercher
le point où l'acte de création artistique, l'action politique et
l'acte de foi ne font qu'un.
J'ai trouvé, dans l'Islam, une foi qui est en même temps une
religion de la beauté et une morale de l'action.
J'y suis entré, sans rien renier de ce qu'avait dans ma vie,
J'y suis entré, sans rien renier de ce qu'avait dans ma vie,
apporté Jésus, car il est, dans le Coran, prophète de l'Islam, ni
de ce que le marxisme m'avait appris pour analyser nos sociétés
et pour agir efficacement en elles, car la fois musulmane n'exclut
aucune science et aucune technique, mais au contraire les intègre
et les situe dans la voie de Dieu.
L'Islam n'apparaît donc pas dans ma vie comme une rupture,
mais comme un accomplissement.
Je rêvais, à vingt ans, en 1933, d'unir le sens et l'efficacité.
La plus grande joie de ma vie est d'en apercevoir à travers
tous les obstacles d'un siècle et d'une histoire si riche en brutales
mutations, la continuité fondamentale, et d'avoir conscience
d'être resté, à soixante-dix ans, fidèle au rêve de mes vingt ans.