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What is Religious Zionism? | Ustadh Dr. Ali Ataie
Dr. Ali Ataie gives topical insights about the phenomenon of religious Zionism and the philosophical underpinnings of this movement.
- More Dr. Ali Ataie: http://mcceastbay.org/ali-ataie - Speaker deck: https://drive.google.com/file/d/14Eyr... - More talks about Palestine: http://mcceastbay.org/palestinian Ustadh Dr. Ali Ataie is a leading scholar in comparative religion. He currently lectures at Zaytuna College in Berkeley, California. He has taught at several Western academic institutions. - More Dr. Ali Ataie: http://mcceastbay.org/ali-ataie
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Ustadh Ali Ataie is a perennial student and researcher who has been involved in interfaith activities for over two decades. He holds a Master's in Biblical Studies with a focus on the New Testament and biblical languages. He also holds a Ph.D. in cultural and historical studies in religion from the Graduate Theological Union. His doctoral work focused on Muslim hermeneutics of biblical texts, especially the Gospel of John.
He lives in San Ramon, CA, with his wife Roya and three daughters.
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THE BANALITY OF EVIL BY ZAHIR EBRAHIM 2003-2020
L’évangile de Gaza - Ce qu’il faut retenir des leçons bibliques de Netanyahou - Laurent Guyénot
- Publié le : mardi 14 novembre 2023
- Auteur(s) : Laurent Guyénot
- Mots-clés : Histoire; Israël; Judaïsme; Palestine; Religion; Satanisme
- Commentaires : 46
- Nombre de vues : 13 747
- Source : E&R
Dans ce discours en hébreu du 28 octobre, Netanyahou a justifié le massacre de civils à Gaza par une référence à Amalek : « Vous devez vous souvenir de ce qu’Amalek vous a fait, dit notre Sainte Bible. Et nous nous souvenons. Et nous nous battons. »
Dans la Sainte Bible de Netanyahou, Dieu a donné la Palestine à son peuple élu, et le même Dieu lui a ordonné d’exterminer les Amalécites, un peuple arabe (descendant d’Abraham par Ésaü) qui s’est mis en travers de son chemin. Yahvé a demandé à Moïse non seulement d’exterminer les Amalécites, mais aussi « d’effacer le souvenir d’Amalek de dessous les cieux » (Deutéronome 25:19) [1].
Il incomba plus tard à Saül de les achever : « Tue hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs et brebis, chameaux et ânes », ordonne Yahvé (1 Samuel 15:8). Parce que Saül épargna le roi amalécite Agag, Yahvé lui retira la royauté et le rendit fou : « Je me repens d’avoir donné la royauté à Saül, car il s’est détourné de moi et n’a pas exécuté mes ordres » (15:11). Le saint prophète Samuel, qui avait une ligne de communication directe avec Yahvé, a dû égorger Agag de sa propre main (le sens du verbe hébreu, shsf, est sujet à débat, certaines traductions proposant qu’il le coupa en morceaux ou l’écartela). Yahvé donna alors la royauté à David, qui se montra un exterminateur plus obéissant, par exemple pour les habitants de Rabba, qu’il « mit en pièces avec des scies, des herses de fer et des haches, et les fit passer par des fours à briques » (2 Samuel 12:31 et 1 Chroniques 20:3).
Malgré leur génocide complet dans la Bible, les Amalécites restent le cauchemar éternel d’Israël. Amalek a fini par être associé, comme son grand-père Ésaü, à Rome et au christianisme, mais aussi à l’Iran, car le méchant du livre d’Esther, Haman, est un Agagite, c’est-à-dire un descendant du roi amalécite Agag. C’est pourquoi la pendaison d’Haman et de ses dix fils et le massacre de 75 000 Perses sont souvent confondus dans la tradition juive avec l’extermination des Amalécites et l’exécution brutale de leur roi. La lecture de la Torah du matin de Pourim est tirée du récit de la bataille contre les Amalécites, et se termine par : « Yahvé sera en guerre contre Amalek de génération en génération. » (Exode 17:16) [2]
Dans un article du New York Times de 2009, Jeffrey Goldberg rapporte que, ayant demandé à l’un des conseillers de Netanyahou « d’évaluer pour lui l’angoisse de Netanyahou à propos de l’Iran », la réponse qu’il a reçue a été : « Pense Amalek. » [3] Aujourd’hui, Netanyahou appelle à nouveau les Israéliens à se souvenir d’Amalek pendant que leur armée bombarde Gaza, hommes, femmes, enfants, nourrissons et bétail.
Comme je l’ai déjà dit ( ici), Netanyahou n’est pas devenu fou. Il est simplement possédé par la Bible hébraïque, le roman national d’Israël. Son obsession pour Amalek est partagée par les sionistes du monde entier. Par exemple, dans cette conférence du rabbin Eliyahu Kin sur la question « Pourquoi les Juifs doivent-ils détruire Amalek », que j’ai déjà commentée ( ici), on apprend que les Amalécites méritent toujours leur sort car il est dans leur nature de s’opposer à la volonté de Dieu. En fait, puisque Dieu est bon, exterminer Amalek est l’expression de sa bonté. Et puisque « la meilleure façon d’aimer ce que Dieu aime est de haïr ce que Dieu hait », haïr Amalek, c’est aimer Dieu. La raison pour laquelle les Amalécites détestent les juifs n’est pas que les juifs veulent les exterminer. Non, « ce qui dérange Amalek, c’est que le juif croit au moussar, la moralité, l’éthique, le fait d’être bon, d’être gentil ». Les Amalécites sont également mauvais parce qu’ils s’opposent à la Torah – qui ordonne leur extermination. En fin de compte, résume le rabbin, « nous sommes cruels envers Amalek parce que nous devons l’être. Parce que c’est exactement ce qu’ils nous feraient s’ils en avaient l’occasion ». Pourquoi ? Parce qu’Amalek « est un concentré de haine ». Et les juifs doivent haïr la haine – sauf la haine de Dieu envers Amalek, qu’ils doivent aimer comme une expression de l’amour de Dieu. On est désarmé face à un tel délire.
