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L’islam politique
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Saoudo-wahhabisme, Frères musulmans, réformisme, maçonnerie et services secrets anglo-américains
Par Youssef HINDI pour strategika.fr
Le thème de l’islam politique, autrement appelé « islamisme », sciemment amalgamé à l’islam, a été remis sur le devant de la scène par les politiques et les médias avec des objectifs et motivations que j’ai analysés dans le dossier Strategika « La nation française et la question musulmane ».
Le présent dossier est une étude historique définissant précisément l’islam politique. Et disons-le d’emblée, l’islam politique n’a d’islamique que le nom. Les deux principaux mouvements qui donneront naissance à l’islam politique sont :
- le wahhabisme, une idéologie hérétique née au XVIIIe siècle, dont le fondateur, Mohamed Ibn Abd al-Wahhab, a été condamné et exclu de l’islam par nombre de ulémas (savants) et muftis ;
- et le réformisme islamique qui est né dans les loges maçonniques orientales au XIXe siècle. Des sociétés secrètes qui étaient rattachées à la Franc-maçonnerie française et britannique. Ce réformisme maçonnique de l’islam donnera naissance aux Frères musulmans en 1928, lesquels ont été soutenus et utilisés par les anglo-américains depuis les années 1940 jusqu’à nos jours.
Ce que l’on appelle aujourd’hui « islam politique » est un ensemble d’idéologies et de mouvements qui ont, dès leur origine, visé à subvertir l’islam et le monde musulman, tout en instrumentalisant politiquement le religieux. Nous le verrons, l’islam politique n’est pas la manifestation de l’islam temporel mais l’instrumentalisation du référent islamique par des organisations, des mouvements, des États, à des fins bassement politiques.
Plan :
Partie I : Le wahhabisme, une hérésie condamnée par les savants et jurisconsultes musulmans
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab : le fils d’un juge désavoué par son père
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab plus musulman que les musulmans
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab menace les musulmans
Les ulémans (savants) et muftis des quatre écoles déclarent Mohamed Ibn Abd al-Wahhab hérétique
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab réfuté par son frère Suleyman
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab condamné et réfuté par le mufti de Riyad et les savants de sa région natale (Nadjd)
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab réfuté par ses propres maîtres
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab réfuté par dix autorités des quatre écoles de droit islamique
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab réfuté par les savants yéménites
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab réfuté par des savants irakiens : le conseil des savants et l’imam de Bagdad
Les condamnations se poursuivent au XIXe et jusqu’à nos jours
Les réfutations du wahhabisme par les savants font force de loi
L’expansion du wahhabisme : l’œuvre des Saoud, des Britanniques et des Américains
Partie II : Le réformisme « islamique » et les Frères musulmans
Contexte historique et idéologique de la naissance du réformisme « islamique »
Le réformisme « islamique », un mouvement né dans les loges maçonniques
- Malkun Khan (1833-1908), un franc-maçon qui veut réformer l’islam chiite et introduire la « religion de l’humanité »
- Jamal Eddine al-Afghani (1838-1897) : maçonnerie, double discours et subversion
- Mohamed Abduh (1849-1905), disciple et continuateur d’Afghani soutenu par les Britanniques
- Les réformistes réhabilitent le wahhabisme
Partie III : Les Jeunes-Turcs et les réformistes enterrent le Califat et donnent naissance à l’islam politique
Contexte historique de l’abolition du Califat
Le réformisme contre Califat
L’abolition du Califat ouvre la voie à l’islam politique
Hassan al-Banna (1906-1949) et les Frères musulmans
- Des origines obscures
- L’histoire officielle des Frères musulmans
- Une organisation maçonnique
- Les Frères musulmans infiltrent l’armée égyptienne
- Une politique de compromissions
- Subversion, terrorisme, trahison des principes islamiques : les Frères musulmans révèlent leur vrai visage aux Égyptiens
- Hassan al-Banna et les Frères musulmans financés par les Britanniques
Les Frères musulmans, protégés par l’Arabie saoudite et au service des anglo-américains
Printemps arabe ou hiver terroriste : l’alliance wahhabo-frériste contre le monde arabo-musulman
Partie I : Le wahhabisme, une hérésie condamnée par les savants et jurisconsultes musulmans
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab : le fils d’un juge désavoué par son père
Le fondateur du wahhabisme, Mohamed Ibn Abd al-Wahhab[1] (1703-1792) est issu d’une famille de savants ; son père, Abd al-Wahhab, était un juge respecté auprès duquel il apprit les bases de la théologie, mais avant qu’il ne termine le cursus, il quitte sa région natale (le Nadjd) afin de trouver des maîtres auprès desquels il pourrait étudier. Il se rend d’abord dans le Hedjaz (région de la Mecque et de Médine), revient chez lui avant de partir en Irak, à Bassora (ville majoritairement chiite). Après un séjour de quatre années, vers 1727, il en est expulsé, et retourne dans le Nadjd, dans la province de Huraymala, où se trouve son père.
Vers 1740 il rédige son plus célèbre ouvrage : Le Livre de l’unicité divine (qui fait seulement 50 pages), et décide de prêcher publiquement, mais son père l’en empêche ; nous comprendrons par la suite pourquoi. Par ailleurs, la tradition voulait que le fils aîné du juge lui succède, or, le père de Mohamed Ibn Abd al-Wahhab nomme à sa place son frère cadet, Suleyman, qui succède donc au père au poste de juge. De fait, Mohamed Ibn Abd al-Wahhab est désavoué par son père.
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab plus musulman que les musulmans
Si vous avec pour projet, comme Martin Luther (1483-1546), Olivier Cromwell (1599-1658) ou Ibn Abd al-Wahhab, d’imposer une nouvelle idéologie pour subvertir une religion majoritaire bien établie, vous devez commencer par vous présenter comme étant un fondamentaliste – au sens du retour à la pureté originelle –, et dans le même temps, pointer du doigt vos « coreligionnaires » comme étant déviants au regard des fondements de la religion dont vous prétendez être le revivificateur et le représentant.
C’est précisément ce qu’a fait Ibn Abd al-Wahhab. Dans son ouvrage, Le Livre de l’unicité divine – pauvre du point de vue intellectuel et théologique – il énonce des banalités relatives à l’unicité divine, dogme fondamental de la foi monothéiste dont tout musulman d’hier et d’aujourd’hui est familier. Mais le but du livre d’Ibn Abd al-Wahhab n’était pas, comme il le prétendait, de rétablir les fondements de la foi que les musulmans auraient oubliés, mais plutôt, les accuser d’être des associateurs, des impies, des mécréants, avec pour finalité de s’imposer à eux au moyen de sa doctrine et de l’épée des Saoud.
Il accusera ouvertement les musulmans d’Arabie et des régions avoisinantes d’être des païens, des adorateurs des saints et de leurs tombeaux.
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab menace les musulmans
Dès lors, en 1740, il commence à envoyer des lettres à ses partisans comme à ses ennemis et aux musulmans dans leur généralité. Ces lettres, dont je livre ci-dessous un extrait, comportent des menaces à peine voilées ainsi que l’ombre de l’excommunication (takfir) :
« La croyance dominante en la sainteté (NDA : il fait allusion aux saints que des musulmans vénéraient) et en des choses semblables est de l’associationnisme. Si vous en êtes convaincus, vous devrez savoir aussi que ceux qui disent que nous ferions mieux de cesser d’accuser les gens d’impiété et de leur faire la guerre se trompent. Nous vous conseillons seulement de connaître et d’appliquer la religion de Dieu et de son Prophète, si tant est que vous apparteniez à la communauté de Muhammad. »[2]
Dans ces quelques lignes, il accuse les musulmans d’associationnisme (shirk) et d’impiété, et les menace de leur faire la guerre s’ils ne se soumettent pas à lui.
Or, le Prophète Muhammad a dit (hadith notoire et authentique) :
« Ma communauté ne tombera jamais d’accord sur une erreur. »
Par conséquent, conformément à ce hadith et suivant le principe de non-contradiction[3], Mohamed Ibn Abd al-Wahhab ne pouvait être dans la voie de la Vérité et les musulmans dans l’erreur.
