Friday 3 August 2018

KLIOKINOL QUI TUE! Médicaments utiles, inutiles et dangereux. Contraceptifs. Pr. Debré et Even. Dr. Henri Pradal

RETURN TO NATURAL HEALING AND ABOLISH BIG PHARMA!

WESTERN CORPORATIONS HAVE A POLICY OF POISONING THE PEOPLE, AND THEN GIVE THEM "MEDICINE" TO POISON THEM FURTHER - ALL FOR PROFITS! 
 

Depuis décembre dernier, le Pr Jean-François Bergmann n'est plus vice-président de la commission des autorisations de mise sur le marché (AMM), supprimée dans la foulée du scandale du Mediator. Il a retrouvé sa liberté de parole et en use. C'est l'heure, aussi, des remises en question personnelles.

L'affaire de l'anti-diabétique du laboratoire Servier a sonné la fin de son mandat. Le 20 décembre dernier, le Pr Jean-François Bergmann a cessé de siéger à la commission d'AMM, dont il a assuré pendant douze ans la vice-présidence. 

L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a en effet supprimé cette instance, accusée de tous les maux. 

Toujours chef du département de médecine interne à l'hôpital Lariboisière à Paris, le médecin revient pour la première fois en profondeur sur les dérives du système de surveillance français, dans une interview accordée à Laurent Simon, du mensuel Pharmacien de France

Le Mediator, les pilules contraceptives de 3e génération, les conflits d'intérêt avec les laboratoires, le poids du lobby pharmaceutique, les génériques: le Pr Bergmann n'élude aucune question.  

> L'Express reprend ici l'essentiel de cet entretien, publié dans son intégralité dans le numéro de février de la revue destinée aux pharmaciens d'officine. 
Le Pr Jean-François Bergmann est l'ancien vice-président de la commission des autorisations de mise sur le marché (AMM).

Quand le Dr Henri Pradal avait sorti, en 1973, son Guide des médicaments les plus courants, il en avait écoulé 700 000 exemplaires. Le succès de ces ouvrages ne se dément donc pas depuis quarante ans?

Qu'attend-on de ces guides? Une hiérarchisation qualitative, un peu comme le Guide Michelin. Quand il s'agit de sa propre santé, le grand public adore cela. Les gens n'entendent rien aux améliorations du service médical rendu (ASMR) de la Haute Autorité de santé (HAS). C'est pourtant son rôle de véhiculer l'information et non pas celui d'autres structures comme les laboratoires ou l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), dont ce n'est pas la mission première. J'ai demandé à Jean-Luc Harousseau, président de la HAS: 'A quand le Debré et Even version publique?' mais cela représente énormément de travail et c'est un travail risqué. Regardez le British Formulary, actuellement dans sa 64e édition: c'est une production indépendante du Collège anglais de médecine, écrit avec un comité d'experts. Ils font des choix clairs par thérapeutique. 

Où en est le Formulary à la française? Vous avez lancé un appel en octobre 2012 avec quatre autres professeurs pour ce faire.
Nous sommes partis la fleur au fusil, mais notre bras a fini par trembler. C'est un boulot énorme et personne ne veut s'y coller. Les auteurs seront à la merci des lecteurs, en particulier des industriels. Ce serait pourtant un travail intéressant pour les prescripteurs et les malades. 

Selon vous, le nombre de spécialités sur le marché pourrait être divisé par quatre, pour arriver à 1000. Est-ce réalisable?
Je me fiche du nombre de médicaments sur le marché. Qu'ils restent tous! Si un industriel veut mettre un 23e bêtabloquant sur le marché, qu'il le fasse. Mais, dans ma pratique quotidienne, je n'ai besoin que d'un choix restreint de spécialités pour soigner correctement. La Finlande a décidé de ne garder sur le marché qu'un médicament par classe et de supprimer les moins bons au fur et à mesure de l'arrivée de meilleures molécules. Cela a été catastrophique. (Voulant dire quoi, patate???) Plus personne ne faisait de recherche, les malades étaient insatisfaits et cela a entraîné une course à l'échalote: le premier arrivé sur le marché obtenait un monopole de fait. C'était une situation stalinienne. 