Mais revenons à Netanyahou. Qu’y a-t-il de mal à ce qu’il cite la Bible ? C’est la Sainte Bible, n’est-ce pas ? La parole de Dieu ! Nous autres, peuples christianisés, avons également appris que dans les temps anciens, Dieu a choisi les juifs, leur a donné la Palestine et leur a ordonné d’exterminer les Amalécites (et les Madianites, et bien d’autres peuples). Qu’est-ce que les chrétiens peuvent bien objecter à Netanyahou aujourd’hui ? Que Dieu avait le sang chaud à cette époque, mais qu’il s’est maintenant calmé ? Que les Amalécites n’existent plus, ou ont désormais le droit de s’opposer au projet biblique ? Que nous sommes le vrai Israël, maintenant ? Assez de toutes ces exégèses nauséabondes ! Dieu, le créateur de l’univers, ordonne, dans notre Bible chrétienne, d’exterminer Amalek, hommes, femmes, enfants et bébés (et le bétail, car Yahvé ne fait aucune différence). C’est clair et indiscutable.
Regardons plutôt la vérité en face : le Dieu de l’Ancien Testament est un démon sanguinaire. Certains l’ont compris depuis longtemps et ont tenté de nous prévenir. Bakounine, par exemple, qui voyait de la judéité dans le marxisme, a écrit dans Dieu et l’État que de tous les dieux adorés par les hommes, Yahvé « était certainement le plus jaloux, le plus vaniteux, le plus féroce, le plus injuste, le plus sanguinaire, le plus despotique et le plus hostile à la dignité humaine et à la liberté ». Bakounine faisait partie de ces intellectuels perspicaces qui, au XIXe siècle, savaient qu’Israël était la création d’une divinité maléfique. Mais la grande majorité n’entendaient pas ces auteurs « antisémites », car Israël était, pour les chrétiens, une abstraction, une histoire sainte et miraculeuse, une légende sacrée évoquant des temps mythologiques. Mais aujourd’hui, Israël est réel, et son caractère infernal est clairement manifesté aux yeux de tous. Jamais auparavant la prise de conscience de l’âme mauvaise d’Israël n’a été aussi accessible. Nous vivons à une époque de révélation et nous ferions bien de ne pas la manquer. L’enjeu est aujourd’hui planétaire. Nous sommes tous Gaza !
« Les Palestiniens se sont involontairement sacrifiés dans le but d’éclairer les civilisations du monde entier sur la nature profondément perverse et satanique de l’État sioniste d’Israël », vient d’écrire The Armchair Prophet [4]. Oui, Gaza est le Christ. Et Israël est Israël, fidèle à lui-même. Mais Netanyahou a raison : Gaza est aussi Amalek. Car Amalek est aussi le Christ, mais nous ne l’avons pas reconnu, car nous avons cru que le Christ était un avec Yahvé, le tortionnaire d’Amalek. Nous pouvons maintenant commencer à voir notre tragique erreur. Ayons le courage de reconnaître que nous nous sommes trompés, qu’on nous a trompés, depuis deux mille ans, sur Yahvé et sur le peuple élu qu’il a créé à son image (ou réciproquement).
Comment se fait-il que les chrétiens n’aient jamais remarqué que, lorsqu’il a promis à Israël la domination sur les nations en échange de sa soumission à ses lois insensées, Yahvé était le même esprit diabolique qui apparut plus tard à Jésus et, « lui montrant tous les royaumes du monde avec leur gloire, lui dit : "Tout cela, je te le donnerai, si, te prosternant, tu me rends hommage" » (Matthieu 4:8-10). Après tout, Satan n’est que l’ « ange de Yahvé » dans la Bible hébraïque (Nombres 22 et 32), souvent indiscernable de Yahvé lui-même (1 Chroniques 21).
Netanyahou nous ouvre les yeux, et j’attends avec impatience sa prochaine leçon biblique. Après avoir mentionné Amalek, il a qualifié Josué de « héros juif ». Lisez le Livre de Josué pour comprendre ce qu’il veut dire et ce que veulent dire tous les Israéliens qui l’applaudissent. Aucune lecture n’est plus éclairante sur la nature de Yahvé et d’Israël. Sur l’ordre de Yahvé, Josué et ses hommes commettent génocide après génocide contre les peuples qu’ils dépossèdent, tuant indistinctement « hommes et femmes, jeunes et vieux » (6:21). Dans tout le pays, Josué « ne laissa pas un survivant et voua tout être vivant à l’anathème, comme Yahvé, le dieu d’Israël, l’avait ordonné » (10:40).