Le mouvement que l’on appelle aujourd’hui takfiri, vient précisément de cette doctrine de l’excommunication généralisée érigée par Ibn Abd al-Wahhab. Takfir signifie excommunier; le mouvement takfiri excommunie toute personne et groupe qui ne partagent pas les idées du wahhabisme, ce qui justifie d’après eux l’exécution de « l’impie ». Une arme politique aussi cruelle qu’efficace.
Mais le Prophète Muhammad a déclaré au sujet de celui qui dit d’un musulman qu’il est mécréant :
« Lorsqu’un musulman dit de son frère qu’il est mécréant, l’un des deux l’est nécessairement. Si l’homme est tel qu’il l’a décrit, il sera traité comme tel, sinon l’accusation se retournera contre lui (celui qui l’a prononcée). »[4]
Dans une de ses lettres, Ibn Abd al-Wahhab expose son système d’excommunication et désigne ceux qui sont visés par l’accusation d’impiété. D’une façon assez habile, mais sans aucune base théologico-juridique, il élargit le champ de l’excommunication à tous ceux qui ne partagent pas son avis:
« Celui qui connaît l’unicité divine et n’agit pas en conséquence est un infidèle, obstiné comme le Pharaon ou Satan. Et celui qui innocente le coupable d’un tel acte, qu’il s’agisse des Anciens ou des impies de notre époque, est lui-même un infidèle ! Ils sont tous coupables de la grande impiété, c’est-à-dire de l’associationnisme. »[5]
Ibn Abd al-Wahhab intègre à l’associationnisme toute une série d’actes qu’il juge impies et ne laisse aucune échappatoire au musulman « coupable », sinon celle de l’excommunication.
Cette nouvelle doctrine, qui ne se fonde sur aucune science islamique, ne manque pas de choquer les savants contemporains d’Ibn Abd al-Wahhab.
Les ulémans (savants) et muftis des quatre écoles déclarent Mohamed Ibn Abd al-Wahhab hérétique
Ce que les musulmans et les partisans du wahhabisme ignorent aujourd’hui, c’est que la totalité des grands savants de l’époque – qui ont eu vent de son existence et de ses écrits – d’Ibn Abd al-Wahhab l’ont désavoué, ne lui reconnaissant aucune qualification théologique, aucune autorité ni aucune crédibilité, et l’accusant d’être un innovateur, un égaré, un hypocrite, un athée, un rusé, un manipulateur et un faux prophète[6].
Ces accusations extrêmement graves venant de savants et de muftis (jurisconsultes) d’Arabie, d’Irak et du Yémen, se sont faites, dans la plupart des cas, sans concertation, ce qui donne plus de valeur encore à leur jugement. Tous les savants qui l’ont réfuté l’ont déclaré hérétique, lui ont dénié le statut de savant moujtahid (habilité à interpréter le Coran) et ont constaté qu’il ne maîtrisait pas la douzaine des sciences religieuses. Les savants ne s’arrêtèrent pas là, ils réfutent une à une les thèses d’Ibn Abd al-Wahhab, démontrant ainsi qu’il est un hérétique et un inculte ignorant les fondements même des sciences islamiques[7].
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab réfuté par son frère Suleyman
Je commencerai par le propre frère de Mohamed Ibn Abd al-Wahhab, Suleyman (qui était magistrat à Huraymala), et qui lui a écrit ce qui suit, dans une lettre qu’il rédigea vers 1753 et dont le titre est Les Foudres divines réfutant le wahhabisme (c’est à Suleyman Ibn Abd al-Wahhab que l’on doit le néologisme « wahhabisme ») :
« Depuis huit ans plus personne n’est musulman sauf les contrées qui t’obéissent… Que Dieu nous garde tous de l’égarement ! »[8]
Suleyman apostrophe son frère et lui pose cette question : « Quel est le nombre des piliers de l’islam ? », à quoi Mohamed répond « cinq », alors Suleyman lui rétorque :
« Pourquoi alors ce sixième pilier sur l’impiété des musulmans ? »[9]
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab condamné et réfuté par le mufti de Riyad et les savants de sa région natale (Nadjd)
Entre 1740 et 1745, alors que la prédication de Mohamed Ibn Abd al-Wahhab débute, le magistrat et mufti – le mufti a une autorité juridique, il est autorisé à émettre des avis juridiques (fatawa) – de Riyad, Suleyman ibn Suhaym (1717-1767), après un échange épistolaire avec Ibn Abd al-Wahhab, rédige une lettre adressée aux savants d’Arabie :
« Je porte à votre connaissance qu’un innovateur est apparu dans notre pays, un ignorant, un égaré qui égare, sans science sans piété ; il a commis des méfaits redoutables dont certains se sont déjà propagés, et d’autres encore limités à notre contrée. Je veux justement en informer les ulémas (les savants), héritiers des prophètes, afin qu’ils mettent un terme à son égarement et à son ignorance. Il a détruit les tombes et brûlé des livres de prières populaires ; il prétend que, s’il le pouvait, il détruirait la Pierre noire de la Kaaba ; il considère que les gens depuis six cents ans sont dans l’ignorance… Mais d’où tire-t-il ce savoir ? En a-t-il reçu la révélation ? Ou le diable le lui a-t-il soufflé ? Je vous en supplie ! Faites-le savoir aux pauvres gens qu’il a séduits par des artifices, et parez au plus pressé avant qu’il ne soit trop tard ! »[10]
Dans la région de l’Ahsa, un savant nommé Al-‘Afaleq (mort en 1751) attaque Ibn Abd al-Wahhab dans une lettre s’appelant Les traditionalistes se moquent de celui qui prétend renouveler la religion.
En 1745, le même Al-‘Afaleq rédige une réponse au livre d’Ibn Abd al-Wahhab (Le Livre de l’unicité divine) sur lequel il dit :
« L’unicité divine est un crédo à propos duquel l’umma (la communauté musulmane) est unanime (NDA : conformément au hadith du Prophète précité), sauf ce faux prophète. »[11]
Un autre savant, al-Hudari, dans un libelle qu’il diffuse, écrit :
« Au sujet de la réfutation de l’innovateur Ibn Abd al-Wahhab qui opère en ce moment au Nadjd, persistant dans son égarement et son obstination… »[12]
Voilà pour les réfutations venues du Nadjd (région d’origine d’Ibn Abd al-Wahhab).
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab réfuté par ses propres maîtres
Suite à cela, des réfutations sont venues de savants du Hedjaz (région de la Mecque et de Médine), à commencer par les maîtres qu’Ibn Abd al-Wahhab a eu durant sa scolarité à la Mecque, M. Ibn Suleyman al-Kurdi et M. Ibn Hayet al-Sanad, qui le soupçonnent d’athéisme.
Al-Kurdi, dans une lettre envoyée à son ancien élève, lui écrit :
« Eh ! Abd al-Wahhab, je te conseille de cesser de médire des musulmans. Si quelqu’un croit en l’intercession et non en Dieu, prends la peine de lui prodiguer de bons conseils ; s’il persévère, accuse-le d’impiété intuiti personae, mais tu n’as pas le droit d’accuser la grande masse des musulmans de laquelle tu t’es toi-même exclu (NDA : toujours en conformité avec le hadith du Prophète). Dieu n’a-t-il pas dit que « celui qui suivra un autre sentier que celui des croyants, nous le brûlerons au feu de la géhenne » (IV :115) ? Mais comme on dit : le loup ne s’attaque qu’aux brebis égarées. »[13]
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab réfuté par dix autorités des quatre écoles de droit islamique
En 1743, dix autorités, dont les muftis issus des quatre écoles de droit musulman sunnite (malikite, chafiite, hanafite et hanbalite) avalisent et adjoignent des commentaires d’appui (taqarith) à une réfutation contre Ibn Abd al-Wahhab intitulée Le Livre de la prévention de l’égarement et de la répression de l’ignorance, rédigée par un savant égyptien résidant à la Mecque du nom de al-Tandatawi. Le mufti hanbalite (les wahhabites se réclament du hanbalisme) a commenté ainsi le texte de al-Tandatawi : « Ma réponse est également affirmative, similaire à celle de nos maîtres et du cheikh Abd al-Wahhab (le père du prédicateur qui l’a désavoué). Dieu, gloire à Lui, est le meilleur de ceux qui connaissent. »[14]
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab réfuté par les savants yéménites
Au Yémen, qui a subit plusieurs incursions des saoudo-wahhabites, la majorité des savants qui se sont prononcés ont pris position contre Abd al-Wahhab, dénonçant l’hérésie de Nadjd (région d’Arabie d’où sont originaires Abd al-Wahhab et la tribu des Saoud) dans un texte titré « La corne du Diable », conformément au hadith du Prophète Muhammad annonçant que :
« AU Nadjd il y aur des tremblements de terre, des afflictions, et de là émergera une des cornes du Diable. »[15]
Les sources wahhabites elles-mêmes reconnaissent qu’au moins quatre ulémas yéménites ont composé des réfutations contre le wahhabisme : Abdallah ibn I. al-Kawkabani (1761-1809), Mohsen A. ibn Ishaq (1777-1849), Hussein ibn Mahdi al-Nuaymi (mort en 1774) et Alawi al-Haddad (mort en 1816)[16]. Un autre savant yéménite, Abdallah al-Alawi (mort en 1816), a écrit une réfutation contre Abd al-Wahhab: Faire la lumière réfutant le Nadjdi qui a égaré la masse[17].