L'abondance peut aussi nuire: mettre sur le marché des contraceptifs de 3e et 4e génération était-il réellement indispensable?

Le problème de ces pilules est simple quand on le résume mais complexe en réalité. Pourquoi ont-elles été un succès commercial? "Naturelles", "moins dosées", le positionnement marketing a évacué le problème des thromboses sans qu'aucun contrepoids ne l'ait réintroduit. C'était l'argument massue, véhiculé par Elle, Marie Claire et consorts, que les femmes attendaient: moins d'acné, moins de prise de poids, moins de tensions mammaires. De là vient leur succès. Face à ces avantages, un risque de thrombose multiplié par quatre ne pèse pas lourd chez une jeune patiente. Le contre-pouvoir réside dans un message clair: ces pilules devaient être prescrites en seconde intention. Le contrôle des prescriptions des médecins aurait encore une fois été très utile. Le Mediator a prouvé à tous que le système de pharmacovigilance était un véritable gruyère, les pilules en sont le dernier exemple. 133 cas de thromboses déclarés? Il y en a probablement cent fois plus! 

C'est le Mediator, dont vous avez maintenu l'AMM au sein de la commission dont vous étiez le vice-président, qui a provoqué cette réflexion?

La valvulopathie était peu connue, cachée et apparaissait cinq ans après le début du traitement. Avec la sous-déclaration de ce genre d'effets indésirables et la mauvaise volonté du laboratoire, tous les ingrédients étaient réunis pour que rien ne se passe. La pharmacovigilance ouvrait de temps en temps son grand livre poussiéreux et notait un cas à Toulouse, un cas à Marseille... Tout le monde dormait tranquille. Le laboratoire nous a enfumés et la pharmacovigilance nous a endormis. Je m'en veux de ne pas avoir senti tout ça, en 2007, et appelé à une grande étude prospective. Il fallait du nez: à ce compte, pourquoi ne pas croiser la consommation de Toblerone et les entorses de chevilles? 

Je vais vous raconter une histoire: il y a quelques années, en plein été, les patients nous rapportent que le Viracept avait une odeur inhabituelle. Une erreur de fabrication avait mené à la présence d'un toxique dans le médicament à 400 fois la dose admissible! Et là je parle des laboratoires Roche et non d'un obscur génériqueur indien. En plus, ce médicament était donné aux femmes enceintes. Il y avait donc un risque de malformation foetale: panique à bord. C'était en réalité une fausse alerte: il n'y avait pas de risque toxique! (QUI MENT???) On s'est excité comme des puces, on a alerté les prescripteurs, pisté toutes les femmes enceintes... tout cela pour rien.  

Pour une fausse alerte, combien de "vraies"? 

La notification événement par événement est un leurre parce que nous bénéficions aujourd'hui d'outils prospectifs beaucoup plus performants. Pour reparler de Servier, ce non-médicament qu'est le Vastarel a été accusé de provoquer des syndromes parkinsoniens. Une étude maline a été faite: on a suivi des nouvelles prescriptions de Vastarel et on a observé chez ces patients l'apparition de Modopar, traitement du Parkinson, sur les ordonnances. Joli, non? C'est là où on s'en veut sur le Mediator: le laboratoire n'a jamais admis la similitude pharmacologique entre l'isoméride et le benfluorex. Si cette dernière avait été considérée dès le départ comme une amphétamine-like, nous aurions enquêté sur les valvulopathies


Il est écrit noir sur blanc dans la notice que les pilules augmentent le risque de thrombose. La patiente ne peut donc pas dire que l'information était cachée, même si son médecin ne le lui a pas dit. C'est parole contre parole, cela ne peut déboucher sur rien. Il faudrait démontrer que l'industrie a menti sur le nombre de thromboses, ce qui ne me semble pas évident; la sous-notification est évidente, mais ne pourra pas générer d'indemnisation. 
Vous avez été démissionné le 20 décembre dernier de la commission d'autorisation de mise sur le marché (AMM) de l'ANSM dont vous avez été vice-président pendant plus de dix ans. Pour quelle raison?