Trois jours avant ce discours, Netanyahou avait déclaré à son peuple : « Nous réaliserons la prophétie d’Isaïe. » Vous croyez peut-être qu’Isaïe évoque une époque où toutes les nations « briseront leurs épées pour en faire des socs de charrue » (Isaïe 2:4). Mais retournez à votre Bible et lisez la prophétie en entier pour comprendre ce que Netanyahou veut dire. C’est le gouvernement mondial de Jérusalem que prophétise Isaïe : « De Sion viendra la Loi et de Jérusalem la parole de Yahvé », de sorte que Yahvé « jugera entre les nations, il sera l’arbitre de peuples nombreux » (2:3-4). C’est le vampirisme d’Israël : « Vous vous nourrirez des richesses des nations, vous les supplanterez dans leur gloire » (61:5-6). C’est l’asservissement des peuples : « Les royaumes qui ne te servent pas périront, et leurs peuples seront exterminés. » (60:12)
Un homme, au deuxième siècle de notre ère, avait compris que Jésus ne pouvait pas être le fils de Yahvé, mais qu’il était plutôt son ennemi juré. Il s’appelait Marcion. Les érudits le qualifient de gnostique, parce qu’il enseignait que Yahvé était un mauvais démiurge et que le Christ était le bon dieu descendu du Ciel pour nous sauver de Yahvé. La plupart des textes gnostiques promeuvent ce point de vue, sous une forme ou une autre. Dans l’Apocryphon de Jean, également du IIe siècle, Yahvé (ou Yaltabaoth) est le premier d’une série d’entités démoniaques appelées archontes, qui usurpe la position de Dieu en proclamant : « Je suis un dieu jaloux, il n’y a d’autre dieu que moi. » Yaltabaoth et les autres archontes tentent d’emprisonner Adam dans le jardin d’Éden, un faux paradis, mais le Christ, qui est le premier éon, envoie Ève vers Adam pour libérer la lumière emprisonnée en lui et le conduire à manger le fruit libérateur de l’arbre de la connaissance.
La recherche académique a établi que le gnosticisme est apparu au sein du judaïsme, probablement en Samarie. Selon l’opinion très respectée de Gilles Quispel, c’était une hérésie juive avant d’être une hérésie chrétienne [5]. En tant qu’hérésie juive, le gnosticisme exprime une prise de conscience et un rejet par les juifs spirituels de la nature matérialiste et sadique de Yahvé. Cependant, les gnostiques prenaient encore leur Torah trop au sérieux et acceptaient l’idée que, avant de devenir le dieu d’Israël, Yahvé avait été « Dieu », le créateur du monde matériel. En ce sens, ils étaient encore sous le coup d’une illusion biblique.
Dans les débuts juifs du christianisme, il y eut une lutte intense entre les chrétiens gnostiques et les chrétiens anti-gnostiques. L’enjeu principal était le statut du Tanakh juif. Marcion, a qui l’on doit le premier evangelion et la première ekklesia organisée, eut une influence considérable, et Tertullien nous informe que son église était encore puissante au début du IIIe siècle, et que le maître gnostique Valentinus faillit devenir évêque de Rome (Contre Marcion). S’appuyant sur l’enseignement de Paul, les gnostiques croyaient que la nouvelle alliance de Jésus les libérait de l’alliance de Moïse, mais leurs ennemis insistaient sur la continuité plutôt que la rupture et affirmaient que la Nouvelle Alliance ne contredisait pas l’Ancienne mais l’accomplissait. Les anti-gnostiques ont finalement prévalu et le Tanakh juif est devenu partie intégrante du canon chrétien. Cela était peut-être une sage décision politique tant que l’objectif était de convertir les juifs, mais puisque le christianisme est devenu la religion des Gentils, le résultat fut que ces derniers se sont mis à adorer Yahvé avec Christ.
Le christianisme nous a offert l’histoire puissante du Christ, l’homme qui voulait libérer les juifs de leur dieu cruel et ethnocentrique, et fut crucifié pour cela. Mais le christianisme est également devenu le cheval de Troie de Yahvé dans la civilisation païenne. Le terrible pouvoir de Yahvé et de ses fils a été décuplé par l’adoration des chrétiens, et ce sont les chrétiens qui ont recréé Israël. L’esprit de Yahvé est désormais à nouveau pleinement incarné en Israël, plus fort que jamais, alimenté par un siècle de bains de sang. Car Yahvé est assoiffé de massacres : « L’esprit de Yahvé fut sur lui, et il descendit à Ashkelon, où il tua trente de leurs hommes et les pilla. » (Juges 14:19)
S’il fallait dresser le portrait de Yahvé, il serait un dragon terrifiant, volant dans les airs avec ses ailes (Psaume 17:8 ; 36:8 ; 91:4), « de la fumée sortant de ses narines, et de sa bouche un feu dévorant » (Psaume 18,8 et 2 Samuel 22:9). Yahvé partage la passion des dragons pour l’or et les richesses qu’il thésaurise dans son repaire : « À moi l’argent, à moi l’or ! » (Aggée 2:8). (Selon 1 Rois 10,14, la quantité d’or amassée chaque année dans le temple de Salomon était de « 666 talents d’or »). Comme certains dragons maléfiques, Yahvé est aussi consommateur de jeunes vierges : trente-deux d’entre elles lui furent réservées après le massacre des Madianites, vraisemblablement brûlées en holocauste avec les bœufs, les ânes et les brebis qui faisaient également partie de « la part de Yahvé » (Nombres 31). Yahvé a un faible pour l’agréable odeur des holocaustes bien calcinés (Genèse 8,21).
Dans l’épisode de la rivalité entre Élie et les prêtres de Baal, le feu dévorant de Yahvé est donné comme la preuve définitive qu’il est Dieu : « Vous invoquerez le nom de votre dieu et moi, j’invoquerai le nom de Yahvé : le dieu qui répondra par le feu, c’est lui qui est Dieu. » (1 Rois 18:24) (on attend encore l’adaptation hollywoodienne de ce combat des dieux, qui se termine par le massacre des prêtres de Baal, égorgés par Élie lui-même !)
Yahvé est un feu dévorant, qui aujourd’hui se déchaîne sur Gaza en un véritable holocauste biblique.
Il est grand temps de le comprendre : le dieu d’Israël est Satan.