L’imam yéménite Shukani s’oppose aux innovations de certains musulmans en s’inspirant d’Ibn Taymiyya, mais il estime que ces pratiques qualifiées d’infidélité par les wahhabites relèvent du péché. Il le dit aux wahhabites en 1808:
« Comment peut-il être dit que les gens soient devenus infidèles ? Parce que leurs tombes sont en pierre et en bois? Oui, ceci est un péché et non une impiété ou une dépravation. Nul doute à ce propos. »[18]
Mohamed Ibn Abd al-Wahhab réfuté par des savants irakiens : le conseil des savants et l’imam de Bagdad
Des réfutations viennent également d’Irak où, en 1776, le savant Ali ben Abdallah as-Suwadi écrit Tabernacle qui éclaire la réfutation du wahhabisme. Il conclut sa lettre ainsi, s’adressant à Abd al-Wahhab :
« Hé ! Lourdaud et diable obstiné, si tu as compris ce qui précède, comment peux-tu accuser d’impiété celui qui atteste qu’il n’est de dieu que Dieu et que Muhammad est son Prophète ? »[19]
Quelques années après la mort d’Ibn Abd al-Wahhab (1792), son texte, Le Livre de l’unicité divine, est lu par un conseil de savants à Bagdad dont fait parti l’imam de la mosquée de la ville, Abd al-Khattib Affendi al-Rawi. Voici les conclusions du conseil après lecture de l’ouvrage d’Abd al-Wahhab :
« Après examen, le livre comprend des questions disparates d’inégale valeur. Son auteur est de ceux qui ne connaissent qu’une partie de la chari’a[20], qu’il n’a pas pris la peine d’approfondir ; il n’a pas eu de maître qui l’eût dirigé sur le droit chemin, l’eût orienté et lui eût appris les sciences nécessaires qui guident vers la voie juste. »[21]
Les condamnations se poursuivent au XIXe et jusqu’à nos jours
Les attaques contre la doctrine d’Abd al-Wahhab, sa « pensée » et contre les wahhabites qui lui succéderont sont multiples et viennent de toutes parts ; essentiellement de savants sunnites – les savants chiites le réfutent également, à l’unisson avec les sunnites – alors même que les wahhabites se réclament du sunnisme.
Je n’ai rapporté ici que quelques-unes des nombreuses réfutations et des dénonciations dont la doctrine wahhabite a fait l’objet ; réfutations qui se poursuivront à du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours. D’ailleurs, le Sheikh d’Al-Azhar (le centre intellectuel de l’islam sunnite), Yusri al-Azhari, réfutera publiquement le wahhabisme en 2012[22].
Près d’un siècle après la mort d’Abd al-Wahhab, Ibn Girgis s’en prend aux wahhabites dans trois textes : Le don divin réfutant le wahhabisme ; La réconciliation des frères croyants innocentant Ibn Taymiyya et Ibn Qaym al-Djawziyya ; Le Plus Dur Jihad contre ceux qui prétendent à l’ijtihad[23] (l’ijtihad est l’effort d’interprétation du Coran) (1887-1888) où il exprime la position musulmane sunnite traditionnelle à laquelle les wahhabites sont étrangers, à savoir que seuls les quatre fondateurs d’École du droit (Malik, Abu Hanifa, Chafii, Ibn Hanbal), héritiers des prophètes, sont dotés de l’ijtihad absolu (l’effort d’interprétation du Coran dont découlent les règles du droit). Ils sont seuls dignes d’imitation leur rappelle-t-il. Or, ajoute-t-il :
« En ces temps-ci, de prétendus savants s’improvisent en créateurs d’École alors qu’ils sont les plus ignorants des hommes, obstinés, corrompus et polémiques, des déments qui méritent l’emprisonnement et le châtiment perpétuel. »[24]
Nous conclurons cette série de réfutations par le bilan qu’a dressé en 1883, Zayni Dahlan (1817-1886), le mufti de la Mecque, des réponses faites à Ibn Abd al-Wahhab :
« Au total, nombreux sont ceux qui l’ont réfuté, d’Orient et d’Occident ; ils appartiennent aux quatre écoles, y compris la sienne, le hanbalisme ; ils lui ont posé des questions à la portée des débutants, auxquelles il n’a pas été en mesure de répondre. »[25]
Les réfutations du wahhabisme par les savants font force de loi
Il y eut donc consensus (ijma’) entre les savants des quatre écoles juridiques sunnites, du Nadjd, du Hedjaz, du Yémen et d’Irak au sujet de Mohamed Ibn Abd al-Wahhab et sa doctrine.
Du point de vue du droit musulman, en théorie, il y a consensus sur un cas juridique, lorsque tous les moujtahid (savants capables d’interpréter le Coran) du monde musulman sont unanimes sur une question[26].
Dans le cas du wahhabisme, il y eut accord entre un nombre important de moujtahid ; mais précisons qu’à cette époque, se sont prononcés les savants des régions qui ont eu connaissance de l’existence d’Abd al-Wahhab et de sa secte. Au xixe siècle, les savants du Maghreb ont à leur tour réfuté le wahhabisme[27].
Toutefois, des ulémas (savants) pensent qu’il est impossible d’avoir un véritable consensus, dans la mesure où l’on ne peut connaître tous les moujtahid de la planète ainsi que leur avis à tous sur un cas juridique. Partant de là, le fondateur de la quatrième école de droit musulman, Ahmad ibn Hanbal (780-855) a conclu la chose suivante : « Celui qui prétend qu’il y a eu consensus ment. Il se peut que les spécialistes se soient contredits à propos de la question sans le savoir et qu’il ne le sache pas. Il vaut mieux dire : à ma connaissance, il n’y a pas eu de conflit d’opinions sur cette question. »[28]
Dans la pratique, ce que l’on qualifie d’ijma’ (consensus), à l’exemple des jugements consensuels émis par les Compagnons du Prophète, est un avis concerté entre un groupe de personnes présentes à un moment donné, possédant le savoir et la compétence nécessaire pour juger du cas porté devant elles[29].
Historiquement, l’avis concerté n’a existé qu’à deux époques : celle des premiers califes et Compagnons du Prophète (Abu Bakr, Omar, Othman et Ali) et au cours de quelques califats omeyyades en Andalousie.
En dehors de ces deux périodes, chaque moujtahid répondait aux cas juridiques qui lui étaient soumis dans son pays et sa société[30].
Il existe deux types de consensus[31] :
- Le consensus explicite (al-ijma’ as-sarih) : tous les moujtahid d’une époque donnée expriment leur accord sur un avis juridique de manière explicite.
- Le consensus implicite (al-ijma’ as-soukouti) : une partie des moujtahid d’une époque s’exprime sur un cas juridique, tandis que le reste des moujtahid n’exprime aucun avis. Celui-ci a une valeur moindre, sauf pour les savants hanafites, car selon eux le silence d’un moujtahid sollicité ne peut exprimer que son accord.
