Martyr Omar Mukhtar (عمر المختار) : Le lion du désert
Posted by Nidhal on 19 April 2007
نحن لن نستسلم …. ننتصر أو نموت سوف تأتي أجيال من بعدي تحارب الظلم… أما أنا فحياتي سوف تكون أطول من حياة شانقي
« Nous ne céderons jamais, … nous réussirons
ou nous mourons, après moi viendront des personnes qui combattraient
l’injustice…. ma vie sera plus longue que celle de ceux qui me pendent »
Tels
étaient les derniers mots qu’a prononcés Omar Mukhtar devant le
publique qui assistait à sa pendaison. Cet homme qui a passé sa vie à
combattre l’injustice des colons, et des fascistes Italiens, était un
vrai symbole du sacrifice et de la persévérance.
Dans cet article je vais essayer de présenter l’histoire de cet homme, et les enseignements tirés de sa vie.
I Naissance et éducation
Omar Mukhtar est née en 1861 dans le petit village de Janzour à Cyrénaïque( en Arabe Barqah برقه)
en Libye. Dans son milieu tribal il a puisé le savoir auprès des
maîtres soufis de sa région. Il a appris alors le Coran, la langue arabe
et les sciences religieuses. Dès sa jeunesse
il est connu des chefs tribaux par l’excellence de son caractère : un
grand orateur, une aptitude remarquable à diriger les individus et une
modestie exemplaire.
Ces
traits de personnalité lui ont permis de participer avec succès dans
l’élaboration de la paix entre les tribus Libyennes en conflit,
construisant ainsi un grand réseau de connaissances, et prenant une
place de leader dans toute la Libye. Omar Mukhtar n’a pas voulu se
restreindre à sa tribu mais il a fait l’effort de s’ouvrir aux autres
factions de son pays, sculptant ainsi ses traits de caractère et
profitant de l’expérience des hommes, des femmes qu’il a rencontrés.
A
travers cette conduite, on perçoit l’importance de l’ouverture sur les
autres. Ce n’est pas en se repliant sur sa communauté qu’on peut réussir
dans la société dans laquelle on se trouve. Certes notre confession,
nos origines peuvent influencer notre rapport à la vie et avec autrui,
mais ce n’est pas une raison pour se fermer sur soi. La civilisation
Arabo-Musulmane n’a pu excellé qu’en s’ouvrant aux savoir des grecques
des indiens et des chinois. C’est en créant une société solidaire où
l’individu a la liberté de créer indépendamment de sa religion ou de sa
race qu’on a pu voir les savants persans, les médecins juifs et les
poètes Arabes travailler ensemble afin de bâtir notre civilisation.
C’est aussi en s’ouvrant aux autres tribus qu’Omar Mukhtar a pu
rassembler les hommes de son pays dans son combat contre l’injustice et
l’occupation Italienne. Et c’est en s’ouvrant aux autres communautés qui
constituent la toile du pays dans lequel on se trouve qu’on peut bien
réussir, et montrer le vrai visage de notre culture Arabo-Musulmane et
ses valeurs qui appellent à l’excellence au respect et à la tolérance.
II. Les premières batailles contre les Italiens
Jusqu’en
1911 la Libye est restée le dernier bastion Ottoman au nord d’Afrique :
l’Algérie et la Tunisie passent successivement sous la domination française en 1830 et en 1881 , ensuite la l’Égypte tombe sous la main
des Anglais en 1882. Dans cet environnement hostile un sentiment
d’appartenance à la culture Arabo-Musulmane monte chez les chefs tribaux
Libyen, Omar Mukhtar se prépare alors à d’éventuelles hostilités contre
son pays, en consolidant ses relations avec ses compatriotes, et en
participant dans le mouvement de résistance contre l’invasion française
au centre d’Afrique en 1899. Ce n’était pas donc une surprise qu’Omar
Mukhtar a pris le flambeau de la résistance dès les premiers
bombardements Italien sur les côtes Libyennes le 19 octobre 1911 et
après l’appel général à la résistance lancé par le chef religieux de
l’école soufis des snoussis répondu dans tout le pays, Ahmed Charif. Dès
lors Omar Mukhtar se place à la tête d’une guérilla et combat avec
bravoure les envahisseurs. Certes la balance n’était pas en faveur des
libyens et surtout après le départ des turques en 1912 mais la foi le
courage et la force qu’a pu enraciner le lion du désert dans le coeur de
ses hommes lui ont permis de remporter des batailles importantes comme
la bataille du jour du Vendredi le 16 mai 1913 et la bataille de
Bouchamal le 6 octobre 1913. A travers son bravoure cet homme âgée
jusqu’ici de la cinquantaine nous enseigne que la résistance est un
devoir et une fierté à chaque personne indépendamment de son âge et de
sa situation. Le lecteur peut affirmer que de nos jours la colonisation
militaire, n’est plus d’actualité (mis à part quelques pays comme
l’Irak et la Palestine ) et donc quel est l’intérêt de parler de
mouvement de résistance, mais personnellement je trouve que c’est
réducteur de se limiter à l’aspect militaire de la question. L’aspect le
plus dangereux de la colonisation est l’aspect culturel. Personne ne
peut nier que la culture Arabo-Musulmane comme d’autres cultures subit
l’invasion occidentale, sur tout les plans.
