Interview 

Maryam Ramadan: «Je ne défendrais pas mon père si je pensais qu’il était un violeur»

La fille aînée de l’islamologue suisse, mis en examen et incarcéré depuis le 2 février en France, explique le combat de sa famille pour faire libérer son père
Maryam Ramadan, 31 ans, née à Genève mais qui réside habituellement au Qatar, a répondu aux questions du Temps samedi 19 mai alors qu’elle venait, avec sa mère, de rendre visite à son père détenu provisoirement à l’hôpital carcéral de Fresnes. La Cour d’appel de Paris doit se prononcer ce mardi sur une demande de libération de l’islamologue accusé de viol, suite à un précédent refus, le 4 mai.

Lire aussi: La défense de Tariq Ramadan fait peau neuve à Genève
 
Le Temps: Vous sortez d’un parloir avec votre père. Dans quel état se trouve-t-il?
Maryam Ramadan: Nous sommes contents de pouvoir le voir, parce que pendant quarante-cinq jours, à compter de sa mise en détention provisoire début février, on était resté sans nouvelles. C’est par la presse qu’on a appris qu’il avait été admis plusieurs fois en urgence à l’hôpital. Cette période a été très difficile. Là, on peut enfin lui rendre visite, ma mère et moi, trois fois par semaine. On en est heureuse, mais c’est aussi très bouleversant. Physiquement, mon père va mal, il a beaucoup maigri. Il est atteint, comme nous le savons dans la famille depuis 2014, d’une sclérose en plaques. Lui qui est entré en prison en marchant normalement est maintenant handicapé et doit s’aider d’un déambulateur pour se déplacer. Il a de constants et violents maux de tête, de la peine à se concentrer. Il a des crampes insupportables dans les jambes qui le réveillent la nuit et qui l’empêchent de dormir plus d’une ou deux heures. La prise de nombreux médicaments le laisse vaseux. Son état de santé se détériore de jour en jour.