Au vu des éléments historiques et théologico-juridiques que j’ai présentés précédemment, les jugements que les savants et muftis ont portés sur le wahhabisme, à la fois individuels et concertés, sont des plus solides de l’histoire de l’islam, concernant une secte[32].
Comme l’a écrit l’ancien juge du Caire, inspecteur des tribunaux et professeur à la faculté de droit du Caire, Abd al-Wahhab Khallaf (1888-1956) :
« Le consensus sur un avis juridique devient une loi religieuse coercitive. Si le même cas se présente aux moujtahid des époques suivantes, ils doivent adopter le jugement prononcé par leurs prédécesseurs et s’abstenir de tout nouvel effort de réflexion sur ledit cas. Ainsi, une loi religieuse résultant de l’ijma’ est définitive, indiscutable et ne peut être ni contredite ni abrogée. »[33]
Et c’est ce qu’ont fait plus de 200 ulémas sunnites, lors de la conférence islamique internationale de Grozny (Tchétchénie) fin août 2016, qui avait pour thème : « Qui sont les Gens de la Tradition et du Consensus (Ahl al-Sunna wa-l-Jamâ’a) ? »
La conférence fut inaugurée par le sheikh d’Al-Azhar, Ahmed el-Tayeb. Au terme de cette conférence, le wahhabisme fut exclu de l’islam sunnite[34] par les savants et muftis réunis, et ce conformément au jugement prononcé par leurs prédécesseurs.
Le wahhabisme ne fait pas partie de l’islam.
L’expansion du wahhabisme : l’œuvre des Saoud, des Britanniques et des Américains
Lorsqu’en 1740, après la mort de son père, Ibn Abd al-Wahhab commence à prêcher à Huraymala, il en est aussitôt expulsé. Il retourne alors dans sa ville d’origine, Al-‘Uyayna. Il s’allie à son chef, Uthman ibn Muammar, et se met avec lui à couper des arbres vénérés (la destruction des arbres est interdite en islam, sauf en cas d’impératif) et à détruire des sépultures. Avec 600 hommes, Ibn Abd al-Wahhab détruit lui-même la tombe de Zayd Ibn al-Khattab, le demi-frère de Umar, le second calife et compagnon du Prophète.
Quatre ans plus tard, le protecteur d’Ibn Abd al-Wahhab, Uthman ibn Muammar le prie de quitter sa ville suite aux pressions exercées par le chef des Bani Khaled (qui a reçu les lettres des savants dénonçant l’hérésie d’Ibn Abd al-Wahhab), maître de l’Ahsa, juridiction dont dépendait ibn Muammar[35].
Ibn Abd al-Wahhab trouvera alors protection auprès de la tribu Saoud. Entre 1744 et 1745, Muhammad Ibn Abd al-Wahhab conclut un pacte d’alliance (le pacte du Nadjd) avec le chef de la tribu des Saoud, Mohamed ibn Saoud, qui vit dans le discours religieux wahhabite une justification de conquête de l’Arabie.
Ce pacte fit des Saoud les porte-drapeaux du wahhabisme et d’Ibn Abd al-Wahhab ainsi que sa descendance le clergé couplé à la dynastie saoudite ; celle-ci utilisa alors la doctrine wahhabite en tant que moyen de conquête et d’appropriation patrimoniale de l’Arabie. Ibn Saoud et Ibn Abd al-Wahhab vont se livrer à une série de destructions et de massacres de musulmans.
Trois royaumes saoudo-wahhabites se succéderont : le premier est établi en 1745 et prend fin en 1818, le deuxième de 1824 à 1890 et le troisième de 1932 à nos jours.
Une autorité religieuse que j’ai cité précédemment, Zayni Dahlan (1817-1886), mufti de la Mecque, qui qualifia le wahhabisme de fitna (ce qui signifie discorde, dissension, mais aussi guerre civile) dans son livre Histoire de la Mecque, a écrit au sujet de ce pacte conclu entre Ibn Abd al-Wahhab et ibn Saoud :
« Muhammad ibn Abd al-Wahhab a été hébergé par les gens de Dir’iyya dont certains ont pensé qu’il était un prophète envoyé à l’humanité entière. Parmi ceux qui l’ont suivi et cru en tout ce qu’il disait, Muhammad ibn Saoud, l’émir de Dir’iyya, qui l’a utilisé comme un moyen pour étendre son pouvoir et subjuguer les Bédouins. Il était à Dir’iyya comme un prophète dans sa Nation, les gens le suivent à la lettre et ne font rien qui ne soit décidé par lui. »[36]
Leurs conquêtes sont ponctuées par la destruction des plantations, la démolition des édifices et des maisons, l’exécution des combattant défaits et désarmés, par égorgement parfois. Riyad, qui deviendra la capitale des Saoud, tombe en 1773. Entre temps, ibn Saoud meurt (1765) et c’est son fils, Abdelaziz, qui lui succède. Sur ordre d’Ibn Abd al-Wahhab, les wahhabites prêtent allégeance à Abdelaziz (1765-1803).
En 1801, les saoudo-wahhabites massacrent entre 2 000 et 5 000 personnes à Kerbala, hommes, femmes et enfants ; ils sont allés jusqu’à éventrer les femmes enceintes[37]. Ils détruisent la coupole qui ornait le tombeau du petit-fils du Prophète, Hussein, en volant ce qu’elle contenait et ce qu’il y avait aux alentours[38].
La même année ils pillent et massacrent une grande caravane qui descend de Damas vers les lieux Saints (le Hedjaz). Entre 1803 et 1806, ils attaquent la Mecque où ils empallent des pèlerins et Médine dont ils égorgent une partie de la population. Les routes étant occupées par les saoudo-wahhabites, les pèlerins se verront contraint d’atteindre la Mecque par la mer en débarquant à Djeddah.[39]
À la Mecque, les saoudo-wahhabites détruisent le dôme érigé dans l’enceinte sacrée ainsi que les tombeaux de Khadija, la première épouse du Prophète, de son oncle, Abu Taleb, ainsi que les tombes du cimetière de Ma’ala. À Médine, ils font de même et vont plus loin encore en profanant le sanctuaire où se trouve le tombeau du Prophète, tentent de détruire, en vain, la coupole ornant le tombeau, et pillent tous les trésors que les musulmans ont déposés à travers les siècles dans le tombeau du Prophète[40]. Saoud lui-même vole des perles et des coraux du tombeau du Prophète. La coupole ornant le tombeau était surmontée par un globe et un croissant en or ; les wahhabites ont voulu s’en emparer mais la chute mortelle de l’un d’entre eux voulant les prendre les a refroidit[41].
Le fils d’Ibn Abd al-Wahhab, Abdallah, reconnaît fièrement les forfaits dans une lettre où il écrit :
« Oui, nous avons démoli, détruit et pillé ! »[42].
C’est cette méthode de terreur qui a été appliquée par les terroristes à l’époque contemporaine en Syrie, en Libye, en Irak… Tous financés par l’Arabie saoudite et le Qatar, armés et soutenus ouvertement par les États-Unis et leurs alliés israéliens et occidentaux[43]. Ce que le New York Times a fini par admettre dans un article du 23 janvier 2016[44].
La conquête de l’Arabie par les saoudo-wahhabites ne s’est pas faite en une fois. Au début du XIXème siècle, l’Empire ottoman réagit à cette expansion qui rogne des territoires sous son autorité. En 1813, des troupes égyptiennes, agissant pour le compte de la Sublime Porte, libèrent la Mecque des wahhabites. En 1818, après six mois de siège, ils prennent aussi Dir’iyya. Alors une partie des bédouins wahhabites changent de camps, tandis qu’une autre est éliminée et le reste prend la fuite[45].
Mais les Saoud, tenaces, ne renoncent pas ; entre 1821 et 1834, un cousin des Saoud, Turki, restaure le royaume wahhabite avec pour capitale Riyad, s’ensuit une guerre civile au sein de la tribu qui s’entredéchire dans le Nadjd.