Laurent Guyénot
Notes
[1] Comme d’habitude, je cite d’après la Bible de Jérusalem, qui a l’avantage de ne pas remplacer Yahvé par « le Seigneur », comme le font presque toutes les traductions, ce qui dénature le sens.
[2] Elliott Horowitz, Reckless Rites : Purim and the Legacy of Jewish Violence, Princeton University Press, 2006, pp. 122-125.
[3] Jeffrey Goldberg, « Israel’s Fears, Amalek’s Arsenal », New York Times, 16 mai 2009, sur www.nytimes.com
[4] The Armchair Prophet, “What’s happening in Gaza right now is beyond biblical…beyond apocalyptic,” State of the Nation, 2 novembre 2023, https://stateofthenation.co/?p=193985
[5] Gilles Quispel, Gnostica, Judaica, Catholica. Collected Essays of Gilles Quispel, edited by Johannes Van Oort, Brill, 2008. Aussi Attilio Mastrocinque, From Jewish Magic to Gnosticism, Mohr Siebeck, 2005.
Le psychopathe parmi les nations, sur E&R :
E&R | 1er novembre | Laurent Guyénot |32 |
- La psychopathie biblique d’Israël
- Je suis fatigué de lire que Netanyahou est un psychopathe. Je ne vois aucune raison de le considérer comme un psychopathe au sens psychiatrique du terme, pas plus qu’aucun autre dirigeant israélien. Ils ont une psychopathie collective, ce qui est très différent. La différence est la même qu’entre une névrose personnelle et une névrose collective. Selon Freud, la religion (il voulait dire le (...)
La psychopathie biblique d’Israël
- Publié le : mercredi 1er novembre 2023
- Auteur(s) : Laurent Guyénot
- Mots-clés : Histoire; Israël; Judaïsme; Palestine; Religion; Santé
- Commentaires : 32
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- Source : E&R
Je suis fatigué de lire que Netanyahou est un psychopathe. Je ne vois aucune raison de le considérer comme un psychopathe au sens psychiatrique du terme, pas plus qu’aucun autre dirigeant israélien. Ils ont une psychopathie collective, ce qui est très différent.
La différence est la même qu’entre une névrose personnelle et une névrose collective. Selon Freud, la religion (il voulait dire le christianisme) est une névrose collective. Freud ne voulait pas dire que les croyants étaient névrosés. Au contraire, il a observé que leur névrose collective tendait à les immuniser contre la névrose personnelle [1]. Je ne souscris pas à la théorie de Freud, je l’utilise juste comme caution pour ma propre théorie : les sionistes, même les plus sanguinaires d’entre eux, ne sont pas des psychopathes individuels. Beaucoup d’entre eux sont des personnes aimantes et même dévouées au sein de leur propre communauté. Ils sont plutôt les vecteurs d’une psychopathie collective, c’est-à-dire d’une manière inhumaine de considérer et d’interagir avec les autres communautés humaines.
C’est un point crucial. Traiter les dirigeants israéliens de psychopathes n’aide en rien à notre compréhension d’Israël. Ce dont nous avons besoin, c’est de reconnaître Israël comme un psychopathe collectif et d’étudier l’origine de ce caractère national unique. C’est une question de survie pour le monde, tout comme c’est une question de survie pour n’importe quel groupe d’identifier le psychopathe parmi eux et de comprendre ses schémas de pensée et de comportement.
Qu’est-ce qu’un psychopathe ?
La psychopathie est un syndrome de traits psychologiques classé parmi les troubles de la personnalité [2]. Certains psychiatres préfèrent parler de « sociopathie » parce qu’il s’agit essentiellement d’une incapacité à se socialiser de manière authentique. Le Diagnostic and Statistical Manual on Mental Disorders, la bible des psychiatres, suggère « trouble de la personnalité antisocial » (antisocial personality disorder), mais le terme « psychopathie » reste le plus populaire, c’est pourquoi je l’utiliserai ici.
Le trait de caractère fondamental du psychopathe est l’absence de capacité d’empathie et, par conséquent, l’absence de toute inhibition morale dans sa relation à autrui, combinée à une soif de pouvoir. Le psychopathe partage aussi certains traits avec le narcissique : il a une vision grandiose de sa propre importance. Dans son esprit, tout lui est dû car il est exceptionnel. Il n’a jamais tort et ses échecs sont toujours la faute des autres.
La vérité n’a aucune valeur pour le psychopathe. C’est un menteur pathologique, mais il n’en a guère conscience. Mentir lui est si naturel que la question de sa « sincérité » est presque hors de propos : le psychopathe bat le détecteur de mensonge.
Le psychopathe est incapable de faire preuve d’empathie, mais il apprend à la simuler. Son pouvoir réside dans son extraordinaire capacité à tromper. Bien qu’il soit lui-même immunisé contre la culpabilité, il est passé maître dans l’art de culpabiliser les autres.
Parce que le psychopathe est incapable de se mettre à la place de quelqu’un d’autre, il ne peut pas se regarder d’un œil critique. Convaincu de son droit en toute circonstance, il est véritablement surpris par la rancune de ses victimes – et les punira pour cela. S’il vole la propriété de quelqu’un, il considérera le ressentiment des spoliés comme une haine irrationnelle.
Bien que le psychopathe puisse être considéré comme complètement fou, il n’est pas malade au sens médical du terme, puisqu’il ne souffre pas : les psychopathes ne consultent pas les psychiatres à moins d’y être contraints. Dans un certain sens, le psychopathe est suradapté à la vie sociale, si toutefois le but de la vie sociale est de tracer son chemin individuel. C’est pourquoi le véritable mystère, d’un point de vue darwinien, n’est pas l’existence des psychopathes, mais leur faible proportion dans la population. L’estimation la plus optimiste pour la population occidentale est de 1 %. Mais les psychopathes ne se confondent pas avec le proverbial 1 % qui possède la moitié de la richesse mondiale, même si une étude menée auprès des cadres supérieurs de grandes entreprises a montré que les traits psychopathiques sont répandus parmi eux [3].
