BHL BECOB & ESCLAVAGISME - Saïd Branine - De Kant aux surgelés Picard
Saïd Branine
Bernard-Henri Lévy : de Kant aux surgelés Picard
Au rayon
des livres ostracisés par des médias devenus des succursales de trusts
industriels, l’ouvrage « Une imposture française », de Nicolas Beau
(journaliste au Canard Enchaîné) et Olivier Toscer (du Nouvel
Observateur) paru récemment aux éditions Les Arènes, sera disposé en
tête de gondole. Dans ce pays où une caste de journalistes
psalmodie en boucle la ritournelle de la liberté d’expression, le
fait même de dévoiler quelques vérités ornées de savoureuses vilénies
sur l’écrivassier Bernard-Henri Lévy, suffit à vous rendre aussi
infréquentable qu’un poulet atteint du virus H5N1, auprès de ces
courtisans de basse-cour médiatique.
Au rayon des livres ostracisés par des médias devenus des succursales de trusts industriels, l’ouvrage « Une imposture française », de Nicolas Beau (journaliste au Canard Enchaîné) et Olivier Toscer (du Nouvel Observateur) paru récemment aux éditions Les Arènes,
sera disposé en tête de gondole. Dans ce pays où une caste de
journalistes psalmodie en boucle la ritournelle de la liberté
d’expression, le fait même de dévoiler quelques vérités ornées de
savoureuses vilénies sur l’écrivassier Bernard-Henri Lévy, suffit à vous
rendre aussi infréquentable qu’un poulet atteint du virus H5N1, auprès
de ces courtisans de basse-cour médiatique. Ne touchez surtout pas aux
idoles, la malédiction médiatique s’abattra sur vous :
« Ses
innombrables relations dans le monde des affaires ont fait de lui un
intouchable. Plus grave l’écrivain est devenu l’arbitre des élégances de
la presse et des médias en France, distribuant les bons points et
écartant les mal-pensants. Face à lui, des patrons de rédaction parfois
complaisants ou simplement conformistes acceptent ses diktats ».
Les médias ont donc leur sanctuaire avec leurs idoles,
érigées sur les cimes de leur temple par la pratique du renvoi
d’ascenseur, dont BHL maîtrise tous les rouages techniques. Ses
adulateurs se sont adjugés un monopole sur ces émissions mêlant people
et « littérature », qui accueillent notamment des incultes du showbiz
qui n’ont rien à dire, si ce n’est de communiquer à des téléspectateurs
dénués de sens critique, le titre et le prix de leur livre écrit par
d’autres.
Objet d’une vénération vénale par ces flagorneurs
journalistiques, la statuette BHL sait combien cette fidélité mercantile
que lui vouent ces plumitifs d’holding industriels est le meilleur gage
de son invulnérabilité.
« Il suffit de trouver dans
chaque rédaction des affidés qui lui doivent tous quelque chose
(complément de salaire, position sociale, honneur quelconque)... et de
les activer au gré de ses besoins promotionnels. Du clientélisme
classique appliqué à la gent intellectuelle. »
Entre deux grattements du torse, l’homme à la chemise
débraillée qui entonne son homélie moralisatrice aux quatre coins du
monde refuse la contradiction, et se révèle un maître-censeur :
« Bernard-Henri
Lévy contrôle tout ce qui s’écrit sur lui ou sur ses proches (...) La
censure béachélienne dans la presse française ne passe pas toujours par
les liens d’argent. Dans les médias, Bernard- Henri Lévy passe- à tort
ou à raison- pour une vache sacrée que peu de patrons de rédaction, de
gauche comme de droite , osent défier. »
Depuis des palaces parisiens, le magnat de la
philosophie somme avec une solennité condescendante les musulmans à
accepter le droit à la critique de leur religion, mais ne tolère aucune
observation sur sa personne qu’il a littéralement sacralisée au point
d’exiger le licenciement d’une journaliste du magazine Elle
qui a osé égratigner l’icône. Devant les pratiques staliniennes de
notre penseur hexagonal, le plus hirsute et le plus rustre des talibans
fait figure de référence démocratique. Il est plus périlleux en France
de caricaturer BHL que le prophète Mohammed. :
« Le
jour même de la publication, le responsable des pages livre du magazine
féminin entre dans le bureau de Serge Raffy, alors directeur de la
rédaction de l’hebdomadaire. Il est embêté : « On me demande de virer
Céline »
La saga du muscadin de la philosophie quelque peu
défraîchi peut se poursuivre. Elle est libellée à grands coups de
critiques obséquieuses commandées en colissimo avant chaque parution de
ses opuscules, où il badigeonne laborieusement sa pensée fluette, vendue
comme un sommet de la réflexion grâce au miracle du marketing
littéraire. Parmi les nombreuses révélations du livre de Nicolas Beau et
Olivier Toscer, on apprend que BHL détient une partie du capital des
surgelés Picard. L’implication de BHL dans la congélation peut
surprendre, mais elle n’est en rien antinomique avec sa démarche
philosophique. On peut même y déceler un point commun. Peut-être est-ce
au sein du groupe Picard que réside le secret de sa réflexion chétive.