En 1901, Abdelaziz ibn Saoud lance une nouvelle conquête progressive de l’Arabie avec sous son commandement (à partir de 1914) une armée de 150 000 hommes formée de trois corps : les citadins, les bédouins et les ikhwan (les Frères) qui sont des bédouins endoctrinés par les savants wahhabites, des fanatiques assoiffés de sang et de butin qui égorgent les combattants, achèvent les blessés et massacrent femmes et enfants[46].
En 1924, cette armée wahhabite conquière le Hedjaz (la Mecque et Médine) en prenant soin, sur le chemin, de piller la ville de Ta’if et de massacrer sa population civile[47]. En 1928, les ikhwan fanatiques, dont les Saoud ont perdu le contrôle, entreprirent d’attaquer l’Irak, mais ils furent écrasés par les Britanniques qui s’étaient approprié le territoire.
Durant la Première Guerre mondiale, les Britanniques soutiennent les Saoud contre les Rachid (proches des Ottomans et qui contrôlaient le centre de l’Arabie), alors que les Saoud étaient retranchés au Koweït.
Les Britanniques, grands maîtres du double jeu, soutiennent les Saoud et leur concurrent Hussein (appartenant aux Hachémites), le chérif du Hedjaz sous domination ottomane à qui ils proposent de le débarrasser des Ottomans en échange de quoi il deviendrait le roi d’un grand État arabe. D’un côté, l’agent britannique Thomas Edward Lawrence, soutient le chérif Hussein, de l’autre, son collègue, Harry Saint John Bridger Philby, soutient ibn Saoud.
Dès 1920, la Grande-Bretagne verse, via son agent en Arabie, Philby, un salaire de 60 000 livres sterling par an à Abdelaziz ibn Saoud. Philby était considéré « par des personnages bien renseignés » comme le roi occulte du « Royaume du Nadjd, Hedjaz et dépendance »[48].
Le journaliste et écrivain français Xavier de Hautecloque (1897-1935) rapporte les propos que lui a tenus Philby lors de son voyage en Arabie :
« Vous savez ce qu’a été ma vie. Je l’ai consacrée à un homme, Ibn Saoud ; j’ai cru en lui quand le monde l’ignorait, quand mes collègue eux-mêmes, Lawrence… », puis il dévoile son rêve : « la création d’un grand royaume arabe avec Ibn Saoud pour roi. »[49]
Les Britanniques soutiennent définitivement les Saoud qui prennent la Mecque et le reste du Hedjaz à la fin de l’année 1925.
Ibn Saoud soumet les notables du Hedjaz qui lui prêtent allégeance et se fait proclamer roi en 1925, et en 1932, l’Arabie unifiée sous le pouvoir de la tribu Saoud est appelée Arabie saoudite.
Le wahhabisme s’implante définitivement dans les lieux sacrés de l’Islam, la Mecque et Médine. Ibn Saoud remplace les savants, les juges et les imams des quatre écoles par des wahhabites.
Sans les Britanniques, le Royaume saoudite actuel, fondé en 1932, n’aurait jamais vu le jour.
Et à partir de 1945, les Américains prennent le relais de l’Empire britannique finissant. Le 14 février 1945, le roi Abdelaziz ibn Saoud et le président américain Franklin Delano Roosevelt se rencontrent sur le croiseur Quincy ; un pacte est conclu : en échange du pétrole d’Arabie, le royaume des Saoud se trouvera désormais placé sous la protection des États-Unis.
En réalité, le pacte était déjà en application, car les sociétés américaines avaient commencé à pomper le pétrole d’Arabie dans les années 1930. Dès 1930, la recherche de ressources pétrolières commence à Bahrein avec des résultats positifs en 1932. Ibn Saoud voit là un moyen d’obtenir une rente via les concessions ; en 1931, un américain, Charles Crane, lui conseille de dealer avec des compagnies américaines. Le 29 mai 1933, un contrat est signé avec la Standard Oil of California qui crée la California Arabian Standard Oil Company (CASOC). En 1936, la Texaco achète la moitié du capital de la CASOC ; les Saoud touchent seulement des droits de concession. En 1938 on découvre du pétrole en grande quantité et en 1939 commence sa commercialisation[50].
Le pacte de Quincy entérine et officialise une situation de fait ; les modalités de cette alliance ont été plus ou moins négociées par Roosevelt et ibn Saoud à cette occasion.
Avec le couplage du pétrole saoudien et du dollar américain, débute la phase d’expansion de la doctrine wahhabite – sponsorisée par les pétrodollars – en dehors de l’Arabie. Le wahhabisme part alors à la conquête du monde musulman, notamment via de nombreuses institutions comme le Congrès islamique mondial (1949-1952), le Congrès islamique de Jérusalem (1953), le Haut Conseil des Affaires musulmanes (1960), l’Organisation de la Confrérie islamique (1969), la Ligue du Monde musulman (1962), l’Assemblée mondiale de la jeunesse musulmane (1972).
Les saoudo-wahhabites financent aussi des chaires universitaires à Harvard, en Californie, à Santa Barbara, à Londres ainsi qu’à Moscou. En outre, l’Arabie saoudite détient, en termes financiers, 30% de l’enveloppe satellitaire arabe, une cinquante de chaînes de télévision et autant de titres dans la presse écrite.[51]
Le terrorisme wahhabite est ensuite devenu l’outil géostratégique de l’impérialisme anglo-américain. Zbigniew Brzezinski (1928-2017), alors conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis (du 20 janvier 1977 au 20 janvier 1981) sous la présidence de Jimmy Carter, a été, à la fin des années 1970, le maître d’œuvre d’une manœuvre de coordination de la CIA avec les services pakistanais et saoudiens, dans le but de financer et d’armer les futures terroristes, dont Ben Laden. L’objectif de Brzezinski était d’attirer l’Union soviétique dans le cimetière afghan. Cette stratégie a été employée à nouveau dans la fin des années 1990 en Tchétchénie, pour faire imploser la Fédération de Russie ; et encore après la guerre de 2003 en Irak, et depuis 2011, en Libye, en Syrie, au Yémen et ailleurs…
Brzezinski expliquera d’ailleurs lors d’une interview accordée au Nouvel Observateur le 15 janvier 1998 « comment et pourquoi il a financé Ben Laden en Afghanistan »[52].
À la question : « Vous ne regrettez pas d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste, d’avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ? », Brzezinski répondit : « Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »
Ce qu’explique Brzezinski, qui demeura l’un des plus influents géo-stratèges aux États-Unis, c’est que ce terrorisme est une création artificielle et que son ampleur dépend de la politique occidentale, et plus précisément anglo-américaine.
La « corne de Diable » qui émergea, d’après les savants yéménites précités, du Nadjd avec les saoudo-wahhabites (actuellement la majorité des savants saoudiens viennent du Nadjd ainsi que 40% de l’élite politique saoudienne[53]) au XVIIIème siècle, à pris ses quartiers dans les lieux sacrés de l’Islam (la Mecque et Médine) qu’ils ont transformé, avec les pétrodollars, en une sorte de Vatican musulman et se sont érigés en clergé, gérant l’Islam, le pervertissant de l’intérieur.
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[1] La biographie d’Ibn Abd-al Wahhab dans : Hamadi Redissi, Le pacte de Nadjd, ou comment l’islam sectaire est devenu l’islam, Seuil, 2007.
[2] Les Lettres personnelles de M. Ibn Abd al-Wahhab, Publications de l’Université de l’imam M. Ibn Saoud, Ryiad, s.d. (n°29), rapporté par Hamadi Redissi, op. cit., p. 86.
[3] « Il est impossible qu’un même attribut appartienne et n’appartienne pas en même temps et sous le même rapport à une même chose » (Aristote, Métaphysique, livre Gamma, chapitre 3, 1005 b 19-20).
[4] Selon Ibn Omar, rapporté par Bukhari et Muslim, cité notamment par Muhammad Nasir Ad-Din Al-Albani (qui est une des principales références des wahhabites contemporains), dans son ouvrage Les Jardins des Vertueux (Riyad As-Salihin), chapitre 15 : « L’interdiction de dire de son frère qu’il est mécréant ».
[5] Lettres 26, in Ibn Ghannam, p. 250 et 439-440, rapporté par Hamadi Redissi, op. cit., p. 127.