Notre
manière de nous habiller, nos moyens de divertissement, et même notre
manière de vivre s’occidentalisent. Les textes et les personnages
fondateurs de notre culture sont de plus en plus remis en cause et pour
clore le tout une poignée de personnes qui se disent appartenir à notre
culture et qui se proclament ses fervents défenseurs menacent de mort
tous ceux qui nous portent critiques. On peut dire qu’Omar Mukhtar a
porté les armes devant les envahisseurs, mais si on réfléchit, le lion
du désert n’a combattu les Italiens que par leurs propres armes, et donc
on doit combattre l’invasion culturelle par ses propres armes. Une
personne qui a une vision sombre sur notre culture et notre histoire et qui l’exprime dans plusieurs articles et livres,
ne doit pas recevoir des menaces mais doit recevoir des écrits qui
démentent ce qu’il a prétendu et qui montrent les valeurs nobles de la
culture Arabo-Musulmane. Un effort de production et de créativité est
demandé aux individus appartenant à notre civilisation afin de renouer
avec l’excellence ce qui permettra de se protéger
contre cette « nouvelle » forme de colonisation et de préserver la
diversité culturelle dans le monde. Mes propos ne signifient pas qu’on
doit rester fermer sur soi bien au contraire, il faut s’ouvrir aux
autres tout en gardant sa spécificité et en améliorant ce qu’il y a de
mauvais en soi.
Pendant
la première guerre mondiale Omar Mukhtar et sous les ordres de Ahmed
Charif conduit ses troupes en Égypte pour combattre les Anglais, mais
malgré quelques victoires la méconnaissance du terrain n’a pas permis au
lion du désert de combler la différence de forces comme il le faisait
dans son pays. Suite à cette mésaventure le chef religieux Charif
quitte le pays pour la Turquie et il est remplacé par Idriss Snoussi qui
commence une politique de rapprochement avec les Italiens. Il signe
avec eux une convention leurs donnant une partie du pays. Cette nouvelle
politique n’a pas plu à
Mukhtar qui prend en charge le mouvement de résistance. Le nom de notre
personnage devient le symbole de l’union et la fierté de tout les
Libyens. Ses frappes faisait mal aux intérêts des Italiens en Libye ce
qui poussa ces derniers à essayer de corrompre notre homme en août 1922
avec un très beau salaire de belles maisons et des terres. Omar Mukhtar
cet homme de 60 ans qui a tant donné pour son pays va- t- il accepter
de mener la belle vie de profiter de ces délices et de suivre le chemin
de plusieurs des chefs tribaux et religieux de son pays? Non, le lion
du désert ne vend pas ses principes. Certes il va souffrir et il va
risquer sa vie mais c’est un porteur de messages. Ce qui l’anime est la
volonté de combattre l’injustice coloniale. Sans cette résistance il
savait que le peuple Libyen va perdre son pays mais aussi sa liberté et
donc ses ressources humaines et matérielles. Il est vrai que la vie
dans nos pays est plus difficile que celle des pays européens, on a
moins d’opportunités, mais Omar Mukhtar nous apprend le sens du
sacrifice. A l’instar du lion du désert il faut prendre les armes, les
armes du savoir pour développer nos pays et préserver notre culture et
nos valeurs pour le bien de l’humanité entière.
III. Omar Mukhtar et les fascistes :
En
Octobre 1922 les fascistes prennent le pouvoir en Italie. Le mouvement
de la résistance Libyen prend un autre tournent. Ces nouveaux
colonisateurs annulent tous les accords entre l’Italie et les Libyens,
et partent à la conquête du reste du pays. Bien que la balance des
forces penchait incontestablement du côté fasciste mais cela n’a jamais
démotivé le Lion du désert, il savait que ce qui permettait au mal de
triompher était l’inaction des gens du Bien. Le réalisateur Moustapha
Akkad , à travers son film Omar Mukhtar a bien montré le quotidien des
résistants et a dessiné le tableau de leurs bravoures et leurs exploits.