Israël comme État psychopathe
Le fait que les juifs soient aujourd’hui représentés de manière disproportionnée parmi l’élite économique (ils forment la moitié des milliardaires américains, alors qu’ils ne représentent que 2,4 % de la population), ne signifie pas non plus que la psychopathie soit plus répandue parmi les juifs. D’une certaine manière, c’est tout le contraire : les juifs font preuve entre eux d’un haut degré d’empathie, ou du moins de solidarité, allant souvent jusqu’au sacrifice de soi. Mais le caractère sélectif de cette empathie suggère qu’elle s’adresse moins à l’humanité d’autrui qu’à sa judéité.
En fait, la pensée juive a tendance à confondre judéité et humanité. Il s’ensuit que ce qui est bon pour les juifs doit nécessairement être bon pour l’humanité. À l’inverse, un crime contre les juifs est un « crime contre l’humanité », un concept qu’ils ont créé en 1945. Confondre judéité et humanité pourrait n’être que du narcissisme collectif, mais considérer les non-juifs comme moins qu’humains est un symptôme clair de psychopathie collective.
En tant que communauté, les juifs se considèrent innocents des accusations portées contre eux. C’est pourquoi le pionnier sioniste Leo Pinsker, médecin de formation, considérait la judéophobie comme une « psychose ». « En tant que psychose, elle est héréditaire, et en tant que maladie transmise depuis deux mille ans, elle est incurable. » En conséquence, les juifs sont « le peuple élu par la haine universelle » (même les juifs athées ne peuvent s’empêcher de définir la judéité comme une élection) [4].
Israël, l’État juif, est le psychopathe parmi les nations. Il agit envers les autres nations de la même manière qu’un psychopathe agit envers ses semblables. « Seuls les psychiatres peuvent expliquer le comportement d’Israël », écrivait le journaliste israélien Gideon Levy dans Haaretz en 2010. Cependant, son diagnostic, incluant « la paranoïa, la schizophrénie et la mégalomanie », est erroné [5]. Compte tenu de la capacité illimitée d’Israël à manipuler les autres nations, les États-Unis en premier lieu, nous avons plutôt affaire à un psychopathe.
En faisant un parallèle entre la psychopathie et le comportement d’Israël, je ne blâme pas les Israéliens ou les juifs en tant qu’individus. Ils ne font partie de cette psychopathie collective que dans la mesure de leur soumission à l’idéologie nationale. On peut faire une comparaison avec une autre sorte d’entité collective. Dans The Corporation : The Pathological Pursuit of Profit and Power, Joel Bakan notait que les grandes entreprises se comportent comme des psychopathes, insensibles à la souffrance de ceux qu’elles écrasent dans leur quête de profit : « Le comportement des entreprises est très similaire à celui d’un psychopathe. » [6] Mon analyse d’Israël repose sur le même raisonnement. Sauf qu’Israël est bien plus dangereux que n’importe quelle multinationale (même Pfizer), car l’idéologie qui engendre son trouble de la personnalité est bien plus insensée que la philosophie libérale et social-darwinienne d’une entreprise. La philosophie d’Israël est biblique.
Le virus biblique
La psychopathie collective d’Israël n’est pas génétique, elle est culturelle, mais elle s’est formée il y a des temps très anciens, et elle est donc ancrée dans le subconscient ancestral (qui est peut-être épigénétique) : elle vient en fin de compte du dieu jaloux inventé par les Lévites pour contrôler quelques tribus affamées lancées contre la Palestine il y a environ trois mille ans. Par son acte de naissance, Israël est la nation du dieu psychopathe.
Yahvé, « le dieu d’Israël », est un dieu colérique et solitaire, sorti d’un volcan d’Arabie, qui manifeste envers tous les autres dieux une haine implacable, et finit par les considérer comme des non-dieux, lui seul se déclarant le vrai dieu – et par voie de conséquence, le créateur de l’Univers. Cela le caractérise très clairement comme un psychopathe parmi les dieux. Au contraire, pour les Égyptiens, selon l’égyptologue allemand Jan Assmann, « les dieux sont des êtres sociaux » et l’harmonie entre eux garantit l’harmonie dans le cosmos. Il existait en outre un certain degré de traductibilité entre les panthéons des différentes civilisations [7]. Mais Yahvé enseigna aux Hébreux une haine mortelle envers les divinités de leurs voisins : « Vous abolirez tous les lieux où les peuples que vous dépossédez auront servi leurs dieux, sur les hautes montagnes, sur les collines, sous tout arbre verdoyant. Vous démolirez leurs autels, briserez leurs stèles ; leurs pieux sacrés, vous les brûlerez, les images sculptées de leurs dieux, vous les abattrez, et vous abolirez leur nom en ce lieu. » (Deutéronome 12,2-3)
Yahvé est peut-être un personnage de fiction, mais son emprise sur l’esprit juif est néanmoins réelle. « S’en remettre à un père fou et violent, et depuis trois mille ans, voilà ce que c’est que d’être un fou de juif ! », disait Smilesburger dans Opération Shylock de Philip Roth [8]. Yahvé a enseigné aux juifs à se tenir strictement séparés des autres. Les interdits alimentaires servent à empêcher toute socialisation en dehors de la tribu : « Je vous mettrai à part de tous ces peuples pour que vous soyez à moi. » (Lévitique 20,26)
La nature de l’alliance mosaïque n’est pas morale. Le seul critère d’approbation par Yahvé est l’obéissance à ses lois et commandements arbitraires. Massacrer traîtreusement des centaines de prophètes de Baal est bien, car c’est la volonté de Yahvé (1 Rois 18). Faire preuve de miséricorde envers le roi des Amalécites est mal, car lorsque Yahvé dit : « tuez-les tous », ça veut bien dire « tous » (1 Samuel 15). Dans l’historiographie biblique, le sort du peuple juif dépend de l’obéissance aux ordres de Yahvé, aussi insensés soient-ils. Et ses malheurs ne peuvent provenir que de leur manque d’obéissance envers leur dieu, jamais du ressentiment de ses victimes. Car les victimes n’ont pas de volonté propre, elles ne sont que des instruments entre les mains du dieu d’Israël.