[6] Hamadi Redissi, op. cit., p. 136.
[7] Hamadi Redissi, op. cit., pp. 131-132.
[8] Lettre éditée à Bombay en 1889 ; une seconde édition date de 1923 et une autre de 1987 au Caire. Rapportée par Hamadi Redissi, op. cit., p. 98.
[9] Rapporté par Hamadi Redissi, op. cit., p. 248.
[10] Les lettres de réponses d’Abd al-Wahhab au cheikh Ibn Suhaym ont été publiées en partie par Ibn Ghannam (lettres 7 à 9). Dans les Œuvres complètes (1977) du cheikh, on trouve deux autres répliques, ce qui fait un total de cinq réponses publiées.
Rapporté par Hamadi Redissi, op. cit., p. 99.
[11] « Deux lettres manuscrites sont mentionnées dans trois textes de la recension d’Ahlwardt, t. 2, manuscrits 2158 & 2157. Ahlwardt exclut que le manuscrit 2157 soit de ‘Afaleq, alors que Peskes le lui attribue. J’ai pu lire les deux textes et je les ai trouvé, au fond, presque identiques. », Hamadi Redissi, op. cit., p. 100.
[12] Édition bilingue de Ebeid et Young, pp. 377-398. Cité dans : Hamadi Redissi, op. cit., p. 100.
[13] Rapporté par Hamadi Redissi, op. cit., p. 101.
[14] Al-Tandatawi est édité par Traboulsi, pp. 373-415. Cité dans : Hamadi Redissi, op. cit., p. 101.
[15] Hadith raconté par Abd’Allah Ibn Omar. Hadith authentique, Bukhari, livre 17, hadith n° 147 ; livre 88, hadith n° 214.
[16] Cf. L’Inventaire des réfutations yéménites chez Abu Dahich, Les Traces de la prédication de M. Ibn al-Wahhab dans les domaines de la littérature et de la pensée dans la Péninsule arabe, Riyad, 1999, t. 1, pp. 171-175 et pp. 242-254 ; cf. aussi Haykel.
[17] Hamadi Redissi, op. cit. p. 105.
[18] Hamadi Redissi, op. cit. p. 106.
[19] Manuscrit 2156, Bibliothèque royale de Berlin, 2. « Ahlwardt doute de son auteur, tandis que Peskes l’assimile à une copie des Foudres divines de Suleyman Ibn Abd al-Wahhab », Hamadi Redissi, op. cit. p. 107.
[20] La chari’a n’est pas, comme on aime à le répéter en Occident, la loi islamique réduite aux châtiments corporels. Chari’a signifie la voie ; étymologiquement, ce mot désignait la source d’eau où s’abreuvaient les animaux dans le désert, et par extension on appelait ainsi la voie qui menait à la source d’eau. La chari’a est donc la voie qu’emprunte le croyant pour accéder à Dieu, qui est la source (l’eau étant la source de toute vie). La loi islamique constitue les limites de la voie (chari’a), limites sans lesquelles on ne peut se guider ni distinguer la voie droite du chemin tortueux. Toute route, par définition, a des limites.
[21] Rapporté par Hamadi Redissi, op. cit., pp. 88-89.
[22] Voir le prêche donné en 2012 par Yusri al-Azhari, durant lequel il réfute le wahhabisme : https://www.youtube.com/watch?v=0zKEK-T9bAM
[23] La liste des trois livres, in Brockelmann, Supplément II, pp. 789-790. Il y est mentionné un quatrième manuscrit (Cambr. Suppl. 832). Les trois manuscrits sont édités. Cité par Hamadi Redissi, op. cit., p. 108, qui utilise l’édition de Hussein Himi Ishiq, Heavenly Blessings Refuting Wahhabis, Istanbul, 1973 (2e éd.).
[24] Rapporté par Hamadi Redissi, op. cit., pp. 108-109.
[25] Zayni Dahlan dans son Durar (Les Perles, rédigé en 1883).
[26] Voir : Abd al-Wahhab Khallaf, ‘Ilm ousoûl al-fiqh (Les Fondements du droit musulman), 1942, réédité en 1997 et 2008, Ed. Al-Qalam, p. 68. Abd al-Wahhab Khallaf (1888-1956) fut juge auprès des tribunaux d’Égypte, directeur des mosquées au ministère des fondations religieuses, inspecteur des tribunaux et professeur à la faculté de droit de l’université du Caire.
[27] Hamadi Redissi et Asma Nouira, Réfutations maghrébines du wahhabisme au xixe siècle, éd. Dar al-Tali’a, Beyrouth, 2008.
[28] Abd al-Wahhab Khallaf, Les Fondements du droit musulman, p. 72.
[29] Abd al-Wahhab Khallaf, op. cit., p. 73.
[30] Abd al-Wahhab Khallaf, op. cit., p. 74.
[31] Voir le détail dans : Abd al-Wahhab Khallaf, op. cit., pp. 67-75.
[32] Voir l’opinion d’Ibn Rushd (1126-1198), le grand juriste du xiie siècle, sur l’origine et la nature du sectarisme, dans son ouvrage Le Discours décisif (fasl al-maqal).
[33] Abd al-Wahhab Khallaf, op. cit., p. 69.
[34] https://www.presstv.com/DetailFr/2016/09/03/482924/Wahhabisme-aprs-le-congrs-de-Tchtchnie
[35] Hamadi Redissi, Le pacte de Nadjd, p. 47.
[36] Zayni Dahlan, Khulassat, Le Caire, 1977 (première édition : 1887-1888), p. 237 ; Zayni Dahlan, Durar (les perles réfutant le wahhabisme), Le Caire, rééd. 1985, p. 46-47. Rapporté par Hamadi Redissi, Le pacte de Nadjd, pp. 41-42.
[37] Faits rapportés par diverses sources arabes et étrangères : Ibn Bishr, Unwan/Tarikh Nadjd (Histoire glorieuse du Nadjd), Edition A. ben Abd al-Latif Al-Cheikh, Riyad, 1983, vol. 1, p. 121 ; Johannes Reissner, « Kerbala 1802, ein Werstattbericht zum ‘‘islamischen Fundamentalismus’’ als es ihn noch nicht gab », in Die Welt des Islams, XXVIII, 1988, pp. 431-445.
H. Redissi, op. cit. pp. 52-53.
[38] Evènements consignés par Ibn Bishr, d’après le récit des auteurs de ces actes. Rapporté par Hamadi Redissi, Le pacte de Nadjd, p. 54.
[39] Xavier de Hautecloque, Le Turban vert, Nouvelle Revue Critique, 1931, pp. 79-80.
[40] Le vole du trésor du tombeau du Prophète est admise par le roi Abdallah ibn Saoud (c’est son père qui a volé le trésor du Prophète et qui le lui a légué) lui-même durant une entrevue qu’il eut avec Muhammad Ali (vice-roi d’Egypte) en 1818, et qui fut rapportée par le chroniqueur égyptien Jabarti (1754-1825) : Jabarti, Ajaib, vol. 3, Le Caire, janvier 1818, p. 595-596, rapporté par Hamadi Redissi, Le pacte de Nadjd, p. 65.
[41] Hamadi Redissi, Le pacte de Nadjd, p. 55-56.
[42] Lettre rapportée par Hamadi Redissi, Le pacte de Nadjd, p. 103.
[43] Youssef Hindi, Chroniques du sionisme, Kontre Kulutre, 2019.
[44] https://www.nytimes.com/2016/01/24/world/middleeast/us-relies-heavily-on-saudi-money-to-support-syrian-rebels.html
[45] Hamadi Redissi, Le pacte de Nadjd, p. 64.
[46] Hamadi Redissi, Le pacte de Nadjd, pp. 71, 75.
[47] Hamadi Redissi, Le pacte de Nadjd, p. 77.
[48] Xavier de Hautecloque, Le Turban vert, p. 91.
[49] Xavier de Hautecloque, Le Turban vert, pp. 95-96.
[50] Henry Laurens, L’Orient arabe, Arabisme et islamisme de 1798 à 1945, éditions Armand Colin, pp. 281-282.