L'Agence n'a plus de commission d'AMM, elle a été remplacée par d'autres commissions, chargées de l'analyse des nouvelles AMM et la révision des anciennes. Je me sens coupable de ne pas avoir pu faire tout ce que je dis, mais je me suis battu comme un fou. Pourquoi suis-je resté? Parce qu'on ne peut arrêter une mission en cours même en cas d'ennuis, même en cas d'insatisfactions. L'évaluation des médicaments, c'est mon truc: la moitié des évaluateurs de l'ANSM sont mes élèves. C'est une fonction que j'occupais bénévolement, par militantisme: j'ai parfois eu gain de cause et parfois non. Le fait est que, dans les nouvelles commissions, il faut être vierge de conflits d'intérêts avec l'industrie, ni lien financier, ni coordinateur d'essai clinique, or je cumule les deux. Et j'en suis fier. Je ne pouvais pas arrêter mon travail de recherche pour les beaux yeux de l'ANSM. 

Le Leem, syndicat des industriels, participait jusqu'à peu aux commissions d'AMM. N'y avait-il tout de même pas besoin d'une vraie réforme?

Franchement, le Leem n'était pas gênant, ils étaient d'une discrétion absolue. C'est bien mal connaître l'expertise que de croire que sa présence m'aurait amené à dire du bien d'un médicament si je pensais l'inverse. Il n'y a aucun exemple de médicaments où des conflits d'intérêts auraient mené à une mise sur le marché alors qu'elle n'aurait pas dû avoir lieu. Que les laboratoires nous aient caché des choses, - Vioxx, Mediator... -, que l'on ait pu être somnolent ou manquer d'acuité, je l'admets. Mais une décision viciée par un lien d'intérêt, je ne peux pas vous en citer une. 
Est-ce que le problème des conflits d'intérêts ne s'est pas tout simplement déplacé au niveau européen au sein de l'European Medicines Agency (EMA)?

C'est beaucoup plus simple d'avoir une AMM européenne en 2013 qu'une AMM française en 2000: je vous assure que nous étions beaucoup plus exigeants. Tous les médicaments qui arrivent à l'EMA ont l'AMM. L'EMA est une chambre d'enregistrement sécuritaire, un peu comme les Mines pour une voiture. Même une Trabant passera les Mines! Pour la plupart des pays, l'AMM ne représente pas grand-chose. Les Pays-Bas, par exemple, sont peu restrictifs parce que dans ce pays les médecins sont lents et attendent avant de prescrire des nouveautés d'avoir suffisamment de recul. En France, une nouvelle AMM équivaut à une incitation à prescrire. 

Les génériques introduisent-ils un contrepoids suffisant à cette fuite en avant?

Je suis pharmacologiquement très pro-générique, ce sont des produits de qualité, mais il y en a certainement trop parce que le marché ne s'est pas encore régulé. En Angleterre, il n'y a que quatre ou cinq génériques par molécule. En revanche, les prix sont beaucoup trop élevés, tout cela pour ménager la marge du pharmacien. Or tout ce qui est versé aux pharmaciens est également pris à la Sécu. On pourrait imaginer des génériques à 20% du prix princeps, pourquoi pas? 

Reste que les patients ne veulent pas toujours des génériques...
Quand un patient, à cause de la mesure tiers-payant contre génériques, se retrouve contraint de prendre du valproate à la place de son Depakine habituel, il s'inquiète, dort moins bien, boit peut-être un peu pour se détendre et, parfois, crise. Les crises sous valproate ou les insomnies sous zolpidem ne sont pas une vue de l'esprit mais ne sont pas liées à la qualité des génériques. Mon message est simple: convainquons les prescripteurs avant de convaincre les malades. Je vous rappelle qu'il y a souvent autant de différences entre deux lots d'un même princeps qu'entre le princeps et ses génériques.  

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