Si les juifs suivent le commandement de Yahvé de s’aliéner du reste de l’humanité, Yahvé promet en retour de les faire régner sur l’humanité : « Si tu obéis vraiment à la voix de Yahvé ton Dieu, en gardant et pratiquant tous ces commandements que je te prescris aujourd’hui, Yahvé ton Dieu t’élèvera au-dessus des toutes les nations de la terre. » (Deutéronome 28,1) Notons que cela ressemble beaucoup au pacte que Satan a proposé à Jésus : « Le diable lui montre tous les royaumes du monde avec leur gloire et lui dit : "Tout cela, je te le donnerai, si, te prosternant, tu me rends hommage". » (Matthieu 4,8-9)
Si Israël suit scrupuleusement la Loi, Yahvé promet de soumettre toutes les nations à la domination d’Israël et de détruire celles qui lui résistent. « Les rois se prosterneront devant toi, ils lécheront la poussière de tes pieds », tandis que « la nation et le royaume qui ne te servent pas périront, et leurs peuples seront exterminés » (Isaïe 49,23 et 60,12).
Le code de la guerre de Deutéronome 20 commande d’exterminer « tout être vivant » dans les villes conquises de Canaan. En pratique, la règle s’étend à tous les peuples qui résistent aux Israélites dans leur conquête. Elle a été appliquée par Moïse aux Madianites, bien que dans ce cas Yahvé ait permis à ses guerriers de garder les jeunes vierges (Nombres 31). La même règle a été appliquée par Josué à la ville de Jéricho, où fut passé au fil de l’épée « tout ce qui se trouvait dans la ville, hommes et femmes, jeunes et vieux, jusqu’aux taureaux, aux moutons et aux ânes » (Josué 6,21). Dans la ville d’Aï, les habitants furent massacrés « jusqu’à ce qu’il ne leur restât plus un survivant ni un rescapé. […] Quand Israël eut fini de tuer tous les habitants de Aï, dans la campagne et dans le désert où ils les avaient poursuivis, et que tous jusqu’au dernier furent tombés au fil de l’épée, tout Israël revint à Aï et en passa la population au fil de l’épée » (8,22-25). Puis vinrent le tour des autres villes cananéennes. Dans tout le pays, Josué « ne laissa pas un survivant et voua tout être vivant à l’anathème, comme Yahvé, le dieu d’Israël, l’avait ordonné » (10,40).
Comme le note Avigail Abarbanel dans un texte expliquant pourquoi elle a renié sa citoyenneté israélienne, les sionistes ont « suivi à la lettre l’ordre biblique donné à Josué de pénétrer et de tout prendre. Vous avez tué, vous avez expulsé, violé, volé, brûlé et tout détruit, et vous avez remplacé la population par votre propre peuple. […] Pour un mouvement soi-disant non religieux, c’est extraordinaire comment le sionisme […] a suivi la Bible » [9]. Kim Chernin, une autre dissidente israélienne, a écrit : « Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai lu l’histoire de Josué comme l’histoire de notre peuple entrant en possession légitime de sa terre promise sans m’arrêter pour me dire : "mais c’est une histoire de viol, de pillage, de massacre, d’invasion et de destruction d’autres peuples". » [10]
Yahvé n’offre que deux voies possibles à Israël : la domination des autres nations si Israël respecte les termes de l’alliance avec Yahvé, ou l’anéantissement par ces mêmes nations si Israël rompt cette alliance :
« Mais s’il vous arrive de vous détourner et de vous lier au restant de ces populations qui subsistent encore à côté de vous, de contracter mariage avec elles, de vous mêler à elles et elles à vous, alors sachez bien que Yahvé votre Dieu cessera de déposséder devant vous ces populations : elles seront pour vous un filet, un piège, des épines dans vos flancs et des chardons dans vos yeux, jusqu’à ce que vous ayez disparu de ce bon sol que vous avait donné Yahvé votre Dieu. » (Josué 23,12-13)
Déposséder les autres ou être dépossédé, dominer ou être exterminé : Israël ne peut pas penser au-delà de cette alternative.
Le sionisme est biblique
Quel rapport avec le sionisme, demandez-vous ? Le sionisme n’est-il pas une idéologie laïque ? Je pense qu’il est grand temps de dissiper ce malentendu. Le sionisme est un produit de la judéité, et la judéité est enracinée dans la Bible hébraïque, le Tanakh. Qu’il l’ait lu ou non, qu’il le juge historique ou mythique, chaque juif fonde en fin de compte sa judéité sur la Bible. La judéité est l’intériorisation du dieu psychopathe. Peu importe que les juifs définissent leur judéité en termes religieux ou en termes ethniques. D’un point de vue religieux, la Bible préserve l’essence de l’Alliance avec Dieu, tandis que d’un point de vue laïc, la Bible est le récit fondateur du peuple juif et le modèle par lequel les juifs interprètent toute leur histoire ultérieure (la dispersion, l’Holocauste, la renaissance d’Israël, etc.).