[51] Voir la liste in Al-Farsy, Custodian of the Two Holy Mosques : King Fahd ben Abdul Aziz, Chanel Islands : Knight Communications, 2001, pp. 220-228. Cité par Hamadi Redissi, Le pacte de Nadjd, p. 215.
[52] https://www.investigaction.net/fr/034-Pourquoi-et-comment-j-039-ai/
[53] Voir : Hamadi Redissi, Le pacte de Nadjd, p. 272.
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propos de l’Islam, René Guénon (qui n’a jamais été converti à quoi que ce soit) disait :
« D’après la tradition islamique, tout être est « muslim », c’est-à-dire soumis à la volonté divine, à laquelle rien ne peut se soustraire ; la différence entre les êtres consiste en ce que, tandis que les uns se conforment consciemment et volontairement à l’ordre un universel, les autres l’ignorent ou même prétendent s’y opposer. Il est à remarquer que la même racine se retrouve encore dans les mots Islam et muslim ; la « soumission à la Volonté divine » c’est le sens propre du mot Islam, et est la condition nécessaire de la « Paix » ; l’idée exprimée ici est à rapprocher de celle du Dharma hindou. Il est intéressant de remarquer que la tradition hindoue et la tradition islamique sont les seules qui affirment explicitement la validité de toutes les autres traditions orthodoxes ; et, s’il en est ainsi, c’est parce que, étant la première et la dernière en date au cours du Manvantara (durée d’un cycle humain), elles doivent intégrer également, quoique sous des modes différents, toutes ces formes diverses qui se sont produites dans l’intervalle, afin de rendre possible le « retour aux origines » par lequel la fin du cycle devra rejoindre son commencement, et qui, au point de départ d’un autre Manvantara, manifestera de nouveau à l’extérieur le véritable Sanâtana Dharma* (*Tradition primordiale, pleinement intégrale, et qui seule subsiste continuellement et sans changement à travers tout le Manvantara). »
En remontant dans le passé pour chercher l’origine de la Religion primitive, nous découvrons qu’elle était basée sur les lois de la Nature, qu’elle était naturelle. Et c’est en cela qu’elle diffère des grandes religions modernes (Judaïsme, Christianisme et Islamisme) qui, toutes, sont basées sur la violation de la Nature, qui sont surnaturelles. Et comme toutes les erreurs triomphantes sont intolérantes, elles ne se laissent pas discuter, parce que leurs prêtres ont une conscience vague des absurdités qu’ils enseignent. Comme tous les usurpateurs, ils condamnent, avec la dernière rigueur, le régime antérieur au leur, celui qu’ils sont venus renverser.
L’histoire des religions, c’est l’histoire des luttes de la vérité et de l’erreur, du bien et du mal, de la justice et de l’injustice. C’est parce que c’est l’histoire d’une lutte « très particulière » que si peu d’hommes consentent à chercher et à dire toute la vérité dans cette question réputée dangereuse.
Elle contient un grand danger, en effet, pour les prêtres de tous les cultes qui s’appuient sur le mensonge, puisqu’elle lève entièrement le voile qui cachait la Vérité.
Leur sécurité relative vient de ce qu’ils s’appuient sur l’ignorance universelle.
« Comment ne s’aperçoit-on pas, écrit René Guénon, que la prétendue « science des religions », telle qu’elle est enseignée dans les milieux universitaires, n’a jamais été en réalité autre chose qu’une machine de guerre dirigée contre la religion et, plus généralement, contre tout ce qui peut subsister encore de l’esprit traditionnel, que veulent naturellement détruire ceux qui dirigent le monde moderne dans un sens qui ne peut aboutir qu’à une catastrophe ? » (Regnabit, La Réforme de la Mentalité moderne)
Rappelons, à propos de l’Islamisme, que, à peine né, il vit se former, en face de lui, une secte : les Ismaéliens.
Cette secte avait pour fondateur Ismaël, qui mourut vers l’an 766. La société fondée par Ismaël prit le titre de « Zindik » ou « Esprits forts » ; elle devait, plus tard, perdre ce nom et n’être plus désignée que par celui de son fondateur.
Les disciples d’Ismaël étaient des libres penseurs qui discutaient les préceptes du Coran chaque fois qu’ils en avaient l’occasion.
Au début, ils agirent au grand jour, mais les califes les persécutèrent ; un de leurs chefs les plus célèbres, Babek, qui parut en 815, tomba avec ses partisans en 837.
Ils se constituèrent alors en société secrète et enseignèrent l’antique vérité, comme les Manichéens, ou du moins le syncrétisme divin résumé dans l’idée d’une dualité représentant l’homme et la femme.
Ce fut Abdallah, qui vivait à cette même époque à Ahwas, dans les provinces méridionales de la Perse, qui, rendu circonspect par le sort des disciples de Babek, résolut de miner sourdement la religion des Arabes et fit de l’Ismaélisme une société secrète.
Il divisa l’enseignement des doctrines en 7 degrés. Dans le 7ème degré, on apprenait que toutes les religions des hommes étaient des chimères et qu’il fallait revenir à la Nature.
Il est utile de rappeler que le monde occidental, depuis des temps qui remontent encore plus loin que le début de l’époque dite historique, et quelles qu’aient été les formes traditionnelles qui l’organisaient, avait d’une façon générale toujours entretenu avec l’Orient des rapports normaux, proprement traditionnels, reposant sur un accord fondamental de principes de civilisation. Tel a été le cas de la civilisation chrétienne du moyen âge. Ces rapports ont été rompus par l’Occident à l’époque moderne dont René Guénon situe le début beaucoup plus tôt qu’on ne le fait d’ordinaire, à savoir au XIVème siècle, lorsque, entre autres faits caractéristiques de ce changement de direction, l’Ordre du Temple, qui était l’instrument principal de ce contact au moyen âge chrétien, fut détruit : et il est intéressant de noter qu’un des griefs qu’on a fait à cet ordre était précisément d’avoir entretenu des relations secrètes avec l’Islam, relations de la nature desquelles on se faisait d’ailleurs une idée inexacte, car elles étaient essentiellement initiatiques et intellectuelles.
Il s’est donc produit, au cours des derniers siècles, un changement considérable, qui va même jusqu’à un véritable renversement, dans la direction donnée à l’activité humaine, et c’est dans le monde occidental exclusivement que ce changement a eu lieu. Ceci a beaucoup à voir avec les évènements du XVIIIème siècle, et la constitution de la Maçonnerie moderne qui est, en réalité, le produit d’une déviation dont les premiers responsables, à ce qu’il semble, sont les pasteurs protestants, Anderson et Desaguliers, qui rédigèrent les Constitutions de la Grande Loge d’Angleterre, publiées en 1723, et qui firent disparaître tous les anciens documents sur lesquels ils purent mettre la main, pour qu’on ne s’aperçût pas des innovations qu’ils introduisaient, et aussi parce que ces documents contenaient des formules qu’ils estimaient fort gênante.
La « civilisation » moderne étant le résultat direct de la mentalité des peuples anglo-saxons, nous ne saurions trop mettre en garde contre toutes les contrefaçons qui ne représentent que des idées tout occidentales et modernes, masquées sous des vocables orientaux détournés de leur sens.
Étant donné que les trois grandes religions modernes sont liées entre elles, bien plus qu’on nous le laisse croire, rappelons, pour chacune d’entre elles, leur véritable histoire, cela permettra peut-être pour certain, une vision un peu plus claire des évènements auxquels l’humanité est confrontée aujourd’hui :
Le Judaïsme : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/delisraelismeaujudaisme.html
Le Christianisme : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/lesoriginesethistoireduchristianisme.html
L’Islamisme : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/islamismeismaeliensarabesettouareg.html
Bonjour ,
Merci pour cet exposé très intéressant .
Par contre dommage que vous vous referiez trop à Hamadi Redissi , si vous auriez plus variés vos sources, cela aurai encore plus renforcés votre exposé .. ce n’est pas trop tard ..