Une des batailles qu’a montré ce film et qui m’a marqué est celle où le
lion du désert et ses hommes ont pu détruire tout un groupe de
militaires fasciste, bien armé. Tout les soldats étaient morts dans la
bataille, sauf un. Omar Mukhtar va t il tuer ce soldats comme le fait
les nouveaux maître de l’Italie avec les libyens? Non, ce ne sont pas les valeurs que défend le lion
du désert. Il l’a libéré et lui a rendu le drapeau Italien. Le problème
n’était pas les Italiens ou L’Italie mais la colonisation fasciste.
Malgré les difficiles victoires qu’a emportés
le régime de Mussolini , celui ci est resté sous le feu des résistants.
Les Italiens décident d’entrer dans des négociations avec Omar Mukhtar
en juin 1929. Ce dernier accepte pour essayer de limiter la souffrance
de la population prise comme bouc émissaire par les fascistes. Mais lors
des conversations il remarqua que ses interlocuteurs n’étaient pas
sérieux et qu’ils essayent de nouveau de le corrompre. Mais le lion du
désert était toujours aussi ferme : on pouvait tout tuer sauf la volonté
des peuples à être libres.
Les
combats continuent avec autant de ferveurs ce qui poussa Mussolini à
mettre le terrible maréchal Graziani à la tête des troupes en Libye. Il
prendra des mesures très sévères envers toute la population en fermant
les frontières du pays, en bâtissant des prisons dans toute les régions,
et en exécutant dans des village à la manière Romaine le un dixième des
hommes pris au hasard. Les forces de ce sanguinaire ont aussi réussi à
conquérir des régions stratégiques comme alkafra, ce qui a affaibli
considérablement le mouvement de la résistance.
Le
11 septembre 1931, alors qu’il est âgé de 69 ans le lion du désert
tomba sous la main des Italien pendant la bataille. Celui qui tant donné
pour défendre son pays et ses valeurs, fatigué par ses années de
résistance par son âge et par la maladie tombe de son cheval, mais il
tombe pour se relever et marquer à jamais son nom dans l’histoire des
grands hommes et des figures phares de notre civilisation. Il tombe de
son cheval mais il reste fier de ce qu’il a fait. Il savait bien les
graines qu’il a semé vont un jour germer, pour le bien de son pays.
Le
maréchal Graziani jusqu’ici critiqué en Italie puisqu’il n’a pas pu
arrêter les attaques des résistants, décide d’interrompre ses vacances à
Paris et d’aller personnellement à la rencontre du Lion du désert. Dans
son livre « Barqah calmé » le fasciste dit en décrivant la première
rencontre avec Omar Mukhtar: « Je voyais en Omar des milliers de
résistants … Il m’a semblé que l’homme qui était devant moi n’était pas
comme les autres, il avait une présence, un charisme. »
Le
maréchal tente de nouveau de corrompre Omar Mukhtar pour qu’il ordonne
aux résistants de jeter leurs armes, mais ce dernier refuse comme il
l’a toujours fait. Il savait très bien que sa vie est le symbole et la
lumière qui guidera ses compatriotes vers leur liberté. Certes il va
descendre du train de la vie mais ses enseignements vont perdurer dans
l’histoire. Sa ténacité et ses principes lui ont prévalu un grand
respect de tous ceux qui l’ont côtoyé même ses pires ennemis. Graziani
rajoute dans son livre « Quand il s’est mis debout pour repartir en
prison son front brillait comme si une lumière l’enveloppait, mon coeur
battait très fort, mes lèvres tremblaient et je n’ai pas pu dire un mot.»
Le
15 septembre le lion du désert est condamné à mort et le lendemain il
est pendu devant vingt mille des habitants de Barqah et des prisonniers
politiques venus voir leurs chefs tombé en martyrs. Le corps de ce
grand homme tombe mais ses principes s’élèvent dans les coeurs de tout
ceux qui croient à la liberté et la justice humaine.
Sidi
Omar Mukhtar, comme aimaient vous appeler les libyens qui vous ont
côtoyé, votre vie était plus longue que celle de ceux qui vous ont
pendu. Elle est restée porteuse d’enseignements. Vos sacrifices nous
rappellent nos devoirs envers notre civilisation et notre culture. Votre
ouverture d’esprit enracine en nous la volonté d’aller vers les autres
cultures afin d’instaurer un dialogue équitable. Sidi Omar vous êtes
entré dans l’histoire par sa grande porte et vous allez y rester pour
longtemps comme figure phare de notre civilisation.
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