Il est vrai que Theodor Herzl, le prophète du sionisme politique, ne s’est pas inspiré ouvertement de la Bible. Pourtant, il a nommé son idéologie le « sionisme », en utilisant un nom biblique de Jérusalem. Quant aux sionistes de l’après-Herzl et aux véritables fondateurs de l’État moderne d’Israël, ils étaient imprégnés de la Bible. « La Bible est notre mandat », déclarait Chaim Weizmann en 1919, et en 1948 il offrit à Truman un rouleau de la Torah en remerciement de sa reconnaissance d’Israël. Ainsi commence la Déclaration de la création de l’État d’Israël :
« ERETZ-ISRAEL [Le pays d’Israël] est le lieu où naquit le peuple juif. C’est là que se forma son caractère spirituel, religieux et national. C’est là qu’il réalisa son indépendance, créa une culture d’une portée à la fois nationale et universelle et fit don de la Bible au monde entier. »
Il ne peut y avoir aucun doute sur le fait que l’État moderne d’Israël est fondé sur la prétention de l’héritage biblique. Le terme « Eretz Israël » est une référence crypto-biblique qui correspond, dans la bouche des Israéliens, au Grand Israël, soit l’équivalent du mythique Royaume de Salomon.
David Ben Gourion, le père de la nation, avait une vision biblique du peuple juif. Pour lui, selon son biographe Dan Kurzman, la renaissance d’Israël en 1948 « était comparable à l’exode d’Égypte, à la conquête du pays par Josué et à la révolte des Maccabées ». Ben Gourion n’était jamais allé dans une synagogue et mangeait du porc au petit-déjeuner, mais il était pourtant imprégné d’histoire biblique. « Il ne peut y avoir d’éducation politique ou militaire valable sur Israël sans une connaissance approfondie de la Bible », disait-il [11]. Tom Segev écrit dans sa biographie plus récente :
« Il a parrainé un cours d’étude biblique chez lui et a promu deux concepts pour caractériser le caractère moral de l’État d’Israël, ainsi que sa destinée et ses devoirs envers lui-même et le monde : le premier était le "peuple élu", un terme venant de l’alliance entre Dieu et le monde, peuple d’Israël (Exode 19 :5-6) ; le second était l’engagement du peuple juif envers les principes de justice et de paix qui en font une "lumière pour les nations", dans l’esprit des prophètes (Isaïe 49,6). Il parlait et écrivait fréquemment sur ces concepts [12]. »
La mentalité biblique de Ben Gourion est devenue de plus en plus évidente à mesure qu’il vieillissait. Considérons par exemple le fait que, alors qu’il suppliait Kennedy de permettre à son peuple de se doter de la bombe atomique parce que les Égyptiens voulaient les exterminer (comme ils avaient voulu le faire à l’époque de Moïse), il prophétisait dans la revue Look (16 janvier 1962) que d’ici vingt ans, Jérusalem « sera le siège de la Cour suprême de l’humanité, pour régler toutes les controverses entre les continents fédérés, comme l’a prophétisé Isaïe. » [13] Ben Gourion n’était pas fou, mais simplement biblique.
Presque tous les dirigeants israéliens de la génération de Ben Gourion et de la suivante partagent le même état d’esprit biblique. Moshe Dayan, le héros militaire de la guerre des Six Jours de 1967, a justifié son annexion d’un nouveau territoire dans un livre intitulé Living with the Bible (1978).
Les membres du Likoud, inspirés par Vladimir Jabotinsky, qui succèdent au Mapaï de Ben Gourion, seront encore plus furieusement bibliques. Ariel Sharon, s’exprimant lors d’un colloque à Washington, le 8 mai 1998, déclarait : « L’accord d’Oslo est très important pour les Palestiniens car c’est le seul document officiel convenu qu’ils ils ont obtenu. Nous avons un autre document, beaucoup plus ancien… la Bible. »
L’idéologie. Les partis religieux qui entrent au gouvernement sous Netayahou sont, naturellement, plus décomplexés encore. Naftali Bennett, alors ministre israélien de l’Éducation, a également justifié l’annexion de la Cisjordanie par la Bible [14]. Les sionistes peuvent trouver dans la Bible toutes les justifications dont ils ont besoin. Pour Gaza, ils ont Juges 1,18-19 : « Puis Juda s’empara de Gaza et de son territoire. » Il y a désormais des fous de la Bible au sein du gouvernement israélien, comme le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir. « Dieu a donné la terre d’Israël au peuple juif » est l’alpha et l’oméga du sionisme, non seulement pour les Israéliens, mais aussi pour les chrétiens qui, depuis 1917, ont soutenu la revendication juive et soutiennent Israël aujourd’hui.
Les références bibliques de Benyamin Netanyahou sont également fréquentes. Il sait qu’elles impressionnent les chrétiens américains. Le 3 mars 2015, il dramatisait devant le Congrès américain sa phobie de l’Iran en faisant référence au livre d’Esther (reconnu pourtant comme une pure fiction) :
« Nous sommes un peuple ancien. Au cours de nos près de 4 000 ans d’histoire, nombreux sont ceux qui ont tenté à plusieurs reprises de détruire le peuple juif. Demain soir, lors de la fête juive de Pourim, nous lirons le livre d’Esther. Nous y parlerons d’un puissant vice-roi perse nommé Haman, qui complota pour détruire le peuple juif il y a environ 2 500 ans. Mais une femme juive courageuse, la reine Esther, dénonça le complot et donna au peuple juif le droit de se défendre contre ses ennemis. Le complot a été déjoué. Notre peuple a été sauvé. Aujourd’hui, le peuple juif fait face à une nouvelle tentative de la part d’un autre potentat perse visant à nous détruire. » [15]
Netanyahou avait programmé son discours la veille de Pourim, qui célèbre la fin heureuse du livre d’Esther : le massacre de 75 000 hommes, femmes et enfants perses. En 2019, Netanyahou a déclaré lors d’une tournée en Cisjordanie : « Je crois au Livre des Livres et je le lis comme un appel à l’action selon lequel chaque génération doit faire ce qu’elle peut pour assurer l’éternité d’Israël. » Pas plus tard que ce 25 octobre, Netanyahou a déclaré à son peuple : « Nous allons réaliser la prophétie d’Isaïe. » La Bible occupe une si grande partie de son cerveau qu’il veut mettre une Bible sur la Lune !