Ping :Metapolitique : L’islam politique : Le wahhabisme ne fait pas partie de l’islam. »Ce que l’on appelle aujourd’hui « islam politique » est un ensemble d’idéologies et de mouvements qui ont, dès leur origine, visé à subvertir l’
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As-Salem aleykoum M.Hindi vous êtes très dur sur la personne d’AbdulWahhab et du message originel du “Wahhabisme” , faut connaître le contexte politico-religieux du Hijaz et les fausses rumeurs , diffamations et calomnies à son sujet malheureusement énormément propager par ces contemporains en son temps et après lui….. Bon Lisez cette article complet à son sujet (AbdulWahhab) et du wahhabisme du sheikh Anas Ahmed Lala qu ‘Allah le récompense qui est d’obédience hanafite
https://www.maison-islam.com/articles/?p=292
Sinon le reste c’est très intéressant et pertinent continuez ainsi
A propos d’AbdulWahhab et de sa doctrine, les vidéos de Salah Eddine Ben Ibrahim sont particulièrement instructives.
Je vous remercie pour le lien, qui est effectivement très intéressant, un texte qui laisse perplexe, dont on ne sait pas s’il faut rire ou pleurer, compte tenu des circonvolutions de l’auteur et de ses efforts laborieux à tenter d’atténuer la responsabilité de Muhammad ibn Abdal-Wahhâb. Une phrase qui résume assez bien l’ensemble est :
“Or il y avait effectivement certains excès chez certains de ceux qui suivaient son enseignement”.
Un euphémisme pour faire allusion aux nombreux massacres perpétrés pendant des décennies.
Je me dit qu’au fond, le seul précédent historique d’hérésie connu en Islam est la secte des assassins de Hassan ibn al-Sabbah avec un dénouement plutôt réussie, mais je n’en dirais pas autant du wahhabisme qui est en quelque sorte un Daesh qui a réussi, néanmoins Dieu sait mettre un terme à toute chose.
Assalam Aleikoum
Ping :L’islam politique - La Tribune Diplomatique Internationale
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Ping :Interview autour du livre « L’Autre Zemmour » – Youssef Hindi
Ping :Parution du livre "L’islam politique"chez KA' Éditions en partenariat avec Strategika - Strategika
Ping :Islamizm to nie Islam – Ewa Pawela – Niezależna Telewizja
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Imam Khomeini Was Real, Trump Is a Phony
The Ayatollah Made Islam/Iran Great
Again—by Making GOD Great Again
https://www.youtube.com/watch?v=r2fSVYM35BY
Below is the article I recently submitted, upon request, to Press TV on the anniversary of the death of Imam Khomeini. Above is my latest Friday khutbah. I realize that this stuff is controversial—for example, people on both sides of the divide may bristle at my speaking the names “Khomeini” and “Trump” in the same breath—but if you can handle it, you’ll earn bragging rights and be able to say that you have been exposed to an interesting and perhaps somewhat unusual Muslim viewpoint. -KB
“Allahu akbar.” That phrase, “God is greatest,” is repeated no less than thirty times each day in the calls to prayer that ring out above the rooftops of the Muslim world.
In 1978, Iran was ruled by a Shah who, like Donald Trump, had an inordinately high opinion of himself. Like Trump, and like Pharaoh in the Qur’an, the Shah thought he was the greatest. And like Trump, the Shah wanted some of his own self-styled greatness to rub off on his country.
Trump and the Shah both wanted to return their countries to a mythical era of ancient glory. Trump conjured up a grandiose vision of the American past, almost as grandiose as his image of himself. The Shah had a similar vision. He wanted to return Iran to its pre-Islamic era of imperial grandeur, so that he could strut around in the robes of an ancient emperor.
Neither egomaniac succeeded in remaking his country into a replica of the bygone mythical days of yore. And neither succeeded in becoming Emperor-for-Life. Both ended their rule ignominiously—the Shah when he fled Iran on January 16 1979, and Trump when he was practically dragged out of the White House kicking and screaming in the wake of the January 6, 2021 debacle.
Since Trump was unceremoniously ejected from office, the US has continued on its path of moral, spiritual, cultural, and economic decline. Joe Biden is now even more unpopular than Trump ever was. Neither Trump’s MAGA movement, nor its Democratic opposition, has a clear idea how to set things right.
Iran filled the void left by the departure of its Shah with considerably more success, thanks to the genius of Imam Khomeini, leader of the 1979 Islamic Revolution and founder of the Islamic Republic. Ruhollah Mostafavi Musavi Khomeini (b. 17 May 1900, d. 3 June 1989) was a brilliant and highly accomplished religious scholar whose insistence on speaking truth to power gave him the moral authority to lead the uprising against the Shah that ushered in the world’s first Islamic Republic.
Like Trump, Iman Khomeini was at first not taken seriously by the Western establishment. Both expressed views far outside the Western mainstream. Both sounded, to the ears of political experts, naive about the realities of power. Both said things that sounded “crazy” to the experts—often because they expressed or alluded to taboo or unspeakable truths.
But Trump, like Imam Khomeini before him, rapidly accumulated millions of followers thanks to a new communications technology. For Trump, it was Twitter and other social media that allowed him to bypass the gatekeepers of traditional media and broadcast his message directly to the people. In like fashion, Imam Khomeini had bypassed the media gatekeepers by recording messages on cassette tapes, which were copied and recopied as they were smuggled into Iran and passed from hand to hand—an Iranian parallel to the samizdat literature of the former Soviet Union.
Just as almost nobody believed Trump could actually win the 2016 election, likewise almost no-one thought Imam Khomeini could overthrow the Shah and take the reins in Tehran. In both cases, the percolating people-power of peer-to-peer media was invisible to the experts. By the time a slight plurality of American voters in key swing states anointed Trump, it was too late. And by the time an overwhelming majority of Iranians celebrated the return of Imam Khomeini to Tehran on February 1, 1979, it was likewise too late for the CIA to do anything about it.
Both Imam Khomeini and Donald Trump wanted to radically remake their countries. Only Khomeini succeeded. Why? The short answer: Because Trump is a phony, while Khomeini was “the real deal.”
Trump, a narcissist and egomaniac, is in essence an actor permanently stuck in the role of his own inflated self-image. All of his decisions and actions are taken on the basis of their ability to make himself look good in his own eyes and in what he imagines to be the eyes of others. Since a man so wrapped up in himself cannot see much outside of his own puffed-up head, he is likely to act with marked incompetence, because he doesn’t know much about the real world.
Imam Khomeini, in sharp contrast, acted according to the Islamic injunction that one should surrender the self and always do what is right in the eyes of God. An advanced student of Islamic mysticism, Khomeini knew that al-fana’, sometimes translated as “the annihilation of the ego,” is a requisite step before one can experience al-baqa’ , subsistence or permanence in an exalted state close to God. With the lower self out of the way, he could look at earthly as well as scriptural and divine realities and see them for what they were.
Imam Khomeini’s decisions, like Trump’s, often contravened the conventional wisdom of worldly experts and powerbrokers. The difference is that Khomeini acted under the dictum “God is greatest,” while Trump’s motto was “Trump is greatest.” So Khomeini’s decisions, as counterintuitive as they sometimes seemed, were based on worldly and Divine realities and wound up bearing fruit, while Trump’s were usually just plain stupid.
Western experts were shocked and discomfited by Imam Khomeini’s string of successes as he transformed the US-occupied kingdom of Iran into an independent Islamic Republic. They had doubted that Khomeini could ever achieve power, then doubted whether he would last more than a few days. The idea that such a man, with a formation so far outside that of the dominant political class in the West and in Western-colonized lands, could successfully wield the reins of power in a modern state, seemed to them unthinkable. And the idea that a coherent alternative to secular liberalism could not only be proposed and implemented, but might persist, seemed even more unthinkable. And yet today, the Islamic Republic of Iran, founded by Imam Khomeini, forges ahead, not merely enduring but generally moving from success to success, despite the rabid enmity of the most powerful worldly forces on the planet.
The US under Trump, of course, experienced no such success. No wall was built. No swamp was drained. Few manufacturing jobs returned. Cultural and financial corruption continued to fester. The liberal elite oligarchy kept its grip on power. The COVID-19 pandemic exploded and was badly mishandled. Ultimately, Steve Bannon’s dream of replacing secular liberalism with an amorphous traditionalist alternative, with Trump somehow being the catalyst, was stillborn.