S’inspirant des recettes de l’industrie agro-alimentaire, la philosophie
de BHL particulièrement allégée en concept est sans doute calquée sur
le mode de production des surgelés Picard allégés en calories.
Mais l’écrivain-affairiste qui a contribué à la
désertification conceptuelle de la philosophie, a entrepris auparavant
la déforestation du Bénin selon le témoignage du chroniqueur Guy Carlier
rapporté par les auteurs. Ce dernier « a été plusieurs
années durant un collaborateur très proche d’André, le père de
Bernard-Henri Lévy. Il exerçait alors la profession de directeur
financier de la BECOB, la société de la famille Lévy spécialisée dans le
commerce de bois. »
Selon Nicolas Beau et Olivier Toscer, Bernard-Henri Lévy
est très impliqué dans la Becob depuis le début des années 1980. Il
s’occupe d’abord de communication interne, puis siège très
officiellement comme vice-président du conseil de surveillance quelques
années plus tard. Guy Carlier souligne à ce sujet :
« A
ceux qui pourraient penser que nous vivons une époque étrange, ou un
philosophe procède à l’oraison d’un marchand d’armes, je répondrai que
Bernard- Henri Lévy n’est pas un philosophe. C’est également un mondain,
un pilleur de forêt africaine, un opportuniste... ».
Quant aux conditions de travail des employés gabonais de
la BECOB, une ONG britannique, le Comité Inter-Association Jeunesse et
Environnement (CIAJE) a établi un rapport accablant pour notre amateur
de surgelés :
« Les travailleurs (...) se contentent des
ruisseaux et rivières pour s’alimenter en eau ( ...) Ces travailleurs
sont exposées aux maladies car cette eau est polluée par des poussières
d’une autre substance (...) Les travailleurs sont logés dans des niches
mal aérées (...) Les travailleurs étant considérés comme des
semi-esclaves, rien n’a été organisé dans le sens de leur épanouissement
(...) »
Le boursicoteur est-il un philosophe du néant ? Voilà
une question métaphysique qui mettrait en panique tout candidat à
l’épreuve de philosophie du BAC, mais à laquelle Bernard-Henri Lévy peut
répondre en barbouillant une dissertation en un temps record, avec en
guise de conclusion des conseils en placement sur le marché monétaire
destinés au correcteur. Ce philosophe-actionnaire est en effet un squale
de la finance, réécrivant à sa manière une nouvelle version du Capital
de Karl Marx. Notre vendeur de surgelés amoureux des arts, des chiffres
et lettres est un redoutable boursicoteur qui ne semble pas soumis aux
aléas de la spéculation financière.
Un chapitre du livre relate cet épisode au cours duquel
l’écrivaillon du CAC 40 perd plus de 2 millions d’euros après voir
confié cette somme à la société Etna Finance : « Dans la débâcle, Bernard-Henri Lévy perd plus de 2 millions d’euros ; Il est fou furieux : Derrière sa façade d’intello, explique Parent, le patron d’Etna Finance, c’est un allumé de l’argent, totalement obsédé par cela. » Quand les pertes commencent à s’accumuler, toujours selon le patron d’Etna Fiance, le boursicoteur affolé appelle « dix
à quinze fois par jour, et de partout. Il passe des coups de fils
d’Afghanistan ou de Marrakech, argumentant marchés à terme avec une
aisance déconcertante ».
Et lorsque le golden boy BHL dilapide ses petites
économies, il exige aussitôt d’être remboursé en recourant à son arme
favorite : la menace au licenciement. Claire Arfi gestionnaire de ses
fonds témoigne :
« Je gérais le compte Finaquatre de
M. Bernard- Henri Lévy et j’avais pris des positions sur le marché
obligataire américain dont les cours ont chuté brutalement » dira-elle
au juge. Mais devant les menaces verbales de Bernard-Henri Lévy de me
faire perdre mon emploi et malgré l’avis contraire de mon patron, j’ai
préféré le rembourser. »
« Une imposture française »
déboutonne un peu plus la chemisette blanche de BHL achetée à 350 euros
l’unité. Un costume de scène indispensable à l’entretien de sa légende
de bohème emphatique. Mais tout en déboutonnant sa tenue mystificatrice,
la succulente estocade de Nicolas Beau et Olivier Toscer le rhabille
chaudement pour plusieurs hivers, ce qui est particulièrement utile
quand on navigue comme BHL dans le secteur de la congélation.
Bernard-Henri Lévy : de Kant aux surgelés Picard
9 mars 2006
par Saïd Branine
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