Alors s’il vous plaît, arrêtez de traiter Netanyahou de psychopathe. Traitez-le de psychopathe biblique, d’adorateur du dieu psychopathe. Et pendant que vous y êtes, apprenez à voir la Bible hébraïque pour ce qu’elle est : « Une conspiration contre le reste du monde », comme l’a dit H. G. Wells. Dans les livres de la Bible, « vous avez la conspiration claire et nette, […] une conspiration agressive et vindicative. […] Ce n’est pas de la tolérance mais de la stupidité que de fermer les yeux sur leur qualité. » [16]
Oui, la Bible hébraïque justifie aux yeux des élites Israéliennes leur traitement des Palestiniens de Gaza. Dieu lui-même, pensent-ils, leur commande un tel traitement de ceux qu’ils ont dépossédés de leur terre. Yitzhak Shamir, Premier ministre entre 1986 et 1992, l’a déclaré très clairement en 1943 : « Ni l’éthique juive ni la tradition juive ne peuvent disqualifier le terrorisme comme moyen de combat. Nous sommes très loin d’avoir un quelconque scrupule moral à l’égard de notre guerre nationale. Nous avons devant nous le commandement de la Torah, dont la moralité surpasse celle de tout autre corps de lois dans le monde : "Vous les exterminerez jusqu’au dernier homme." » [17] »
Dernière minute : ce 28 octobre, dans un discours en hébreu, Netanyahou a justifié le massacre de la population civile de Gaza par la Bible. « Vous devez vous souvenir de ce qu’Amalek vous a fait, dit notre Sainte Bible », a-t-il déclaré. « Et nous nous en souvenons, et nous nous battons. Nos courageux soldats et combattants qui sont maintenant à Gaza ou autour de Gaza, et dans toutes les autres régions d’Israël, rejoignent cette chaîne de héros juifs, une chaîne qui a commencé il y a 3 000 ans depuis Josué ben Nun, jusqu’aux héros de 1948, le la guerre des Six Jours, la guerre d’Octobre 73 et toutes les autres guerres dans ce pays. » Rappelons que les Amalékites sont un peuple voué par Yahvé à l’extinction complète pour s’être opposé à la conquête de Canaan par les Hébreux. 1 Samuel 15,3 : « Maintenant, va, frappe Amalek, voue-le à l’anathème avec tout ce qu’il possède, sois sans pitié, pour lui, tue hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs et brebis, chameaux et ânes. »
Laurent Guyénot
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Notes
[1] Freud a développé cette théorie dans trois livres : Totem et Tabou, Malaise dans la civilisation, et L’Avenir d’une illusion.
[2] Le Canadien Robert Hare a établi une liste de critères diagnostiques de la psychopathie qui fait autorité : Robert Hare, Without Conscience : The Disturbing World of the Psychopaths Among Us, The Guilford Press, 1993.
[3] Paul Babiak et Robert Hare, Snakes in Suits : When Psychopaths Go to Work, HarperCollins, 2007.
[4] Léon Pinsker, Autoémancipation. Avertissement d’un juif russe à ses frères (1882), Éditions Mille et Une Nuits, 2006, p. 16-17 et 20-21.
[5] Gideon Levy, "Only psychiatrists can explain Israel’s behavior", Haaretz, January 10, 2010, www.haaretz.com/print-editio....
[6] Joel Bakan, The Corporation : The Pathological Pursuit of Profit and Power, Free Press, 2005.
[7] Jan Assmann, Le Prix du monothéisme, Flammarion, 2007.
[8] Philip Roth, Opération Shylock, Une confession, Gallimard, 1995, p. 122-123.
[9] Avigail Abarbanel, « Pourquoi j’ai quitté Israël », 8 octobre 2016, sur lesakerfrancophone.fr
[10] Kim Chernin, "The Seven Pillars of Jewish Denial", Tikkun, Sept. 2002, quoted in Kevin MacDonald, Cultural Insurrections : Essays on Western Civilization, Jewish Influence, and Anti-Semitism, Occidental Press, 2007, pp. 27-28.
[11] Dan Kurzman, Ben-Gurion, Prophet of Fire, Touchstone, 1983, pp. 17–18, 22, 26–28.
[12] Tom Segev, A State at Any Cost : The Life of David Ben-Gurion, Apollo, 2019, kindle l. 286.
[13] David Ben-Gurion and Amram Ducovny, David Ben-Gurion, In His Own Words, Fleet Press Corp., 1969, p. 116.
[14] "Israeli minister : The Bible says West Bank is ours" on www.youtube.com/watch ?v=Png1...
[15] "The Complete Transcript of Netanyahu’s Address to Congress", on www.washing tonpost.com.
[16] Herbert George Wells, The Fate of Homo Sapiens, 1939 (archive.org), p. 128.
[17] "Document : Shamir on Terrorism (1943)", Middle East Report 152 (May/June 1988), on merip.org/1988/05/shamir-on-terrorism-1943/
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